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l'accroiffement de leurs corps, ne fe cor rompent par le repos.

Un des meilleurs exercices que les enfans de condition puiffent choifir pour leur fanté, c'eft celui de la Course, de la Lutte, des Ballets, des Carrousels. Quant aux enfans qui ne font pas encore propres à des exercices fi forts, on doit leur faire joindre de temps en temps à celui de la promenade, les petits jeux de leur âge, tels que la Cligne-mufette, le Cloche-pied, le Colin-maillard, le Volant, la Toupie, le Sabot, &c. Le Sabot qu'il font tourner à coups de foüet redoublés, rend les cuiffes & lès bras flexibles. La Toupie produit le même effet, mais avec moins d'effort. Le Volant oblige le corps à fe mouvoir de tous les fens, ce qui ne fert pas peu à le dégourdir.

Il y a certains jeux néanmoins que nous ne sçaurions approuver & qui peuvent nuire à la fanté des enfans: De ce genre font tous ceux qui confiftent à tourner foit autour d'une table, d'un arbre ou d'autre chofe femblable, foit autour de foi. De tels mouvemens dans cet âge tendre étant capa bles de déranger les organes du cerveau, de caufer des vertiges, de troubler la vûë. On peut mettre auffi de ce rang les efcarpolettes, lorfque les enfans ont de la difpofition à égarer les yeux.

On

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V.

On objectera contre ce que nous venons d'avancer en faveur de l'exercice; 1. qu'il fe voit tous les jours une infinité de perfonnes de l'un & de l'autre fexe, qui vi vent renfermées dans des Cloîtres; &

qui ne laiffent pas, nonobftant cette vie fé dentaire de jouir d'une fanté parfaite; 2°. que le repos eft le préfervatif de plufieurs maladies; témoin, entre autres, les pleuréfies qui ne viennent que de s'être exercé; 3°. que le travail mine le corps, ce que le repos ne fait pas.

Quant à la premiere objection je réponds, 1°. Que les perfonnes cloîtrées trouvent dans leurs Monaftéres des jardins propres à l'exercice de la promenade, & qu'il y a même plufieurs de ces Ordres cloîtrés, qui ont la liberté de fortir certains jours pour aller s'expacier en pleine campagne, tels font en quelques Provinces les Chartreux 2°. Que dans les Cloîtres on paffe fon loisir à divers amusemens qui ne fervent pas peu à exercer le corps; les Chartreux > par exemple, outre le foin qu'ils fe donnent de cultiver chacun de petits jardins qui font dans l'enclos de leurs cellules, travaillent à plufieurs ouvrages de la main, qui en les Dd3

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récréant, les exercent, comme font divers
ouvrages de tour & de ménuiferie, 3° Que
le Chœur qui fait l'occupation journaliere
des Cloîtres, eft un exercice qui vaut feul
tous les autres; le chant met en action tous
les muscles de la bouche & des parties voi
fines, & à caufe de la fréquente contraction
qui fe fait alors dans fes parties, il arrive
que la filtration des liqueurs & leur circu-
lation s'opere plus parfaitement, Le mou-
vement de la voix influe jufques dans les
endroits les plus intimes du corps, il met
en action tous les efprits animaux, non feu-
lement pour ce qui concerne le dehors
comme font les frictions, mais pour ce qui
concerne les vifceres les plus éloignés, c'est
la raifon pourquoi les perfonnes cloîtrées,
quoiqu'elles ne paroiflent pas faire beaucoup
d'exercice, ne laiffent pas de fe bien por
ver; cet exercice de la voix fuppléant à ce-
lui qu'elles ne peuvent faire les efprits
animaux pouffés par la voix, s'infinuent
plus facilement dans les tuyaux des fibres
& des nerfs; l'air agité par les organes vo
caux, frappe plus fortement tout le fifte
me de l'economie animale, De-là vient la
fermentation légitime des humeurs de-là
leur fluïdité, de-là l'évacuation de la matie
re tranfpirable; évacuation que tous les ré-
médes diaphorétiques ont bien de la peine

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à opérer. Enfin l'action de la voix & de la parole a tant de vertu pour exercer le corps, qu'on ne pourroit pas nier que ce ne fût peut-être pour cela, que les femmes ont moins befoin d'exercice que les hommes celles-ci étant plus fujettes à parler, en quoi la nature eft admirable..

Nombre de Prédicateurs & d'Avocats doivent leur fanté au grand exercice qu'ils font de leur voix. Ils fe déchargent par là d'un furcroît d'humeurs qui les accableroient. Les cris même que les enfans ont coûtume de pouffer, font de puiffans moyens que la nature employe pour faire croître plus facilement & plus promptement leur petit corps; ces cris fervant à faire aller les fucs nourriciers dans les vaifleaux les plus reculés, ce qui oblige néceffairement les parties à fe dévélopper. Nous pouvons citer fur cela l'exemple des indiens, qui, au rapport de Chriftien Warlitz dans fon Livre intitulé: Scrutinium Lacrymarum, font tenir toûjours auprès du berceau de leurs enfans des orties prêtes, dont on les touche de temps en temps, pour les faire crier, parce qu'ils ne crient prefque jamais d'eux-mêmes. Ces Peuples n'alle guent point d'autre raison de cette condui

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fi non que c'eft pour procurer à leurs enfans une meilleure fanté & une plus longue

vic.

Dd 4

Afcle

Afclepiade & Erafiftrate ont ofé condamner toutes fortes d'exercices, comme nuifibles à la fanté, & ont regardé le repos comme le plus fûr moyen de vivre longtemps; mais ils fe font en cela confidérablement trompés, Le repos a véritablement Les avantages, il répare les efprits diffipés, & délafle le corps fatigué, il fert à la guérifon d'un grand nombre de maladies; mais que fous ce prétexte il faille s'abftenir de tout exercice; c'eft une grande erreur. Il eft plus facile de faire excès de repos que d'exercice & fi l'on dit que la pleuréfie vient pour s'etre trop exercé, l'expérience montre au contraire, que c'eft moins à l'exercice, qu'au fubit repos qu'eft dûë cette maladie, Qu'on ne nous oppofe point que le travail mine le corps; car il en eft de nos corps comme du fer, qui s'ufe étant employé mais que la rouille ufe bien da ; vantage. Qu'on fe fouvienne que l'abus du repos eft beaucoup plus dangereux que ce lui de l'exercice. Jamais l'exercice n'a ren du les membres perclus, & le repos pro duit tous les jours cet effet en une infinité d'occafions. Il y a dans l'efpace où s'artie culent les extrêmités des os, une humeur épaiffe & gliffante, appellée l'Humeur ar ticulaire, laquelle fert au mouvement des articles Quand cette humeur vient à être

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