Il étoit prefque impoffible de choifir une chanfon érotique auffi agréable, & qui étayât fi fortement le précepte, en même temps. L'expreffion & la délicateffe que refpirent les vers fuivants, peuvent cependant nous donner' une idée affez exacte des articles; c'eft un couplet fait fur l'air: De l'oiseau qui t'a fait envie ; il eft plein de naturel & de graces: M. de Coulanges en eft l'auteur. Des combats le Dieu redoutable Pour lors, fi l'on en croit la fable, 1 Le plaifir engendra, l'amour. Au doux auteur de fa naiffance, Le pronom (1) eft la troifieme partie du difcours. On en compte fix: 1, les pronoms perfonnels qui font je, moi, tu, il, nous, vous, lui, eux, ils, fe, foi; 2. les pronoms poffeffifs, mon, ton, notre, votre, fon, &c. qui marquent la poffeffion de l'objet ; 3°. les pronoms démonftratifs qui défignent l'objet : tels font les mots ce, cet, cette, celui-ci, celle-ci, celui-là, celle-là, ceux & ces; 4°. les pronoms relatifs, qui fe rapportent à un nom qui les fuit ou qui les précede, font qui, que, quel, lequel, laquelle, lefquels, & les mots le, la, les, en, y, lorfqu'ils dépendent d'un verbe. Nous dirons dans la fuite ce que c'eft qu'un (1) C'eft un nom qui tient la place d'un autre. verbe. 5. Les pronoms abfolus qui font auffi qui, que, quoi, &c. mais qui different des pronoms relatifs en ce qu'ils n'expriment point de rapport; 6% les pronoms indéterminés qui expriment un objet vague: tels font les mots quelqu'un, chacun quiconque, on, l'un, l'autre, tout, aucun, qui que ce foit, pas un, personne. La jolie romance qui fuit, de M. François de Neufchâteau, les renferme tous. Elle eft faite fur l'air Neft-il amour fous ton empire que des rigueurs ? Ce poëte joint au mérite d'une verfification variée l'art d'exprimer noblement & avec élégance les chofes les plus communes. Le jeune Hylas, la jeune Elmire Dejà l'un pour l'autre foupire Dans l'âge heureux, 3 - Où le befoin de plaire infpiré De tendres feux. De leurs parents l'ordre barbare Hélas! bien loin qu'on fe prépare A les unir, Voilà qu'un jour on les féparedo'l twer ६ Mais un cruel, pour le furprendre, Vient, & lui dit ma tulsor Que pour un autre, Elmire eft tendre, Hylas s'écrie: O trouble extrême ! subjour d'effroi! Mon Elmire, Elmire elle-même Manque de foil rongila Celui qu'elle époufe & qu'elle aime, nous, Où l'on voit aifément que les mots, moi, il vous, lui lui, fe font des pronoms perfonnels; leurs, mon, fon, fa, des pronoms poffeffifs. On raifonnera ainfi des autres. M. de la Garde, par une verfification douce & aifée, fait fe faire lire avec intérêt. Il a d'ailleurs l'adreffe de répandre baucoup de graces & de naturel dans fes chanfons. L'heureuse erreur, faite fur l'air: Nous fommes précepteurs d'amour, en eft une bien digne de figurer dans les meilleurs recueils. On trouvera dans tous les couplets qui la compofent, la quatrieme partie du difcours que nous appellons verbe (1)om Qu'importe à mes tendres defirs Pourquoi, dans nos amusements 7 Chercher tant de délicateffe? L'erreur nourrit nos fentiments : L'amour n'est qu'une fiction, Une belle eft comme une fleur, Dont on cherit la découverte : (1) Un verbe eft un mot qui marque une action faite ou reçue par le fujet. On connoît qu'un mot eft un verbe, lorf'on peut mettre avant lui les pronoms perfonnels qui font je, tu, il, nous vous, &c.; ainfi les mots jouer, chanter, promener, font des vabes, parce qu'on peut dire : je joue, je chante, &c. |