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eccafions, pour rendre abfolument muét. Quelque extraordinaire que le cas paroifle, on en a des exemples..

Un jeune homme en dépeçant de la viande dans un repas, rencontra fous fa main un os pointu, qui lui fit une petite piqueure au poulce de la main droite. Il fentit dès le moment un embarras à la langue, & devint muét en même temps, fans s'appercevoir d'aucune autre incommodité. La piqueure étoit femblable à celle qu'auroit pu faire une fine aiguille Il en fortit deux à trois. goutes de fang, & peu après elle fe referma. Le malade ne pouvant s'expliquer de vive voix, écrivit qu'il lui fembloit qu'on lui ferroit la langue avec un fit.

la tiroit cependant avec facilité hors la bouche, & elle paroiffoit molle & humide. On lui fit avaler fur le champ un fcrupule d'hiere fimple, & le même poids de pilules cochées, ce qui lâcha confidérablement le ventre. On lui ap pliqua enfuite des cornets aux épaules. avec fcarifications & au col une ventoufe; puis on fir une faignée fous la langue, d'où il fortit peu de fang. Ces. prompts remédes réüffirent fi bien, que le muét qui étoit Allemand, commença auffi-tôt à prononcer ces deux mots

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Wel & ja, fans pouvoir articuler aucu ne autre parole. On réitera les mêmes pilules purgatives, qui firent encore une grande évacuation. Puis le malade fe frotta la langue avec une compofition de trois gros de vieille Thériaque, de deux gros de Mithridat, de demi-once de Tyrop de Stoechas, & d'autant d'Oxymel Scyllitique, il en prit auffi intérieurement. Cela fait, il fe lava la langue avec du jus de fauge récemment exprimé, & mêlé avec un peu de moutarde. Non content de ces fecours, on oignit le col, ke menton & la tête du malade avec des huiles de Coftus, de Caftor, & de vers de terre, mêlées enfemble. On ap pliqua fur la piqueure du pouce, quoiqu'elle fût déja confolidée, un peu de fauge broyée. Enfin on fit fouvent laver la bouche du malade avec de la décotion de fauge & de moutarde, & boire de la bierre où l'on avoit fait infufer de la fauge & du romarin. Ces remédes eurent un fuccès fi heureux, qu'au bout de cinq jours, le muét recouvra la pa role, fans qu'il lui reftât la moindre dif. ficulté de prononciation. *

* Forefti obfervat. Lib. 19. obferv. 88.

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5°. Mutisme provenant d'engorgemens de vaiffeaux fous la langue.

Quand le Mutisme a pour caufe un engorgement de vaiffeaux fous la langue, le plus fûr moyen de rétablir la parole, c'eft la faignée de la langue. Foreftus parle d'un Muét qui le devint fans en avoir eu d'autre annonce qu'une douleur au gofier. Ce fçavant Médecin fut appellé, & ayant tâté l'artere au malade, il trou va le pouls affez bien conditionné. Il examina la langue, dont les vaiffeaux lui parurent engorgés. Il ordonna auffi-tôt qu'on fit venir un Chirurgien pour ou vrir les veines fous la langue, & après cette ordonnance il fe retira, Le Chirurgien étant arrivé, & s'étant mis en devoir de faire la faignée, en demeura13, & s'en alla fans l'exécuter, difane qu'il ne trouvoit point de veines fous la langue. Le Médecin qui revint peu après, pour fçavoir ce qui s'étoit paffé, fut fort furpris d'entendre dire que le Chirurgien n'avoit point trouvé de veines fous la langue. Il le mande de nouveau, & lui dit, Monfieur les veines que vous n'avez pas trouvées fous la langue, ne laiffent pas d'y être ;

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cher

cherchez bien & les ouvrez promptement en ma préfence. La chofe fut exécutée fur le champ, & à peine fix ou sept goutes de fang furent-elles forties, qu'à la vûë de tous les affiftans, le malade recouvra la parole,

Le même Foreftus parle de deux au tres Muéts devenus tels par l'engorge ment des veines linguales, lefquels gué rirent, l'un tout-d'un-coup ** par la faignée de ces veines, & l'autre peu après.

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* Inspectá linguâ qua paulò tumidior erat, fed non admodum, jubeo ut ftatim Chirurgum vocavent, qui venas fub linguâ tunderet. Ego ifbine difcedens, Chirurgum vocant. Sed re infecta denuò abiit; cùm autem rurfus veniffem.... numquid vera fub lingua feita effet ? refponde runi Chirurgum apud agretum fuiffe, fed re infeda domum remeaffe. Revoco Chirurgum, eumque interrogo quid caufæ fuerit, quod venas non fecuerit? Refpondit fe nullas venas fub lingua reperiffe..., Fgo ad Chirurgum conversus. .... fcalpello, inquam, linguam leviter pertunde, etfi vena minus appareant; quòd cùm feciffet, vix fex feptemve gurtis fanguinis è vulnere emanantibus, (dictum mirum, & miraculi inftar ) nobis ommibus prafentibus, loqui ager coepit.

Forefi obfervat. Lib. xav. Obferv. XXXIII.

** Venas uirafque fub linguâ fecari juffimus » fanguine admodum vifcofo effluente, unde factum eft ut illicò loqui cœperit. Ita tamen ui verbæ adbuc indiftinita proferret, &c. Fereft, obferv Lib, xav, Observ, XXXII

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