Imágenes de páginas
PDF
EPUB

& ne les expofer pas témerairement à Pavoir difforme toute leur vie.

La plupart des enfans quand ils boivent, égarent leurs yeux de tous côtés, au lieu de regarder dans le gobelet où ils boivent, ce qui à la longue, lorsqu'on leur en laiffe contracter l'habitude, leur égare la vue. Le plus sûr moyen de les corriger là-deffus; lorfque les avertiffemens fonr inutiles, c'eft de gliffer adroitement un petit morceau de liége dans leur gobelet, lorfqu'on leur préfente à boire, & qu'ils ont les yeux ailleurs. Dès qu'ils fentent ce liége à leurs lévres, ils regardent dans leur gobelet, & on ôte alors le liége; puis s'ils recommencent à regarder ailleurs en beuvant, on recom mence tout de même à leur mettre le Liége; enforte qu'à la fin, ils font obligés pour boire, de baiffer les yeux en beuvant, ce qui leur affure la vûë.

4°. La Squamie, ou l'Oeil fquameux..

L'eil fquameux, ainfi appel'é du mot Jatin fquama, qui fignifie écaille, eft une difformité produite par de petites pellicules dures & écailleufes, formées entre la paupiere, & le globe de l'œil, lefquelles ou empêchent abfolument la vi

K 2

fion,

fion; ou du moins la troublent confiderablement, & dans l'un & l'autre cas, font faire à l'œil diverfes contorfions.

Quand la fquamie eft traitée felon l'art, & qu'elle l'eft à temps, il arrive quelquefois que les petites écailles dont il s'agit, tombent de l'œil comme des parcelles de fon *.

Une grande lumiere qui heurte les. yeux jufqu'à les ébloüir extraordinairement, & à les ébranler dans leurs parties les plus intimes, eft fouvent la caufe de cette maladie. Outre plufieurs exemples qu'on en pourroit rapporter, on en a un bien remarquable dans la perfonne de faint Paul, fur les yeux duquel, comme l'on fçait, fe formerent de ces petites pellicules en forme d'écailles, après: qu'il eut été frappé de l'éclat de lumiere qui le renverfa par terre. Ces écailles l'empêcherent de voir le jour, & il ne recouvra la vuë qu'après qu'elles furent tombées. Ceux qui voyagent parmi les neiges, font obligés de porter des lunettes. d'un verre particulier, pour défendre leurs yeux contre le grand éclat de la neige, & les préferver de ces écailles qui ôtent

* Vitium in quo fquamosa aut furfurea partieula è palpebrarum tunicis fecreta decidere folent Zuing. Theatr. Prax, Med.

êtent l'ufage de la vûë, lefquelles, lorfqu'elles font invéterées, s'incorporent tellement avec l'œil, qu'il faut toute l'induftrie de l'art pour les enlever.

Il y a des nourrices qui ne font pas difficulté d'expofer leurs enfans à toutes fortes de lumieres indifféremment, & à celle même du plus grand Soleil fous prétexte que ce n'eft que pour quelques, momens, comme en traverfant un jardin, une cour, &c. mais il ne faut quelque fois qu'un de ces momens pour donner lieu aux écailles dont il s'agit, fi tant eft qu'on en foit quitte pour cela; car em certains cas, un fimple rayon de Soleil, dardé fortement fur les yeux d'un enfant, peut l'ébloüir au point de lui faire perdre tout-à-fait la vûë.

Une autre précaution néceffaire, c'eft de ne jamais fouffrir que les enfans foient: à contre jour, lorsque le jour est trop grand; mais de mettre un leger rideau entre eux & l'endroit d'où leur vient la lumiere; ou bien de les tourner de façon qu'ils ayent le jour au dos, ou de côté..

Quand les enfans apprennent à lire ou à écrire, c'est une imprudence affez ordinaire à leurs Maîtres & à leurs Maîtreffes, de les faire lire & écrire à con tre jour; il n'en faut pas d'avantage, em K 3

certaines circonftances, pour leur rendre les yeux fquameux, & leur renverser tout-à-fait la vûë.

Que dire ici de ces Maîtres, & de ces Maîtreffes qui ont aflez peu de génie pour les laiffer même lire & écrire au Soleil? En général, il ne faut jamais, quand on applique fortement fes yeux, les avoir à l'oppofite de la lumiere; onvoit fouvent de jeunes Demoifelles travailler en tapifferie, ou coudre à contrejour; leurs meres quelquefois, leur en donnent l'exemple, exemple pernicieux, & contre lequel on ne fçauroit trop déclamer.

Comme les Graveurs travaillent à contre-jour, la plupart d'entre eux ont quelque chofe d'alteré dans la vûë, malgré Le foin qu'ils fe donnent de mettre devant leurs fenêtres, certains papiers , pour rompre la trop grande lumiere. On peut juger par-là des précautions qu'il faut apporter pour ménager la vûë des enfans, par rapport aux contre-jours.

Lorfque nonobftant toutes les précau→ tions, ou faute d'en avoir pris, il arrive qu'un enfant à les yeux fquameux, qu'estil à propos de faire pour le guerir? Il ne faut pas s'attendre que les écailles de fes yeux tombent miraculeufement comme

firent celles de faint Paul. On doit recourir aux moyens naturels, dont un des. meilleurs eft le fuivant. Ayez un gros de tutie préparée, un demi-gros de diapho rétique mineral, fix grains de verd de gris, trois grains de camphre, & demigros de fucre candi blanc; le tout bien réduit en poudre, mêlez cette poudre. avec deux onces d'excellent beurre frais, lavez trois ou quatre fois dans de bon vin blanc. Puis détachez de cette mixtion la valeur d'un pois, dont vous oindrez les paupieres, & ferez entrer une partie dans les yeux; recommencez deux ou trois fois par jour, & continuez plus ou moins de femaines, felon l'opiniatreté du mal.

5. La Clignote, on l'œil clignotant.

Il ne faut jamais, quand un enfant s'éveille, l'exposer tout d'un coup au grand jour, cela le fait clignoter violemments & lorfqu'on ne veut point fe gêner pour le ménager là-deffus, fon clignotement à force de recommencer tous les jours, tourne en habitude, & l'enfant clignote enfuite toute la vie, comme fi quelque grain de pouffiere, ou quelque brin de paille venoit de lui entrer dans l'œil, ce

246-4

qui

« AnteriorContinuar »