Sous un faux nom le fentiment s'excufe ; Mais fes amants, dans le fond de leur ame, L'un d'eux pourtant, ambulante pagode, Avec éclat fe produit fur fes pas; Brillants atours mots, mines à la mode Sont employés; on ne l'apperçoit pas. De tels muguets que l'engeance est méchante! Malheur à qui s'en laiffe environner! Ils vont lorgnant une belle innocente, Se difputant l'honneur de la damner. En vers galants, faits pour Alexandrine, «Si vous jugez crimes impardonnables » Les feux d'amour dont on brûle pour vous, Vous ne verrez jamais que des coupables; » Mais, croyez-moi, je le fuis plus qu'eux tous. >> Fuyons, dit-elle, en fa douleur profonde; Allons gémir au fond des monuments. Comment peut-on vivre en paix dans le monde, Quand par malheur on y fait des amants? Dès cet inftant, voilant toujours fes charmes, Dans l'appareil du plus funefte deuil, Pour paffe-temps elle verfoit des larmes Et pour fofa elle avoit un cercueil. Dans fon printemps, voir le talent de plaire Comme un malheur; vouloir s'en délivrer, Quel rare exemple! Un ange de lumiere Vint tout exprès du ciel pour l'admirer. O cherubins, tremblez! elle eft trop belle; Où l'on voit que les verbes fe difoit, s'abuse, fe produit, font des verbes réfléchis; & fe troubler, fe difputant, des verbes réciproques. M. le comte de Treffan confacroit à l'étude des fciences & à la culture des beaux-arts, les moments de loifir que lui laiffoient les fonctions de fon état. L'hiftoire, la morale, la métaphyfique, l'éloquence, la poéfie, &c. tout étoit du reffort de fon efprit pénétrant & actif. Ce littérateur eftimable, dans les matieres qu'il a traitées, ne fe montra jamais au-deffous de fon fujet ; & ce qui eft bien digne de notre admiration, C'eft que malgré fes liaisons avec feu M. de Voltaire & d'autres écrivains licencieux, il refta fidele non-feulement aux vrais principes, mais il les défendit encor contre les attaques de ces mêmes écrivains. Les poéfies de M. le comte de Treffan font pleines de délicateffe de naturel, de douceur, de fineffe & d'enjouement. Jamais auteur ne s'eft mieux peint dans fes ouvrages; pour peu qu'on les life avec attention, on y trouve à découvert le tableau de fon ame & la trempe de fon caractere. On y voit l'imagination la plus vive & la plus féconde un efprit flexible & un cœur fenfible jusqu'à l'excès. Ses chanfons refpirent une vivacité de coloris, une richeffe d'expreffion, & réuniffent aux graces touchantes des Chaulieu, la douce morale des Lattaignant, des Bernard & des Pavillon. Nous en citerons trois, La premiere & la feconde donneront une idéé fatisfaifante du verbe réfléchi; la troifieme fera connoître le verbe imperfonnel. M. le comte de Treffan adreffe à fa fille celle-ci, qu'on ne fauroit trop répéter. Tout le monde en connoît l'air : Chere Hébé, vois la nature J'ai bien payé cette tofe. Mais j'apperçois un nuage Tu ne fais encor que plaire Sans redouter un vainqueur. La fuivante eft fur l'air: Ah! combien l'Amour a de charmes. Elle eft adreffée à Mile. de *** Le printemps ne fait point éclore Sans ceffe une grace nouvelle Plus heureux qui pourra vous plaire ; Que rien ne puiffe l'en diftraire ; Qu'il foit fans ceffe à vos genoux! Qu'il vous dife..... je vous adore....? Qu'il puiffe l'être plus encore Que vos regards & votre chant. Dans ces deux chanfons les verbes fe parer s'épure, fe dévoile, peuvent être confidérés comme verbes réfléchis. Celle-ci eft fur l'air : Martin, moine de Mife. De notre hôteffe aimable Buvons la fanté : Du feul bien véritable Son cœur enchanté, Appelle Bacchus à fa table Et la liberté. Suivons tous la folie Qui naîtra du vin; Tout ici nous convie A nous mettre en train; Mais il faut qu'ici tout s'oublie L'avant-dernier vers renferme le verbe im perfonnel. Le couplet qui fuit eft plein de graces; il eft adreffé à une jolie femme, & eft fur l'air : De l'oiseau Toifeau qui t'a fait envie. Le troifieme vers renferme également le verbe imperfonnel. Du Dieu qui fait que l'on soupire, Ceffez d'appréhender les feux. On Céder fans de fàcheux retours; On ne s'y bleffe pas toujours. Que ne fuis - je la fougere? eft l'air de celui - ci, qui étaie le même précepte. Il faut bien à la jeuneffe N'eft pas un crime fi grand: Quand le Dieu d'Amour nous bleffe, Pour excufe on a souvent L'exemple de la fageffe, Qui, fans bruit, en fait autant. Voilà les différentes fortes de verbes en général, dont la langue françoise eft fufceptible. On faura maintenant que conjuguer un verbe c'eft le rendre avec toutes les modifications dont il eft fufceptible, lefquelles confiftent en nombre, perfonnes, temps & modes: Quant au nombre, je défigne le fingulier dans les verbes, & nous indique le pluriel. M. de Coulanges (l'Anacréon du fiecle dernier, & l'agrément des fociétés de fon temps, par la vivacité de fon efprit & la gaieté de fon carac C |