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Où l'on voit également que les mots pêche, Pomone, vol, Glycere, larcin, peau, fein, joue, parfum, font le fujet; & les mots chere, fiere, téméraire, charmante, heureux, blanche, fraiche, &c. font l'attribut ou l'adjectif.

L'heureuse Discrétion chanfon de GentilBernard, faite fur l'air : L'amant frivole & volage, nous a paru trop intéreffante pour ne pas la chanter ici.

Sur une écorce légere
Amants tracez votre ardeur;

Le beau nom de ma bergere
N'eft gravé que dans mon cœur.
Je n'ofe occuper ma lyre
A chanter un nom fi doux;
Echo pourroit le redire,
Et j'aurois trop de jaloux.

Corine à feindre m'engage,
Pour mieux tromper les témoins:
Ce qui lui plaît davantage,
Semble me plaire le moins.

L'herbe où fon troupeau va paître,

Voit le mien s'en écarter ;

Et je femble méconnoître

Son chien qui veut me flatter.

Vous, qu'un fol amour infpire,
connoiffez mieux le plaifir:
Vous n'aimez que pour le dire;
Nous n'aimons que pour jouir.
Corine, que ce myftere

Dure autant que nos amours!
L'amant content doit fe taire :
Fais-moi taire, pour toujours.

On trouve le fujet dans les mots nom, écorce, amour, amant; & l'attribut ou l'adjectif dans légere, beau, doux, fol, content.

L'efprit & l'art ne doivent point paroître dans la chanfon érotique ; auffi la poéfie de L'ami des enfants est-elle douce, fimple, facile, fouvent pleine de grace & toujours naturelle; joignons à ces différents caracteres l'expreffion fidelle du fentiment qui tient lieu de ces images brillantes, de ces hardieffes de ftyle, de ces tours vifs & énergiques que refpire le langage poétique, & que la fimplicité du genre bannira toujours.Parmi

les chanfons érotiques qui font forties de la plume de ce poëte harmonieux, celle qu'il adreffe au lit de fa mie le diftingue honorablement de la foule des faifeurs de vers; elle fera connoître les différentes fortes de verbes qu'admettent nos grammairiens (1). L'air en eft affez connu.

O Lit charmant! 'où ma Myrthé
Dort en paix, quoique fans défense;
Temple fecret de la beauté,
Vas, ne crains rien de ma présence;
Je puis trouver la volupté

Au fein même de l'innocence.

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(1) Les grammairiens comptent trois fortes de verbes, le verbe actif qui marque une action faite par le fujer; le verbe paffif qui en marque une reçue, foufferte par le fujet; & le verbe neutre qui n'exprime que l'état du fujet.....

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Que tu dois me voir amoureux
Dans ce fonge qui te caresse !
Mais un fonge, au gré de mes vœux
Te peindroit-il donc ma tendreffe,
Lorfque moi-même je ne peux
T'en exprimer toute l'ivreffe?

Si, jufqu'au retour du foleil,
Baigne de l'air qu'elle refpire,
J'ofois ici de fon fommeil
Partager l'aimable délire!
Si je pouvois, à son réveil,
Surprendre fon premier fourire !

Mais non, de ces vœux indifcrets

Loin de moi l'ardeur égarée.

Dors, ma Myrthé, repose en paix:

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Qu'en cette retraite facrée
Tout foit pur comme tes attraits,
Timide comme ta pensée!

S'il m'en coûte quelques foupirs
A m'arracher de ta préfence,
Je n'y perds pas tous mes plaisirs : «
Sans offenfer ton innocence,
J'emporte avec moi mes defirs १
Et les douceurs de l'efpérance.

Où l'on voit que les verbes dort, repose font des verbes neutress baigné un verbe paffif; & les autres tels que trouver, laiffe, prête, agite, &c. des verbes actifs.

La Mufe qui préfide aux poéfies érotiques & légeres, femble avoir diftingué M. Maréchal de la foule de fes adorateurs. Ce poëte fait répandre dans fes chanfons la facilité, l'harmonie & la fimplicité, mérite rare aujourd'hui parmi nos chanfonniers,

L'Arithmétique, chanfon faite fur l'air: Nous fommes précepteurs d'amour, donnera encore une connoiflance plus fatisfaifante des différentes fortes de verbes, (excepté le verbe neutre qui ne fe trouve dans aucun des quatrains.)

Life, par fantaisie, un jour
Voulut favoir l'arithmétique:
Rien n'eft étranger à l'Amour ;
De Javoir tout l'Amour fe pique.

Il lui donna donc des leçons :
Life, dans peu, fut très-habile;
C'étoit pour elle des chanfons:
L'Amour fait rendre tout facile.

Voici comment il s'y prenoit :
Il donnoit trois baifers à Life,"
Que Life auffi-tôt lui rendoit,
En évitant toute méprife,

De ces baifers donnés & pris,
Chacun tenoit compte fidele :
L'Amour, des calculs réunis,
Offroit le total à la belle.

S'applaudiffant de ces progrès,
A fon éleve, notre efpiegle
Méditant de nouveaux fuccès,
Démontra la feconde regle.

Il y paffa légérement;
L'Amour n'aime point à fouftraire.
La troifieme, plus amplement,
Fut expliquée à l'écoliere.

Il voulut tant multiplier ! ...

Le calcul devint inutile;
De lui donner tout fans compter,
La belle trouva plus facile.

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