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nes, fera connoître que les participes des verbes qui ne doivent s'accorder avec aucun nom, & ceux qui ont à leur finale le fon de l'é fermé, ne prennent point d's quoique mis au pluriel.

Cette chanson eft fur l'air : Si j'en juge d'après mon caur. L'almanach des Graces la doit à monfieur Regnault de Chaource, avocat.

La prude Iris, la fiere Hortense,
Tour-à-tour ont brigué mon cœur:
J'ai dédaigné leur vaine avance,
Et j'ai préférë ta rigueur.
Enfin plus fenfible à ma flamme,
Tu m'as regarde tendrement ;
Ce coup-d'œil pénétrant mon ame,
Fait le bonheur de ton amant.

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Quand je te vois, ô ma Sophie !
Je lis mon arrêt dans tes yeux;
Si je t'embrafie, ô tendre amie,
Cet inftant eft délicieux. :

Quand dans mes bras je te balance,
Je fuis au comble du transport" ;; mo
Près de toi, je brave en filence
Les dieux, les mortels & le fort.

Il eft une coutume ancienne
Que vénéroient nos bons aïeux ;
Elle veut que chacun étrenne
Aujourd'hui l'objet de fes vœux.
Que te donnerai-je, ô ma chere!

Mon cœur Mais .... il n'eft plus à moi.

Tu poffedes mon ame entiere:

Je n'ai plus rien digne de toi.

bis.

bis.

bis.

L'ode anacréontique fuivante, fur l'air : Dans

un bois folitaire & fombre, fera voir que

fi ces par

ticipes étoient précédés de quelques temps du verbe être, ils prendroient alors l's finale.

La nature tendre & cruelle,
Auprès des fleurs met des chardons:
L'Amour, auffi bizarre qu'elle,,
A toujours mêlangé ses dons.

Plus beau que les roses timides,
Plus doux que le miel printanier.
Ce dieu porte des traits perfides,
Comme l'abeille & le rofier.

Ses larmes font empoisonnées,
Son haleine eft un parfum pur :
C'eft l'ouragan des Pyrénées,
Et le zéphyr d'un bois obscur.

Il a la figure ingénue,
Avec le fourire moqueur;
Il ne féduit fi bien la vue;
Que pour mieux déchirer le cœur.

Aina rien n'annonce l'orage,
Le ciel eft clair, on eft au port ;
Tout-à-coup vole le nuage

İl en pleut la flammë & la mort.

O vous! dont les fleurs font les fieges,
Et le toit, les bois d'alentour;
Bergeres, redoutez les pieges

De la Nature & de l'Amour.

M. Bulidon eft l'auteur de cette ode anacréontique bien digne de figurer dans l'almanach des Graces.

Paffons à l'accord du verbe avec fon correfpondant. (On entend par correfpóndant un nom ou un

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pronomavec lequel le verbe s'accorde.) La dormeuse, chanfon de Dufrefny, faite fur l'air : Réveillevous, belle endormie, nous fera voir que le verbe s'accorde avec fon correfpondant en nombre & en perfonne; 1°. en nombre: fi le nom ou le pronom qui précede, eft au fingulier ou au pluriel, il faut mettre le verbe au fingulier ou au pluriel; 2°. en perfonne : fi le nom ou le pronom auquel le verbe fe rapporte, marque la premiere, la feconde ou la troifieme perfonne, alors il faut mettre le verbe à la même perfonne.

Réveillez-vous, belle dormeuse,

Si ce baifer vous fait plaifir;
Mais fi vous êtes fcrupuleuse,
Dormez, ou feignez de dormir.

Craignez que je ne vous éveille ;
Favorifez ma trahison.

Vous foupirez!,,, votre cœur veille;
Laiffez dormir votre raifon.

Souvent quand la raifon fommeille,
On aime fans y confentir ;
Pourvu qu'Amour ne nous réveille
Qu'autant qu'il faut pour le fentir.

Si je vous apparois en fonge,
Jouiffez d'une douce erreur ;
Goûtez les plaifirs du menfonge,

Si la vérité vous fait peur.

Les dames verront aifément que les verbes réveillez, fait plaifir, êtes, veille, aime, aime, &c. s'accordent en nombre & en perfonne avec les mots dormeufe, vous, cœur, &c. qui leur fervent de correfpondants.

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Qu'on nous permette la digreffion fuivante. Louis XIV fut un monarque qui réunit dans fa perfonne les dons heureux qui font les héros, & qui forment les génies aimables. Ce grand prince procura aux lettres, par fes bienfaits ce qu'il auroit voulu leur procurer par fes travaux. Les favants de toutes les nations, excepté Moliere, (Ce qui eft étonnant ) éprouverent fa libéralité, & la plupart furent appellés à fa cour. Il honora toute fa vie Dufresny d'une bienveillance particuliere, & le combla de bienfaits, fans jamais pouvoir l'enrichir. Ce génie heureux eut un goût univerfel pour les beaux arts, & tous les talents pour les cultiver avec fuccès. Mais il avoit deux paffions qui dévoroient tout, l'amour de la table & celui des femmes; ajoutons que ce muficien, ce peintre, cet architecte, ce poëte comique avoit encor dans l'efprit plus d'indépendance que les Chaulieu, les la Chapelle, &c. Un homme de ce caractere fembloit ne devoir jamais fe fixer; cependant il fe maria deux fois. En fecondes noces il époufa fa blanchiffeufe, pour s'acquitter de ce qu'il lui devoit. M. le Sage raconte ainsi ce trait dans fon Diable boiteux. « Je veux envoyer aux petites - maisons un vieux garçon de bonne famille, lequel n'a pas plutôt un ducat qu'il le dépenfe, & qui, ne pouvant se paffer d'efpeces, eft capable de tout faire pour en avoir. Il y a quinze jours que fa blanchiffeuse, à qui il devoit trente piftoles, vint les lui demander en lui difant qu'elle en avoit befoin pour fe marier à un valet de chambre qui la recherchoit. Tu as donc d'autre argent, lui dit-il ? car où

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diable eft le valet de chambre qui voudra devenir ton mari pour trente piftoles? Hé! mais, répondit-elle, j'ai encore outre cela, deux cents ducats. Deux cent ducats? répliqua-t-il avec émotion male pefie! tu n'as qu'à me les donner à moi, je t'épouse, & nous voilà quitte-à-quitte ; & la blanchiffeufe eft devenue fa femme. »

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Le couplet qui fuit eft de M. le cardinal de Bernis. On y connoîtra facilement l'accord du verbe avec fon correfpondant.

La maîtreffe du cabaret

Se devine, fans qu'on la peigne,
Le dieu d'amour eft fon portrait ;
La jeune Hebe lui fert d'enseigne.
Bacchus, affis fur fon tonneau,
La prend pour la fille de l'Onde;
Même en ne verfant que de l'eau,
Elle a l'art d'enivrer fon monde.

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Où l'on voit également que les verbes devine peigne, &c. s'accordent en nombre &en perfonne avec maitreffe, on, &c. qui leur fervent de correfpondants.

M. Damas nous affure que le mariage eft une loterie. Chantons avec ce chanfonnier agréable fes couplets fur cette vérité dont font convaincus tant de maris. Ils font fur l'air: Je fuis Lindor. On connoîtra encore plus aifément, dans cette chanfon, l'accord du verbe avec fon correfpondant.

Tout ici-bas s'éteint, s'ufe, & fe paffe ;
Depuis quinze ans l'amour a mes defirs:
Mais les abus font fi près des plaifirs,
Que de l'amour à la fin l'on se lase.

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