On croit ordinairement que ces petits trous font des loges de vers; & dans cette pensée, on a coutume de pincer entre deux ongles, ces endroits-là, pour en faire fortir les prétendus vers, lef quels ne font qu'une craffe durcie. Ce pincement fait fortir effectivement cette craffe qui reffemble à de petits vers fans en être. Mais d'un autre côté il produit trois mauvais effets; le premier, de rougir le nez; le fecond, de le groffir; & le troifiéme, d'y faire quelquefois élever des tumeurs.

Le meilleur moyen d'effacer ces pointillures, c'eft de mettre tout le long du nez, avec le doigt, ou avec un petit pinceau, un peu d'huile de mufcade. Cette huile appliquée plufieurs fois lé jour pendant quelques femaines, ramollit les petits paquets de craffe engagés dans ces trous, & les fait fortir, lorfqu'on pafle un petit linge fur le nez. Puis avec quelques goutes de vinaigre rofát, dont on frotte doucement le nez, on vient à bout de refferrer ces petites ouvertures, enforte qu'il n'en paroît plus.

70. Nez

7°. Nez gros.

J'entends par un nez gros, un nez difforme en groffeur. Il y en a qui deviennent tels tout d'un coup; D'autres qui le deviennent peu à peu, & d'autres qui font héréditaires.

Quand un enfant vient au monde avec un nez exceffivement gros, & que cette difformité n'eft point héréditaire, on peut efperer qu'il guérira, pourvû toutefois. que la mere pendant fa groffeffe, n'ait point été frappée de quelque objet qui ait eu cette difformité comme certains mafques, certains tableaux, certaines perfonnes; car en ce cas, le mal eft incurable. Si donc le pere & la mere de l'enfant, ont le nez bien conformé, & qu'outre cela, la mere n'ait point été frappée par la vûë de quelque objet tel que nous ve¡ nons de dire, il y a lieu, je le répete, d'avoir bonne efperance; d'autant plus que cette groffeur, fe diffipe quelquefois, d'elle-même, au bout d'un certain temps, pendant lequel on peut patienter. Mais fi la difformité perfifte au-delà de fix ou fept mois, il faut humecter le nez de l'enfant, avec du jus de pourpier & de laituë, qui soit un peu chaud, & tout

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nou

nouvellement exprimé, faire tirer par les narines, du jus de bette, & recommencer plufieurs fois le jour, pendant des mois entiers, en cas que la groffeur ne diminuë pas affez promptement; mais fi, après huit ou dix mois, elle s'obftine, il faut abandonner le tout à la nature; car il n'eft pas fans exemple, qu'un enfant ait eu jufqu'à deux ou trois ans, un nez difforme en groffeur, & que cette difformité foit paffée enfuite avec l'âge.

Quelques-uns confeillent ici les faignées & les fudorifiques ; d'autres, les purgatifs, d'autres d'appliquer fur le nez, des linges paflés à la famme de l'encens & du maftic. Ces remedes ne produifent pas grand effet; mais on les peut tenter pour n'avoir rien à fe reprocher. Il n'y a que les faignées que je ne permettrois pas fi P'enfant eft bien jeune.

Quand aux nez exceffivement gros, devenus tels tout d'un coup, fans cause manifefte, le cas eft difficile à compren dre; mais il n'eft pas fans exemple; on a vû des nez groffir fi promptement, qu'en peu d'heures, ils font devenus les uns deux fois, les autres trois fois plus gros qu'ils n'étoient auparavant

*

* Vidimus ejufmodi tumorem fape intrà paucas horas, adeò auctum ut duplo triplove major najus. evaferit. Theod. Zning. Theatr. Praxeos Med.

Lorfque le nez groffit ainfi tout d'un coup à un enfant, fans caufe manifefte & que l'enfant, non plus que fa nourri ce, n'a ni fiévre, ni autre maladie, ou Benfant eft alors à la mamelle, ou il eft en févrage, ou il a paffé ce temps-là.. Dans le premier cas il n'y a pas beaucoup à craindre, parce que cette groffeur ne vient que du regorgement d'un lait non digeré qui s'eft jetté dans les tuyaux capillaires du nez, fuppofé, que la nourrice fe porte bien d'ailleurs.

Il y a des enfans qui, par un regor gement de lait, ont les mammelles. fi gonflées, qu'il en fort du lait quand on les preffe un peu. Le proverbe trivial, fi on lui tordoit le nez, il en fortiroit du lait, pour faire entendre que la perfonne dont on parle, eft encore bien jeune, fait voir que ce n'eft pas d'aujourd'hui qu'on fuppofe qu'il fe porte du lait dans le nez des-enfans...

Quoiqu'il en foit, voyons quel reme de on peut apporter à cet exceffive grof. feur de nez. Allons à la fource. Lagrof feur dont il s'agit, vient d'un lait fime plement indigefte, or le lait peut être tel pour l'une des raifons fuivantes, ou parce qu'il eft donné en trop grande quantité à l'enfant, ou parce qu'il eft mal condi

tionné

Moyens de prévenir & corriger tionné de lui-même. Si c'eft la premiere caufe, il eft facile d'y remedier, en don nant moins à tetter à l'enfant ; & fi c'eft la feconde, il faut, ou changer de nourrice & en prendre une qui ait le lait mieux conditionné, ou corriger fon lait foit par le régime, foit autrement. Quant au changement de nourrice, il n'y faut venir que lorfqu'il n'y a pas moyen de s'en difpenfer; car le moins qu'on peut chan ger de nourrices aux enfans

mieux.

c'eft le

Pour ce qui eft de corriger le lait, comme fon vice dans l'occafion préfente, eft d'être trop épais, il eft aifé de reme dier à cette épaiffeur, 1o. en faifant boire à la nourrice, beaucoup d'eau, & la reglane fur le vin, fi elle en boit. 2. En empêchant qu'elle ne mange trop de pain, comme font quelques-unes. 3. En lui faifant manger beaucoup de potage bien trempé. 4. En lui donnant tous les jours, une ou deux prifes d'orgeat bien clair, & non citronné. 5. En la purgeant de temps en temps, avec un peu de moëlle de caffe dans un petit lait, fi le ventre n'eft pas libre.

Quant au fecond cas, c'eft-à-dire fi l'enfant eft en févrage, il y a moins d'efperance de guerifon, mais il ne faut pas