Mais par un malheur, A quoi que je n'penfois guere, Qu'alle en tombit de frayeur. Puis j'n'fai pourquoi, Mais d'la voir ainfi par terre Ça m'caufit d'l'effroi, Tant qu'mes genoux manquir'fous moi. D'tomber à mon tour C'eft ben extraordinaire ! D'tomber à mon tour, En cherchant ce qu'c'eft que l'amour! Quand à c'qu'eft d'l'amour, Dont on nous fait un myftere, Je le faurons quelque jour. C'eft à M. Delormel de la Rotiere que nous devons cette chanfon villageoife. L'orthographe des mots dont on fe fert le plus fouvent, va maintenant remplir nos loifirs: des couplets tirés de différentes chanfons, feront connoître aux dames la maniere de les orthographier. a & à. a s'écrit fans accent lorfqu'il eft verbe ; & l'on connoît qu'il eft verbe lorfqu'il a un nom ou un pronom qui fert de correfpondant. Le couplet qui fuit, fur l'air : Avec les jeux dans le village, eft de M. Simon, & vient à l'appui de cette regle. De la rofe qui vient d'éclorre, Et ce que l'on voit eft l'auguré Des beautés qu'on n'apperçoit pas. M. Prévost d'Exmes vient encor étayer notre fentiment par ce couplet qui eft fur l'air : Tendre fruit des pleurs de l'aurore. Non, la raifon n'eut jamais d'armes Et celui-ci juftifie encor la même regle; il eft fur l'air : Reveillez-vous, belle endormie. Des foupirs, une langueur tendre, à s'écrit avec l'accent T l'accent grave lorfqu'il eft article; & il est toujours article quand il n'a pas de nom ou de pronom qui puiffe lui fervir de correfpondant. Mad. de Beauharnais fera connoître cette regle dans fa chanson (Mes vœux à la folie ), qui eft fur l'air Amour, commence le tableau. Charme des nortels & des Dieux, Tu fais même embellir les jeux; Le plaifir naît de ton ivreffe. Je me donne à toi pour toujours, Je te préfere à la tendreffe; C'eft en attendant ton retour Que les pauvres amants fommeillent : Ce font tes grelots qui l'éveillent. On lira avec le même intérêt les poéfies de Mad. la comteffe de Beauharnais. La verfification en eft douce, harmonieufe. Un pinceau tantôt noble, tantôt délicat, & toujours facile, fait retracer à propos le beau défordre de Pin dare, & les graces d'Anacréon. Le portrait que ce digne éleve de Melpomene fait de notre na→ tion, eft plein de finesse & de vérité, & préfente à la fois une tournure de penfées lumineufes & piquantes. Les vers en font fi bien frappés qu'il feroit prefque impoffible d'en faire qui fuffent marqués au même coin de fagacité. Quoique ce portrait n'ait ce portrait n'ait pas été mis en chanfon il fervira d'exemple à la regle précédente; il eft d'ailleurs trop intéreffant, trop vrai, , pour le fouftraire aux regards des François. Tous vos goûts font inconféquents ; Un rien change vos caracteres ; Un rien commande à vos penchants; Vous auriez tous de la raison. Nous citerons encor la chanfon fuivante, pour faire connoître que à prend toujours l'accent grave, lorfqu'il n'a point de correfpondant. L'Innocente de quatorze ans. Air: Un jour Guillot trouva Lifette. A quatotze ans, qu'on eft novice! Mais le moyen qu'on m'éclairciffe, La jouiffance d'une rofe, i bis. Peut rendre heureux tous mes moments, Eh! comment aimer autre chofe A quatorze ans, à quatorze ans ! C'eft à l'auteur de Vert-vert, poëme charmant & inimitable, que nous devons cette chanson. On eft généralement convaincu que les poéfies légeres de M. Greffet font ce que nous avons de mieux pour l'aifance, le naturel, les graces & la fimplicité. Les négligences même qu'on y trouve font autant de beautés, par l'intérêt séduifant qu'elles portent avec elles. Peu de comédies offrent un modele de verfification comme le Méchant : aifance dans le dialogue, précifion, élégance, variété dans le ftyle, caracteres bien contenus, deffinés avec fineffe, rendus avec vérité, |