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Je la voudrois moins belle que gentille:
Trop de fadeur fuit de près la beauté
Simples attraits peignent la volupté;
Jolis minois du feu d'amour pétille.

Je la voudrois moins coquette que tendre,
Sans être agnès ayant peu de defirs,
Sans les chercher fe livrant aux plaifirs,
Les augmentant en voulant s'en défendre.

Je la voudrois fans goût pour la parure,
Sans négliger le foin de fes appas ;
Quelque peu d'art qui ne s'apperçoit pas,
Ajoute encor au prix de la nature.

Je la voudrois n'ayant pas d'autre envie,
D'autre bonheur que celui de m'aimer.
Si cet objet, Amour, peut

De te fervir je ferai la folie.

fe trouver

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Le même temps fe trouve dans le couplet fui vant, fait fur l'air: La lumiere la plus pure :

Que veux-tu que je te donne

Pour bouquet en ce moment!
Si j'avois une couronne
Je t'en ferois le préfent.
Mon embarras eft extrême,

Car je ne poffede rien ;

En t'offrant un cœur qui t'aime,

C'eft te redonner ton bien.

L'Avaricieuse nous chantant ces couplets de du Frefny, fur l'air : Réveillez-vous belle endormie, nous fait connoître en même temps le condition nel passë ( 1 ) dans le dernier quatrain.

Philis plus avare qué tendre,

Ne gagnant rien à refuser

(1) Ce temps marque une chofe qui fe feroit faite on l'avoit voulu

D

Un jour exigea de Sylvandre
Trente moutons pour un baifer.

Le lendemain, nouvelle affaire,
Pour le berger le troc fut bon;
Il exigea de la bergere
Trente baifers pour un mouton.

Le lendemain, Philis plus tendre,
Craignant de moins plaire au berger,
Fut trop heureuse de lui rendre
Tous les moutons pour un baiser.

Le lendemain, Philis peu fage,
Auroit donné moutons & chien
Pour un baifer que le volage

A Lifette donna pour rien.

Nous avons parlé de l'impératif ; ce mode n'a pas de temps. Nous ne répéterons point également les temps du fubjonctif par l'analogie qu'ils ont avec ceux de l'indicatif. Pour l'infinitif, il renferme les temps fuivants : le préfent, le 'parfait, le participe actif préfent, le participe paffif, le gérondif préfent & le gérondif paffe. On fait que tous les infinitifs des verbes font terminés ou en er, ou en ir, ou en oir, ou en re. M. le comte de Treffan nous fait fentir ces différentes terminaifons dans la chanfon fuivante; elle eft fur l'air: Je vais te voir, charmante Life.

Te voir, t'aimer & te le dire,
Fera fans ceffe mon bonheur ;
Je faurai cacher un martyre
Que tu plains au fond de ton cœur :
Les maux que fait souffrir l'absence
Sont les plus douloureux pour moi.
Je crains moins ton indifférence
Que de vivre éloigné de toi,

Le préfent de l'infinitif eft le premier temps de ce mode. Il marque un préfent relatif au verbe qui le précede. Tout ce qui peut éveiller la curiofité des femmes, & prêter des graces à l'imagination, leur convient mieux qu'à nous. La poéfie a toujours été un champ affez vafte où elles ont pu s'exercer concurremment avec nous; Quelques-unes d'entr'elles nous y ont même furpaffé fans nous humilier. Nous faurons toujours au fexe d'autant plus de gré de fes connoiffances, que c'eft pour plaire au nôtre qu'il s'empreffe d'ailleurs de les acquérir. Le coloris & la fraîcheur du pinceau de Mad. de C. égalent la délicateffe & le brillant des Bouffler & des Chaulieu. Le couplet fuivant fur l'air : Philis demande fon portrait, l'on trouve l'exemple du préfent de l'infinitif, nous donnera une idée de la mufe de cette femme aimable :

Si Tyrcis alloit deviner
Combien il m'intéreffe,

Je ne pourrois me pardonner

L'excès de ma foibleffe.

Hélas! contraignez-vous, mes yeux)

Vous avez l'air trop tendre ;

Mon cœur, taifez bien tous mes feux :

Un foupir peut s'entendre.

L'amour préférable à l'indifférence, chanson fur l'air: De Poifeau qui t'a fait envie, ou Avec les jeux dans le village, nous donnera encore une idée de ce temps,

Te voir, t'aimer & t'en inftruire,
Fut l'ouvrage d'un feul moment :
Ofe m'aimer & me le dire.
Doit-on rougir du fentiment?

Dz

Jeune Philis, on n'eft févere
Que quand on ne peut pas charmer;
Mais lorsqu'on eft faite pour plaire,
On eft faite auffi pour aimer.

Jouis de l'inftant du bel âge, Les fleurs fe fanent fans retour : Viens avec moi fous cet ombrage, Nous y célébrerons l'Amour. Vois ces prés, ces lits de verdure, Tout y peint le Dieu que je fens, Les ruiffeaux par leur doux murmure, Et les roffignols par leurs chants.

Vois ce berger fur la fougere, Dont ces côteaux font émaillés, Dans les regards de fa bergere, Confondre les regards troublés. Tous deux, guidés par la nature, Pleins d'amour, de timidité, Goûtent une volupté pure, Préférable à la liberté.

L'eau qui careffe ce rivage,
La rofe qui s'offre au zéphir,
Le vent qui rit dans ce feuillage,
Tout dit qu'aimer eft un plaifir.
Une égale & fincere flamme
Sait rendre doublement heureux :
Les indifférents n'ont qu'une ame
Lorsque l'on aime on en a deux.

En vain la raifon trop auftere.
S'arme contre un fi doux penchant
La loi rigoureuse & févere
En profcrit l'abus feulement.

Il n'eft point de cœurs invincibles
Tôt ou tard il faut s'enflammer.
Le ciel nous eût fait infenfibles,
S'il nous eût défendu d'aimer.

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Du tendre feu qui me confume,
Partage les brûlants defirs;

Que ton cœur, s'il se peut, s'allume
A l'haleine de mes foupirs;

Loin qu'un fi beau transport t'offense,
Daigne l'éprouver à ton tour:.

Un fiecle entier d'indifférence

Ne vaut pas un moment d'amour.

Le quatrain qui fuit, fur l'air : Dans un bois folitaire & fombre, fera connoître le parfait de l'in finitif, qui marque un paffé relatif au verbe qui le précede. (C'est l'impromptu d'un berger.)

Jeune & gentille bérgerette,

Je perdis bientôt la raifon.

De t'avoir vu l'aut' jour seulette
Folâtrer fur le verd gazon.

Le participe (1) eft la cinquieme partie du difcours : on lui donne le nom de participe, parce qu'il tient de la nature du verbe & de celle du nom adjectif. Nous chanterons ce temps de l'infinitif, dans le couplet fuivant; il eft fur l'air : Avec les jeux dans le village. Ce font les reproches d'un berger à un autre berger;

Je te vis danfant sur l'herbette,

En menant paître ton troupeau;

Je te vis amusant Colette

Par les doux fons d'un chalumeau;

(1) Le participe eft actif ou paffif. Lorsqu'il eft participe actif, il est toujours terminé par ant, & marque une action qui rejaillit fur la perfonne à qui l'on parle. Lorsqu'il eft participe passif, il eft terminé ordinairement ou en é, ou en i, ou en ert, ou en u, & défigne une chose paffée,

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