De l'art féduifant de charmer, Pouvu que l'on fache bien feindre! A la chanfon fuivante on pourra prêter une breille auffi attentive qu'à celle-là. Elle eft für le même air. M. le cardinal de Bernis qui réunit dans fes tableaux lé coloris de Coypel à la touche du célebre Mignard, en eft l'auteur; & Mad. de Pompadour l'héroïne. Íris, Thémire & Danaé Ont en vain reçu mon hommage; Iris parle fi tendrement, Mon cœur eft fi foible & fi tendre, Un fourire engageant & doux Danaé s'offrit dans le bain; Ainfi, dans les plus doux plaifirs, Que par l'image de vos charmes. On voit dans ces deux chanfons que les mots en lettres italiques font des verbes, parce qu'on peut mettre avant eux les pronoms perfonnels. Les poéfies de M. Dorat, & principalement fes chanfons, offrent une tournure d'efprit agréable, de la fineffe, des détails piquants, des comparaifons ingénieufes, des images riantes, un coloris brillant, & une touche toujours délicate & toujours facile. Autant en emporte le vent, chanfon que ce poëte ingénieux a faite fur l'air: Des fimples jeux de mon enfance, joint à ces différents caracteres un ton de naïveté & de graces que la Fontaine n'auroit pas défavoué. Les trois couplets qui la compofent donneront encore la connoiffance la plus fatisfaifante des verbes. Licidas prit, dans le bocage,, Annette n'eft point févere: Les autres, je faurai les prendre, Il dit, & fongeant à la cage, Mais hélas ! il s'eft fait paffage; Et tous les baifers, quel dommage! Avant d'entrer dans les différentes fortes de verbes, les dames feront bien aifes de connoître ce que c'eft que fujet & attribut dans le difcours. Le fujet eft la perfonne ou la chose dont on parle. L'attribut eft ordinairement l'adjectif. Par une touche moëlleufe, M. Lemiere a le talent de donner de la vie & de l'intérêt aux tableaux qu'il veut préfenter. Notre jugement ne fera pas hafardé, fi l'on juge du ton & de la maniere de ce poëte, par Luci & Colin, qui n'eft pas même la meilleure de fes romances; elle eft fur l'air : Tu croyois en aimant Colette, & fera aisément connoître le fujet & l'attribut Ecoutez-moi, faciles belles, Lucy, des filles de Vincennes Hélas! des peines trop cuifantes, Sur le teint vermeil de Lucy. Vous avez vu fouvent l'orage, Et déjà penchoit vers fa fin. Par Par trois fois on entend la cloche Par trois fois le corbeau s'approche, Ce cri, cette cloche cruelle.. i. Cheres compagnes, je vous laiffe; Une voix femble m'appeller, Une main que je vois fans ceffe Me fait figne de m'en aller. L'ingrat, que j'avois cru fincere; Me fait mourir, fi jeune encor: Une plus riche a fu lui plaire ; Moi qui l'aimois, voilà mon fort! Ah, Colin! ah! que vas-tu faire ? Rends-moi mon bien, rends-moi ta fol. Et toi que fon cœur me préfere, De fes baifers détourne-toi. Dès le matin en épousée Mais, homme faux, fille abusée, Filles, portez-moi vers ma foffe ; Que l'ingrat me rencontre alors, Lui dans fon bel habit de noce, Et Lucy fous le drap des morts. Qué devient-il? fon cœur fe refferre ; Un froid mortel vient le tranfir. Qu'a-t-il vu? Lucy qu'on enterre, Et Lucy qu'il a fait mourir. B Il tombe: chacun se disperse; -Vaine & tardive repentance ! Près de fon amanté fidelle, La tombe reçoit mille offrandes ; Vois cette pierre, amant volage, Dans cette romance dont la verfification eft facile, & pleine de grace & de douceur, telle que l'exige la poéfie de ce genre, on voit que les mots belles, amants, eau, traits, peines, souci, &c. font le fujet; & les noms auxquels ils font liés, tels que faciles, infideles, pure, beaux, cuifantes, &c. font l'attribut ou l'adjectif. amoureux 9 On lira avec plaifir la chanfon fuivante qui confirme le même précepte. C'eft la pêche volée ; elle eft fur l'air : Dans un verger Colinette: Une pêche m'étoit chere ;- |