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des chofes qu'on leur prefente. Or ces peuples ont la main droite beaucoup plus foi ble que la gauche, qui eft celle dont ils fe fervent pour écrire, pour porter leurs ar mes, pour travailler, en un mot pour tou tes les chofes aufquelles nous employons la droite, qu'en langage de leur Pays is appellent d'un nom qui veut dire la foible main.

C'eft un fait connu, que dans ceux qui ont perdu le bras droit, cette perte eft abondamment réparée par le fur-plus de force & d'agilité dont joüiffent alors le bras & la main gauches. On voit nombre de ces manchots écrire, deffiner, coudre, & faire plufieurs autres ouvrages de la main gauche avec la derniere perfection: Or d'où peut provenir cette compenfation, que de ce que la partie qui fupplée à l'autre. eft plus exercée qu'elle n'étoit? Ceux qui, à caufe de quelque fracture, d'une luxation, d'une inflammation, &c. demeurent long-temps fans agir, ne manquent point de contracter un engourdiffement qu'ils ont beaucoup de peine à vaincre, quand ils veulent fe remettre à leurs premieres oc.cupations. On en voit qui pour avoir tenu pendant un trop grand nombre de jours, le bras plié fur la poitrine, de peur qu'une faignée ne vint à fe r'ouvrir, ne peuvent plus

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plus étendre le bras quand il s'agit de s'en fervir.

On a l'exemple d'une infinité de gens qui menant une vie fédentaire, étoient fu jets à toutes fortes d'infirmités, & qui enfuite obligés par des procès inattendus, à fe donner du mouvement à vifiter leurs Avocats, à folliciter leurs Juges, ont acquis une fanté que tous les régimes & tous les rémédes du monde n'avoient pû leur obtenir.

Il entre tous les jours dans les Hôpi taux, au fervice des malades, un grand nombre de filles délicates, qu'on ne croi roit jamais à l'épreuve du moindre travail lefquelles cependant acquierent dans peu, par les fatigues qu'elles font contraintes d'effuyer, un tempéramment fi fort, qu'on auroit peine à fe perfuader que ce fuffent les mémes perfonnes.

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La plupart des Médecins jouiffent d'une excellente fanté; on ne la fçauroit attribuer à aucun rémédé qu'ils faffent; ils n'ont pas temps d'en faire. Les régles même qu'ils prefcrivent aux autres pour le régime, font par eux violées, ne leur étant presque jamais permis de prendre aux heures nécessaile repos que demande la digeftion. A quoi donc attribuer leur fanté, qu'à l'exercice qu'ils font continuellement, allant

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venant fans ceffe, montant, defcendant & étant toûjours en action. C'est à cet exerẻ cice, fans doute, que les Médecins, qui dans les dernieres peftes de Marfeille d'Aix, de Toulon, de Marvejols & de la Canourgue, fe font livrés avec tant de cou rage au traitement des peftiferés, doivent le bonheur qu'ils ont eu d'échapper à un mal fi terrible, & qui pardonne fi peu..

L'exercice, outre une infinité d'avanta ges qu'il renferme, a encore celui de ditraire l'efprit de l'application qu'on don neroit au danger que l'on court dans un temps de contagion, & diminuant par ce moyen, la crainte, dont le propre eft de concentrer le fang & les efprits, il devient un des meilleurs préfervatifs de la pefte. En effet, les corpufcules peftilentiels ne trou vent jamais les pores de la peau & les autres voyes du corps plus en état de les recevoir, que dans le cas de la concentration. dont nous parlons; d'où il fuit que ce qui empêche cette concentration, & entretient le mouvement de dedans en dehors, qui pendant la fanté, fe fait à toute heure du jour & de la nuit, eft le plus grand obftacle que la maladie dont il s'agit, puiffe trouver pour s'introduire. Or l'exercice produit cet effet, tant par l'éloignement de la crainte, que par l'action du corps. Tome II. D d

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Les Eaux Minérales que l'on boit pour la guérifon de tant de maladies, ne réüffiffent qu'à l'aide de l'exercice dont on accompagne leur usage; cet exercice eft la promenade, & on en tire de fi grands fecours en cette rencontre, qu'il y a fouvent lieu de douter fi cette promenade n'eft point la principale caufe, pour ne pas dire l'unique de la guérifon qu'on attribue à ces Eaux.

IV.

La promenade dont nous parlons, eft un exercice moderé, compofé du mouvement alterhatif des jambes & des pieds, par lequel on fe tranfporte doucement & par recréation d'un lieu à un autre. A ce mouvement contribuent les articles des cuiffes, conjointement avec ceux des jarrets, des talons & des orteüils; ce qui le rend un des plus propres à mouvoir généralement tout le corpss ces fortes de parties ne pouvant être agitées, que prefque toutes les autres ne s'en reffentent: d'où il arrive què la promenade ne favorife pas feulement les fonctions des extrêmités, mais qu'elle aide a cracher, qu'elle fortifie l'eftomac, qu'el le empêche les alimens de s'y aigrir, qu'elle détourne les eaux qui ont coûtume d'accabler la tête, qu'elle détache le fable des

reins, qu'elle affermit les membres trem blans, qu'elle diffipe les ventofités, qu'elle éclaircit les yeux & dégage le cerveau. Enfin la promenade eft d'autant plus falu taire, qu'elle eft propre à tout áge, à tout fexe, & à toutes fortes de temperamens. S'il eft cependant quelque âge auquel elle puiffe être plus utile, c'eft aux enfans & aux vieillards. Dans les vieillards la chaleur naturelle qui décline, feroit en rifque de s'éteindre tout-à-fait par l'amas de la pituite qui les furcharge, fi quelque exercice doux, tel que celui de la promenade, ne diffipoit en eux une partie de cette pituite. Dans les enfans, la chaleur naturelle qui ne fait que de naître, & qui eft par conféquent encore foible, ne réfifteroit pas non plus longtemps à l'abondance des férofités, fi l'on ne fongeoit à diffiper ces férofités par le même fecours, qui eft le plus proportionné à la foibleffe de leur âge. C'eft faute d'éva→ cuer par un exercice fuffifant cette pituite dominante, que tant d'enfans font fujets les uns aux écroüelles, les autres à l'épilep fie, &c. Il faut donc que les parens ayent foin de laiffer beaucoup promener leurs enfans, &lorfque ces enfans font parvenus à un cer rain âge, de les laiffer aller à la chaffe, & de les faire fouvent monter à cheval, de peur que les fucs deftinés par la nature à Dd z l'ac

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