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cheveux blancs, Il ne faut pas niër cependant, que là caufe fuivante ne puiffe concourir avec celle-là.

On remarque à la racine des cheveux, quand on en arrache quelques-uns, un fuc gluant; ce fuc gluant eft ce qui fert à les nourrir; il eft plus abondant aux perfonnes jeunes; mais dans la fuite de l'âge il fe perd, & alors il peut arriver aux cheveux, faute de recevoir par leurs racines une nourriture fuffifante, ce qui arrive aux moiffons, qui blanchiffent lorfque les racines ne fourniffent plus à la tige, le fuc accoûtumé.

par

Quelquefois les cheveux blanchiffent par l'effet du chagrin, & on a vû de jeunes personnes blanchir tout d'un coup, certains refferremens de cœur ; ce qui peut proceder de la même caufe; parce qu'un grand chagrin fait des épuisemens confiderables, & confume par ce moyen, une bonne partie du fuc nourricier des cheveux. D'ailleurs le chagrin quand il eft profond, rappelle le fang au dedans, & ne laifle de nourriture aux cheveux que la lymphe ou la pituite, ce qui eft cause qu'on a vû quelquefois certaines gens blanchir en une heure par de violens chagrins; les Hiftoires font pleines d'exemples là-deffus.

On

On voit quelques jeunes perfonnes avoir des toupéts de cheveux blancs, tandis que tout le refte de leur chevelure, eft de la couleur ordinaire à leur âge. Cela vient de ce que dans les endroits où font ces toupéts, il fe rencontre un plus grand nombre de vaiffeaux lymphatiques ou pituiteux, lefquels répandent & diftribuent la pituite dont ils font pleins, tandis qu'aux autres endroits il y a plus. de vaiffeaux bilieux.

Au refte, il ne faut pas s'imaginer avec le vulgaire, que la bile foit une humeur malfaifante; c'eft un fuc au contraire, qu'il eft très-important de menager. La bile eft le baume du fang; fans la bile, toute la maffe des humeurs tomberoit en corruption. Il n'importe de quelle couleur foit cette bile, pourvû qu'elle ne dégenère point de fa qualité naturelle, & qu'elle ne foit ni trop liquide, ni trop épaiffe, ni en trop grande ni en trop petite quantité. Après cela, qu'elle foit brune ou claire, jaune ou roufle, ou même tirant fur le noir,, peu importe.

Il en eft des differentes couleurs de la bile, comme des différentes couleurs de la peau. Les uns l'ont naturellement brune, les autres blanche, les autres bazanće,

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zanée, &c. & tout cela, fans que la fanté en fouffre.

On dit quelquefois, en parlant de certaines perfonnes d'une humeur trifte & réveufe, que ce font des perfonnns tra bilaires, c'est-à-dire dont la bile eft noire; mais l'Anatomie n'a point encore confumé ce fait. On peut même avancer que les perfonnes dont la bile eft plus brune, font d'un meilleur tempérament que les autres. C'eft ce qui eft caufe que lorfqu'on choifit une nourrice, on préfere toûjours celle qui a les che veux bruns. Bien plus, c'eft un fentiment affez commun en Medecine, que le lait des vaches noires eft plus fain que celui des autres. Mais ce n'eft pas ici le lieu d'entrer en difcuffion là-deffus. Il fuffit de fçavoir que ce font les différenres fortes d'humeurs, ou fanguines, ou bilieufes, ou pituiteufes, qui font les différentes couleurs des cheveux. Nous ne devons pas oublier ici une remarque que fait le fçavant Spigelius, ee célebre Praticien de l'Univerfité de Bâle, fçavoir que les perfonnes nées de peres trèsâgés, blanchiffent fort jeunes; tandis que celles qui font nées de peres trèsjeunes, blanchiffent fort tard; fur quoi il rapporte le fait fuivant,

Nous

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,,Nous avons vû ici à Bâle, dit-il, deux Profefleurs en Medecine, Felix Platerus, & Thomas Platerus, iffus " l'un & l'autre d'un même pere; mais dont le premier, fçavoir Felix Platerus, étoit venu au monde, fon pere étant encore très-jeune ; & l'autre, fçavoir Thomas Platerus, étoit né de même pere étant très-âgé. Felix parvint à une extrême vieilleffe, & ne blanchit point avant cet âge; Thomas au contraire, plus jeune de quarante & tant d'années, que fon frere, blan chit un grand nombre d'années avant ·2.9. fon aîné *.

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Cette obfervation confirme ce que nous avons dit de la caufe qui rend les cheveux blancs par rapport à l'humeur dont ils font nourris. Felix Platerus né d'un

* Obfervatur & hoc, quod qui à patribus jam fenibus, progenerantur infantes, citiùs quàm alit eanefcant. Hinc duos keic Bafilea, habuimus fratres, Medicina Profeffores, Felicem nimirùm & Thomam Platéros, quorum prior à parente adhuc juvene genitus ante fene&utem decrepitam canus non evafit: pofterior autem, quadraginta & ali. quot annis junior, atque adeò à parente jam fep. tuagenario, pluribus ante fratrem, &tate fuâ mão forem, annis, canus redditus fuit.

Theatr. Praxeos Med. Authore Theodore Zuine gero, Anat. Lot, in Acad. Bafil Profeff. Tom 2. P. 389.

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d'un pere jeune & vigoureux, dont les fucs qui nourriffoient fes cheveux, n'étoient point cette lymphe & cette pituite qui nourrit ceux des vieillards, tint du caractere de fon pere; au lieu que Thomas né du même pere alors extrêmement âgé, dont les fucs étoient cette lymphe & cette pituite, tint tout de même en cela du caractere de fon pere, par rap port à ce fuc nourricier. Il ne faut point d'effort d'efprit, pour fe rendre à cette hypothefe.

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La couleur des cheveux eft une chofe qu'il eft difficile, pour ne pas dire impoffible de changer. Quand ils font blancs de vieilleffe, l'on a coûtume de fe fervir d'un peigne de plomb, pour les brunir. Cet expédient ne corrige pas le fond de la couleur; il ne fait que la déguifer pour quelque temps; & à moins que de recourir fans ceffe au plomb, elle revient toûjours.. Mais nôtre deffein dans ce Livre, n'étant que de parler des difformitez qui furviennent dans l'enfance, ou dans la jeuneffe, nous ne dirons rien de ce qui concerne la maniere de prévenir ou de corriger la blancheur des cheveux, qui furvient dans la vieilleffe.

Nous dirons feulement un mot de celle qui arrive à quelques jeunes perfonnes,

celle

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