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& qu'on ait foin d'entretenir l'enfant gai. Il faut prendre garde que la bande ne defcende point trop fur les yeux,icar cela pourroit lui faire contracter un regard fombre & pefant.

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Bien des enfans ont le haut du front couvert de cheveux qui leur viennent jufques fur la racine du nez. On croit bien faire de rafer ce furplus de cheveux; mais le rafoir ne fert qu'à le faire croître davantage, & fi fort que le haut du front, quand il a été rasé plufieurs fois, devient tout couleur d'ardoife. Un menton rafé qui paroît de cette couleur, fied très-bien à un homme; mais cette pointe ardoisée du front, laquelle defcend jufques fur le nez, ne fied ni aux hommes ni aux femmes ; comment donc s'y prendre pour empêcher la production de cheveux qui caufent cette pointe? c'eft de frotter fouvent l'endroit avec de l'efprit de fel dulcifié; cet efprit de fel fe trouve chez tous les Apotiquaires, & une once fuffira pour long-temps. On en met une goute avec un petit pinceau puis on frotte légerement l'endroit avec un linge. Cela amortit la racine du cheveu, & au bout de quelques femaines cette plante, je veux dire, le cheveu,

(car,

(car, comme nous l'avons remarqué plus haut, c'eft une véritable plante cette plante dis-je, ne prenant plus de nourriture, fe defféche faute d'aliment & tombe.

Il vient quelquefois au-deffus du front, quoique le cas foit rare, une éminence, ou élévation longue dure, ronde & pointue, qui reffemble à une corne. Cette difformité commence quelquefois dès l'âge de fept ans, comme celle d'un payfan dont parle Mezeray & dont voici l'hiftoire dans les mêmes termes qu'il la raconte.

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Au Pays du Maine, en l'année ,, 1599. il fe trouva un payfan, nom> mé François Troüillu, âgé de trencinq ans, qui avoit une corne. à la tête, laquelle avoit percé dès l'âge de fept ans. Elle étoit faite à peu près comme celle d'un Bélier; hor mis que les rayes n'étoient pas fpira les, mais droites, & qu'elle fe rabatoit en dedans, comme pour rentrer ,, dans le crâne Il s'étoit retiré dans les bois, pour cacher cette difformité monftrueufe, & y travailloit aux Charbonnieres,

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Un jour que le Maréchal de Lavardin alloit à la chafle, fes gens ›› l'ayant

„ l'ayant vû qui s'enfuyoit, coururent ,, après, & comme il ne fe découvroit 5, point pour faluër leur Maître, ils lui

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arracherent fon bonnet, & ainfi ap ", perçurent cette córne. Le Maréchal 5, l'envoya au Roi, qui le donna à ,, quelqu'un pour gagner de l'argent, en le montrant au peuple; ce pauvre homme eut. tant de chagrin & d'en nui de fe voir mené comme un ours, ,, & fa difformité exposée en vûë à tout le monde, qu'il en mourut bien-tôt ", après *.

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On trouve dans les Auteurs de Médecine plufieurs exemples d'excroiffan ces qui ont du rapport à celle dont parle ici Mezeray. Ces excroiffances font formées de la fubftance même des dheveux. Car les cheveux ne font autre chofe que que de la corne en fil. Lorfque le trou de la filiere, par lequel paffe la matiere du cheveu, a un grand diametre, cette matiere qui fe prefente en un gros volume, fe proportionne au paffage qu'elle trouve & fort en gros volume; ce qui fait la corne. Si au contraire. le trou de lafiliere eft étroit, la matiere en que ftion fort en fil, de la même maniere

qu'on

Mezeray, Hißoire de France,tom. 7. pag. 109,

qu'on voit l'argent, le cuivre & le fer fe réduire en fils auffi menus que l'on veut, felon le plus ou le moins de lar geur des trous de la filiere, par lefquels on les fait paffer. C'eft ainfi que fe forme le fil d'archal, les cordes d'épinettes, les fils d'or & d'argent, Le cheveu eft une plante, il eft vrai; mais cette plante ne laiffe pas de prendre la figure de l'efpace dans lequel elle entre. J'ai vû une grande & longue afperge qui, pour avoir cru à l'étroit entre deux groffes pierres plates, étoit toute plate comme du carton; elle avoit un poulce & plus de largeur.

Les ongles font de la même matiere que les cheveux, ce n'eft que la forme des trous de la filiere par lefquels la matiere des ongles paffe, qui leur fait prendre la forme plate qu'ils ont. Il en eft de cela comme de l'afperge dont je viens de parler. Auffi a-t-on vû des gens avoir des cornes à certains doigts aus lieu d'ongles. On lit dans la Bibliotheque Anatomique du celebre Médecin Manget, l'hiftoire d'une femme dont les ongles des pieds étoient en façon de corne de Bélier, & prefque de la longueur de deux doigts. Il y eft auffi fait mention d'une fille qui avoit aux orteüils, des

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tornes plus longues que les orteüils même d'où elles fortoient, lefquelles tom-boient plufieurs fois l'année, & renaif foient au bout de huit ou dix jours. Mais ce qui fait bien voir que les cheveux ne font que de la corne, c'eft la qualité de la fumée qu'ils rendent quand on les brûle. Cette fumée a la même odeur que celle que rendent les ongles que l'on brûle, il n'y a point de différence. Le poil des bêtes à corne rend auffi fur le feu, la même odeur que les cornes,

Il s'agit à préfent de voir comment le front peut être préfervé des excroiffances dont il s'agit, & par quel moyen, lorfqu'elles font venues, on peut y remédier. Si celle qui étoit fortie à la tête de ce payfan, dont parle Mezeray, n'avoit pas été d'abord négligée, com me il y a bien de l'apparence qu'elle le fut, veu la condition pauvre du fujet, peut être n'aurait-elle pas eu de fuite. Quoiqu'il en foit, voici comment cette difformité peut être prévénuë, dès qu'on à lieu de la foupçonner. Elle s'annonce d'abord par une petite groffeur qui fait foulever la peau, & qui refifte au toucher. Il faut, auffi-tôt qu'on

Voyez ci-deffus page 32.

s'en

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