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che, le mouvement sera inverse. Si au contraire, dans l'un ou l'autre cas, il faut fe remettre en ordre de marche, les pieces & les caiffons exécuteront les mouvemens indiqués par la Figure 7, qui eft fi fimple, qu'elle n'a pas befoin d'une explication plus détaillée. Si le mouvement doit s'exécuter par la gauche, il fera inverse. Si le nombre des pieces & des voitures étoit plus confidérable & de différens calibres, il eft facile d'imaginer qu'on exécuteroit ces mouvemens par le même méchanifme. Dans ce cas les caiflons doubleroient fur leurs calibres; mais il ne faut pas perdre de vue que ces difpofitions ne font que préparatoires, & que, dans le cas où il faudroit exécuter l'Artillerie, il faut chercher à couvrir les chevaux & les munitions, ainfi qu'il a été dit. Si la marche eft de front, le canon de pofition fuivra celui de Régiment, ou le peloton en arriere, ou en avant duquel il fe trouvera, fi toutefois il doit être placé dans la ligne; autrement il déployeroit en avant ou en arriere, suivant les circonftances. Soit qu'on se déploie par la droite, par la gauche, ou par le centre, l'Artillerie ne peut jamais fe déployer que de l'un ou de l'autre côté, tou

tes les fois qu'elle eft à la tête ou à la queue des Troupes, ce qui retombe dans les deux premiers cas, ainsi qu'il eft représenté par la Figure 4.

Enfin fi une difpofition obligeoit de réunir huit pieces de canon, plus ou moins, fur un point où l'on voudroit résister ou faire effort, & qu'on voulût qu'elles paffaffent, avec les Troupes, de l'ordre en colonne à celui de bataille, elles exécuteront leurs mouvemens dans les marches de flanc ainfi qu'il a été dit; & fi la marche est de front, on doublera les pieces & les caiffons pour les préparer aux déploiemens. Soit que dans les marches, les pieces & leurs munitions aient la tête des Troupes, foit qu'elles en aient la queue, ou enfin que les pieces foient à la tête & les munitions à la queue, il fera également facile, dans l'un & l'autre cas, d'exécuter ce qui vient d'être indiqué d'où l'on peut conclure, que l'Artillerie ne fera plus à l'avenir, ainsi qu'elle étoit autrefois, fans fcience de mouvemens, & traverfant ou embarraffant les Troupes. Il fuffira, pour parvenir à cet ordre fi néceffaire, d'inftruire les Conducteurs de charroi; parce qu'avec le fecours des Officiers & Soldats attachés à cha

que divifion d'Artillerie, c'en fera fans doute affez pour guider les Charretiers dans ce qu'ils auront à faire. Que les Militaires jugent maintenant fi cette théorie de mouvement n'eft pas infiniment préférable à la routine qui, jufqu'à préfent, a eu lieu dans nos Armées (1).

(1) Je ne fuis pas entré dans de plus grands détails fur l'explication des Planches, parce que les Militaires ont affez de connoiflances fur la théorie de la Tactique, pour juger avec facilité des ploiemens & déploiemens de l'Artillerie, qui fe réduisent à sept ou huit mouvemens principaux.

CHAPITRE XI

Rapport de la connoissance des Terrains & de l'eftimation des Diflances avec l'exécution de l'Artillerie.

Si l'on parcourt les annales des anciens

Peuples guerriers, on remarquera qu'ils négligeoient abfolument la fcience de la reconnoiffance des terrains. Mais étoit-ce de leur part l'ignorance ou l'efpece des armes dont ils fe servoient, & leur ordonnance de bataille, plus profonde & moins étendue que les nôtres, qui en étoient caufe? Il faut croire que les armes dont ils faifoient ufage, jointes à la néceffité d'aborder fur toutes les parties du front, & de fe battre corps à corps, leur firent rechercher & préférer les plaines, d'autant plus que l'Infanterie & la Cavalerie y trouvoient à s'appuyer réciproquement. Il paroît donc que les armes des Anciens, ainfi que leur Tactique, ont empêché qu'ils ne miffent leur confiance dans le choix des pofitions, & furtout dans celui des poftes qui ne leur étoient

pas propres; puifqu'ils n'en eft fait mention dans aucune relation des batailles de l'antiquité. Tant que les machines de guerre furent imparfaites, on ne fongea point à les multiplier; mais lorsque l'accroiffement des fciences & des arts eut répandu la lumière, que de bonnes armes fuccéderent aux mauvaises, on les multiplia avec raison. La Tactique devint plus favante, & ce fut fans doute une nouvelle reffource pour le Génie & un pas de plus vers la perfection de l'Art. On eut recours alors au choix du terrain & aux moyens de fe couvrir. Ces reffources furent donc néceffitées par des armes plus parfaites & plus meurtrieres, & loin de faire dégénérer les Troupes, comme bien des gens le prétendent, il est naturel de penfer qu'il les fallut plus braves & fur-tout plus éclairées pour vaincre tant d'obstacles réunis. Ce n'eft que depuis la feconde Guerre Punique que l'on commenca à s'appercevoir que les Romains combinoient leurs difpofitions avec la reffource des terrains. Fabius, fut un des premiers, qui, pour s'opposer aux fuccès trop rapides d'Annibal, chercha des positions, évita de combattre, &, par l'habileté de ses manœuvres, fit triompher Rome de ses

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