Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Une touche fimple, harmonieuse préfide à la chanfon fuivante, & fera connoître avec la même facilité le nom fubftantif: ( C'est le baiser de Cloris.) Elle eft fur l'air: Nous fommes précepteurs d'amour. Que ne fuis-je encor un enfant !

Je n'avois troupeau, ni houlette;
Je n'allois aux champs feulement
Que pour cueillir la violette.

Je vis Cloris; bientôt j'aimai:
Dieux! que mon ame fut ravie !
Le premier vau que je formai`,
Fut de l'aimer toute ma vie. ^.

Apprenez-moi, lui dis-je un jour,
Un fecret que mon cœur ignore :
N'eft-ce point ce qu'on nomme amour,
Un feu qui brûle & qui dévore?

Bel enfant ! me répond Cloris,
Me baifant avec un air tendre,
Sans le favoir, tu m'as appris
Ce

que de moi tu veux apprendre.

En grandiffant, je perds fon cœur ;

Elle l'a repris, l'infidelle!

Mais fon baifer & mon ardeur

Me refteront en dépit d'elle.

Les mots enfant, troupeau, houlette, champs, violette, &c. font également des noms fubftantifs. Le joli couplet qui fuit, eft de M. l'abbé de Lattaignant, & fera connoître encor cette premiere partie du difcours. Il eft fur l'air : De tous les capucins du monde, & eft adreffé à madame la comteffe de ***.

[ocr errors]

Que de vertus & que de graces 0
Tel qui pourroit fuivre vos traces,

1

Iroit tout droit dans ce faint lieu
De délices inexprimables;

Mais votre exemple mene à Dieu,
Et votre mine à tous les Diables.

L'élégant traducteur des géorgiques de Virgile nous fait fentir la différence qu'il y a entre le nom fubftantif dont nous venons de parler, & l'adjectif qu'on trouvera dans les différents quatrains qui compofent la chanfon fuivante : elle eft adreffée à Mad. *** fur le gain d'un procès, & a été faite, fur l'air des folies d'Espagne.

Vous triomphez; ma joie eft extrême : ebuminio Ah! dès long-temps tout feroit décidé, ᏚᎥ vous euffiez follicité vous-même :

Mieux que Gerbier, vos yeux auroient plaidé.

Vos doux attraits, brillants fans artifice,

· Auroient dicté les arrêts de la cour,.

Et le bandeau de l'aveugle Juftice

Auroit fait place au bandeau de l'Amour.

Enfin la cour a jugé votre affaire;

Mais de votre ame, ou bien de vos attraits,
Qui doit en vous davantage nous plaire ?
Charmante Eglé, c'eft encore un procès.

[ocr errors]

Les mots extrême, doux, brillant, aveugle charmante font des noms adjectifs, parce qu'ils qualifient le nom auquel ils font joints.

Les deux couplets qui fuivent, faits fur un tourtereau tué à la chaffe, font pleins de délicateffe & de fentiment tout à la fois, & peignent l'adjectif avec beaucoup d'énergie ; ils font fur l'air: Vous qui du vulgaire ftupide.

Cœur pur où régnoit l'innocence,
Touchante image du bonheur,

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

On lira avec plaifir ces vers; ils font pleins de naturel & de graces, & viennent à l'appui du même précepte.

[ocr errors]

Air: De l'oifeau qui t'a fait envie,

༥།

Sur la rofe une jeune abeille
Dérobe un précieux butin;
Sur cette fleur auffi vermeille
Vois-tu les traces du larcin?
Tel ce doux baifer de ta bouché
N'a point altéré ta beauté ;
Eglé, ne fois point fi farouche,

Mon bonheur ne t'a rien ôté.

L'almanach des Mufes retentit fouvent des chants de M. Bonnier de Layens. Sa jolie chanfon (la féinte rupture) qui eft fur l'air : Un jour Guillot trouva Lifette, a paru nous donner une idée trop fatisfarsante du nom adjectif, pour ne pas la

citer ici.

Enfin je renonce aux délices
Que tu promettois à mon cœur ;

[ocr errors]
[blocks in formation]

AW

lieux tu me vois encore ;

pour l

la derniere fois.

r

Adieu... mais quoi tu me rappelles!
Sans rougir tu me prends le bras!
me p
Pourquoi nos mains s'uniffent-elles

[ocr errors]

Quand nos cœurs ne s'entendent pas!
Ah! ce coup d'oeil vient de m'inftruire,
Tu veux aller au petit bois...

Hé bien, foit, je vais t'y conduire;
Mais c'eft pour la dernière fois,

Que ta main eft douce & bien faite !
Que tes bras font éblouissants !
Qu'à travers cette collerette
J'apperçois d'attraits ravissants I
J'aurois fait mon bonheur Juprême
De vivre toujours fous tes loix ...
Tu vois encor combien je t'aime;
Mais c'eft pour la demiere fois.

Grands Dieux ! que ton fouris eft tendre }
Comme il appelle le baifer! A¶
En vain je voulois me défendre,
Je fens mon courroux s'appaifer.
Qui fourit avec tant de grace,
Séduiroit les cours les plus froids..
Viens, friponne, que je t'embraffe
Mais c'est pour la derniere fois.

Ainfi je croyois fuir la belle,
Quand elle me dit tendrement:
Je ne feignis d'être infidelle
Que pour éprouver mon amant.

Pardonne-moi d'avoir pu craindre;
Rends à mon coeur fes anciens droits;
Le tien a fujet de fe plaindre ;

Mais c'eft pour la derniere fois.

La feconde partie du difcours eft l'article (1). Cette chanfon faite fur l'air: Vous, qui du vulgaire Stupide, eft adreffée à une aimable Glycere, & défigne très-bien les articles.

[ocr errors]

Aime-moi bien, à ma Glycere!
Aime-moi bien, je veux t'adorer:
Puiffe le feu le plus fincere,
Sur ta vertu te raffurer!

Crains peu la priere importune,
Qui naît d'un coupable defir ;
"Ce n'eft qu'une beauté commune
Qui donne le goût du plaifir.

Une amante fage & fidelle l
Que guide le pur fentiment,
Sait, par une route plus belle,I
A jamáis fixer un amant. :
On la voit, par un feul fourire, vi
Payer le prix de fon ardeur :
L'amant délicat qui foupire,
N'exige que le don du cœur.

Une faveur, une careffe,
Sont les récompenfes du temps;
Ces délices de la tendreffe

N'appartiennent qu'aux coeurs conftants.

Un baifer qu'offre une Bacchante,

Fait fuir la modefte pudeur':'

Celui qu'on prend à fon amante,

Devient le fceau du vrai bonheur.

(1) Les articles font de petits mots qui fe mettent avant les autres. En voici le nombre; le, la, les, de, du, des, à, au, aux, ò̟, un, une,

« AnteriorContinuar »