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qui eft très-difforme. On voit tous les jours de ces gens-là, & fi on vouloit les interroger, on apprendroit de la plupart. qu'ils ne font devenus tels que par la cau fe que nous difons.. Ce clignotement ou tré & habituel, quand il est ancien., ne fe guérit pas ailément, mais quelque mal aifée qu'en foit la guérifon, elle n'eft pas absolument impoffible; & voici un reme→ de bien fimple pour en venir à bout, s'il y a de la reffource; c'eft d'appliquer fur les paupieres, & autour des paupieres, un petit linge trempé dans du jus de pourpier; ce qu'il faut réïterer plusieurs fois le jour, pendant des mois entiers.

Le clignotement, n'eft pas le feul mał qu'il y ait à craindre en expofant ainfi un enfant à la grande lumiere dès le moment qu'il s'éveille, & qu'on le tire de l'obfcurité de fon berceau; on court rifque de lui affoiblir confidérablement la vûë, & fouvent même de la lui faire perdre. Du temps de Charles-Quint, le Rois de Tunis fut aveuglé par la réverbération d'un baffin luifant qui lui fut mis devant les yeux; Démocrite s'aveugla lui-même, par le brillant d'un bouclier. Théophile le Protafpataire raporte que Denys Tyran de Siracufe aveugloit certains criminels en les tenant dans

dans un cachot où l'on n'appercevoit pas la moindre lumiere, & en les faifant enfuite expofer tout d'un coup au plus grand jour, après qu'ils avoient été un très-long-temps enfermés dans les plus. épaiffes ténebres.

6. Monopie,

Oeil plus petit que

l'autre..

Il y a des perfonnes qui ont un œil fi petit, qu'on diroit prefque qu'elles n'ont qu'un œil ; c'eft ce qui a fait donner le nom de Monopie à cette difformité, & appeller tout de même, du nom de Monope, celui en qui elle fe trouve :: expreffions imitées du grec, dont la premiere fignifie wil unique, & la fe-. conde, qui n'a qu'un œil. Ceux & celles qui naturellement n'en ont qu'un, ou pour parler plus jufte, qu'on fuppofe n'en avoir qu'un, on les nomme auffi Monocules, terme grec qui fignifie pareillement qui n'a reçu de la nature. qu'un œil. On les nomme encore Arimafpes, du nom d'anciens Peuples de

Scy

*Le origini della Lingua: Italiana, compilata dal sign. Egid. Menagio Gentiluomo Francesc. Fol in Geneva, 1636.

Scythie, que quelques Auteurs ont écrit fabuleufement n'avoir qu'un ceil & l'avoir au milieu du front. Mais quoique cette unité d'œil, foit une fiction, & qu'entre les animaux qui voyent, il n'y en ait point à qui la nature n'ait donné qu'un œil, on n'a pas laiffé d'appeller ces Peuples Arimalpes, terme qui en langue Scythique, veut dire, qui n'a qu'un ail, Ari dans cette langue fignifiant feul, & Mafpe fignifiant

il.

Ce qui a donné occafion à la fable dont il s'agir, eft que les Scythes en queftion, paffoient toute leur vie à ti rer de l'arc, & que comme pour bien airer de l'arc, on ferme un œil, tandis que l'autre eft ouvert, ils s'étoient fi fort habitués à ne fe fervir que d'un œil, que l'autre, à force d'être tenu fi fou vent fermé, ne paroiffoit prefque plus. † Ils s'accoûtumoient à cet exercice, dès l'enfance enforte qu'il n'y avoit chez eux ni jeune ni vieux qui n'eût un œil plus petit que l'autre. On voit par-là combien il eft facile de devenir Arimaspe. Les

* Anton.Muret, Opera, Tom. 3, varias Lection.. Lib. 1.3. cap. 8.

† Id. ibid.

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