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L

la chair des gencives, & la féparent d'a vec les dents.

11. De manger des ragouts compo fés de ciboules, d'ail, & affaifonnemens forts & piquans. On remarque que dans le Poitou, dans la Xaintonge, & l'Angoumois, ou l'ufage de l'ail eft fort fré quent, les habitans ne confervent pas long-temps leurs dents.

12. De fe faire limer les dents, quelque légere que foit la lime; ou de les frotter avec des poudres de corail, & d'autres chofes propres à en ronger l'émail ; car dès qu'une partie de cet émail eft ufée, & que par conféquent l'os qui eft deffous, vient à être exposé à l'air, il faut que la dent périfle.. Il en eft de l'os de la dent comme de tous les autres os du corps; il ne peut être découvert fans fe carier; il arrive quelquefois que cet os femble découvert, & ne l'eft pas parce qu'il y refte encore une petite couche d'émail, , laquelle étant affez mince pour être tranfparente, laiffe paroître la couleur jaune de l'os, comme fi effectivement il étoit nud, quoiqu'il ne le foit pas. Cette petite couche, quelque mince qu'elle foit, fuffit pour conferver l'os qui eft deffous.

13. De négliger de fe laver la bouche après

après les repas, fur-tout fi on y a mangé de la crême, ou autre laitage, & fi on y a mangé des pruneaux, & des fuc creries. Quant au lait, lorfqu'on en use fouvent, il laiffe entre les dents, un fue acide qui les mine peu à peu, & les fait carier; il en eft de même des pruneaux & des fuccreries.

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14°. De mettre fur le vifage, les dro gues que certaines femmes y mettent pour paroître plus belles, & qui les enlaidif fent fi fort, Il fe détache de ces drogues, des particules fubtiles qui gagnent jufqu'aux gencives, & aux dents les corrompent abfolument fans qu'il y ait de reffource. Auffi eft-il rare de voir des femmes fardées qui ayent de belles dents. Il y a plus, c'eft que la plupart des femmes fardées ont l'haleine mauvai fe. Elles n'en croyent rien, parce qu'el les ne fe fentent pas elles-mêmes; & lorfqu'elles voyent leurs femblables exha ler à chaque mot qu'elles difent une mauvaife haleine, elles regardent ce dé faut comme particulier aux perfonnes en qui elles l'apperçoivent. Chacune de fon côté en fait autant; & fe donne bien de garde d'en accufer jamais le fard.

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Il en eft de même des mauvaises dents; mais on trouve moyen de cacher cette

difformité par des dents poftiches, & quand elle eft ainfi cachée, les femmes fe perfuadent n'en être point atteintes ou fi elles ne peuvent fe tromper à ce point, elles mettent toûjours le fard à couvert, il n'eft, à les entendre, coupable de rien.

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Nous avons dit ci-deffus, page. 221. que les cure-dents de plumes déchauf foient les dents, & en enlevoient l'émail nous n'avons rien avancé en cela d'éton nant Le tuyau de plume dont on fait des eure-dents, eft d'une fubftance fort dure, ce qui eft caufe qu'il a beaucoup de reffort comme on le voit en courbant la pointe du cure-dent; car elle se redreffe avec force, dès qu'on la laiffe en liberté & fe redreffe comme feroit une lame d'acier battuë; or ce tuyau taillé en cure-dent, eft effectivement comme une lame d'acier bien platte dont les côtés feroient coupans, & il ratiffe par fes deux côtés, l'émail de la dent & à force d'y paffer & repaffer à tous les repas, il enléve enfin cet émail.

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Qu'on y prenne garde, on verra que les dents ne commencent prefque jamais à fe carier que par les côtés, c'est-àdire par les endroits où le cure-dent de plume pafle & repaffe. L'or

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L'or & l'argent ne font point d'une fubftance fi dure, & quand ils font formés en cure-dents, ils n'ont point ce Coupant qu'on remarque dans le curedents de plume. J'en dis autant des Bisnagues dont nous venons de parler pa ge 221. elles n'ont rien de trenchant & dont le frottement puiffe ufer l'émail des dents; elles exhalent outre cela, un beaume fin & léger qui fait du bien aux gencives & à toute la bouche comme le remarque Valentini- dans l'Hiftoire reformée qu'il a donnée des Simples * Le Lentifque eft encore très-bon pour faire des cure-dents ; il empêche par une qualité aftringente & fortifiante qui lui eft commune avec les Bifnagues, la pourrriture des gencives ; & les raffermit d'une maniere extraordinaire, ce qui afans doute déterminé Martial à dire qu'en fait de curé-dents, le Lentifque eft à préférer, & que ce n'eft qu'à fon défaut, ou au défaut de quelques bran chages femblables, qu'on peut employer la plume. ** Mayens

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p.

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Binage cufpides, loco dentifcalpii ufurpaniur, Bonumque in ore japerein relinquunt. Bern. Vas lent. Hiftoria Simplicium reformata.

Lentifcum melius, fed fi tibi frondea cufpis Sedefuerit, dentes penna levare poteft. Martal. Epigram. Lib. xay. Dentifcalp. xx

Moyens propres par eux-mêmes à confer ver les dents, à les embellir.

Ce n'eft pas affez d'éviter les chofes qui peuvent nuire aux dents, & que nous avons détaillées dans l'article ci-deflus; il faut encore recourir à des moyens pro pres par eux-mêmes, à les conferver & à les embellir. Ces moyens font de fe rinfer les dents tous les matins avec de l'eau gypfée, c'est-à-dire où l'on ait fait tremper du plátre, ou avec de l'eau de limaille de fer, ou avec de l'eau de fuye de cheminée. L'eau gypfée, ainfi appellée du mot latin gypfum, qui fignific plâtre, fe prépare ainfi

-On prend quatre onces de bon plâtre bien réduit en poudre,; on met ce plâ tre dans une livre d'eau, on l'y laiffe cinq ou fix heures, puis on verfe l'eau doucement dans un vaifleau bien propre, pour s'en rinfer les dents., On la renouvelle quand elle eft finie. Le même plâ tre ne peut fervir qu'une fois.

L'eau de limaille de fer ne demande pas une plus difficile préparation. On laifle tremper pendant vingt-quatre heures un quarteron de cette limaille dans une livre d'eau, puis on verfe, tout de mème

རྩྭ

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