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fons que nous allons citer feront connoître tous les adverbes.

Des traits de chaleur & de facilité caractérifent les poéfies de M. Saurin. Ses chanfons furtout refpirent cette gaieté, cette aisance qu'on ne puife qu'à la cour. Celle que ce charmant auteur adreffe à M. Collé, nous fera d'abord connoître les adverbes de temps, les adverbes de maniere & les adverbes de lieu. Elle eft fur l'air: Et zon, zon, zon, que le vin eft bon !

Jadis à table, entre les pots,
Rouloient & couplets & bons mots :
Cette joie eft bannie!

Le bon air, hélas ! dans Paris,

Déclare roturiers les ris!

Décemment on s'ennuie.

Gens qui fe difent du bon ton,

Ne veulent plus qu'on chante: zon,
Et bon, bon, bon,

Que le vin eft bon!

Il confole la vie.

De Momus joyeux favori,

Qui, chez Michaut, menant Henri,

Les fait trinquer à table;

Crois-tu que ce fameux héros,

Par fa bonté, par fes propos

A jamais adorable,

Seroit aujourd'hui du bon tọn,

Lui qui fimplement grand & bon,

Chanteroit zon,

Que le vin eft bạn,..

Près d'un objet aimable?

verbes, en adverbes de lieu, en adverbes de temps, en adverbes de quantité & en adverbes de maniere. Ici & la font des adverbes de lieu; aujourd'hui, demain, hier, bientôt, des adverbes de temps; beaucoup & peu des adverbes de quantité.... doucement & forte ment, des adverbes de qualité & de maniere, ...

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Et dans nos meilleures maifons
Gens bariolés de cordons,

Difent tout haut:

C'eft de l'or qu'il faut,

L'honneur eft inutile.

Mon cher Collé, mon vieil ami,
Toi qui fi long-temps as gėmi
Du trifte goût moderne,
Qu'à l'Angloife, des furieux
Defcendent, en bravant les cieux,

Aux gouffres de l'Averne:

Mais nous des rofes du printemps,
Couronnons l'hiver de nos ans ;
Et fi jamais

Nous mourons exprès,
Confentons qu'on nous berne.

Malgré le fiecle où nous vivons
Ofons donner pour compagnons
Les ris à la vieilleffe :

A l'exemple d'Anacréón,
Il faut dans l'arriere - faifon,
Egayer la fageffe,

Et fouvent, le verre à la main,
Dire à Philis: « Objet divin,
» Verfez tout plein;

>> Beaux yeux & bon vin

» Rappellent la jeuneffe. »

Où l'on voit que jadis, jamais, aujourd'hui ? long-temps, fouvent, font des adverbes de temps: où un adverbe de lieu fimplement & décemment des adverbes de maniere. La chanfon fuivante

Hous

nous donnera une idée des adverbes de quantité; elle eft fur l'air: Des folies d'Espagne.

Tout mon efprit, quand je ne fuis point ivre,
Ne me fournit qu'un mot ou deux :

Mais quand j'ai bu, je parle comme un livre,
Et j'en dis plus cent fois que je ne veux.

A trop aimer, l'ame fe déconcerte ;
L'on perd l'efprit & la raifon qu'on a :
Mais en buvant, elle eft toujours alerte ;
Et l'efprit vient quand la raison s'en va.

Les mots en caracteres italiques sont autant d'adverbes de quantité.

L'auteur de. Dupuis & Defronnais, fi connu dans un temps, dans les meilleures fociétés de la capitale, par des vaudevilles, des parodies & des chanfons, nous donne dans une des dernieres productions de ce genre, marquée au coin.. du bon goût, un exemple des différentes fortes d'adverbes qu'admet la langue françoise. C'est la complainte d'une femme à fentiment; elle est fur l'air De mon Berger volage.

Dans le fiecle où nous fommes,

Qu'on s'aime foiblement !

L'on ne peut chez les hommes,

Trouver de fentiment.

Tyrcis n'eft point volage;

Son cœur eft trop usé ;

Se peut-il qu'à fon âge

Un cœur foit épuisé ?

Tu jures que tu m'aimes;
Mais c'eft bien froidement !
Tyrcis, tes ferments mêmes
Redoublent mon tourment.

F

Laiffe le vain langage

Des ferments fuperflus ;
Aime-moi davantage,
Et ne le jure plus.

Quels deftins font les nôtres!
Pourquoi fuis-tu mes pas ?
Tu n'en aimes point d'autres ;
Mais tu ne m'aimes pas.
Quand ton cœur léthargique
N'eft plus fenfible à rien,
Ingrat, ce qui me pique,
C'eft que je fens le mien.

Comment! rien ne ranimé
Tes défirs languiffants? . . .
Ce n'eft pas que j'eftime
Les vains plaifirs des fens :
Mais que ton cœur s'enflamme
Du moins par mes tranfports!
Eh quoi ! même ton ame
A perdu fes refforts!

Dans cette complainte, il eft facile de voir également que le mot où eft un adverbe de lieu; quand, un adverbe de temps; comment, foiblement, froidement, des adverbes de maniere ; & trop, davantage, plus, des adverbes de quantité.

La prépofition eft la septieme partie du discours; elle eft bien comme l'adverbe un mot indéclinable; mais elle fe met devant le mot qu'elle régit; au lieu que l'adverbe ne peut régir aucun nom. Voici les différentes fortes de prépofitions qu'admettent les grammairiens. Celles qui marquent la place font : chez, dans, devant, derriere, parmi, fous, fur, vers.

Celles qui marquent l'ordre, font: avant, après, entre, depuis.

Celles qui marquent l'union, c'eft-à-dire, qui fervent à unir & à rapprocher les chofes, font: avec, durant, outre, pendant, felon, fuivant.

Celles qui marquent la féparation, font : fans, excepté, hors

hormis.

Celles qui marquent l'oppofition, font: contre, malgré, nonobftant.

Celles qui marquent le but, font: envers, touchant, pour.

Celles qui marquent la spécification, font: à, de, en.

Les chanfons fuivantes, toutes marquées au coin de l'agrément & de la gaieté, feront connoître cette feptieme partie du difcours.

L'Amour & les Nymphes; fur l'air : Dans un bois folitaire & fombre, fera la premiere que nous citerons; elle eft de M. le cardinal de Bernis.

Auprès d'une féconde fource,
D'où coule cent petits ruiffeaux,
L'Amour, fatigué de fa course,
Dormoit fur un lit de rofeaux.

Les Naïades, fans déance,

S'avancent d'un pas concerté,
Et toutes, en un grand filence,
Admirent fa jeune beauté.

Ma foeur, que fa bouche eft vermeille,
Dit l'une d'un ton difcret!

L'Amour, qui l'entend, fe réveille,

Et fe félicité en fecret.

11 cache fes deffeins perfides

Sous un air engageant & doux :

Les Nymphes, bientôt moins timides;
Le font affeoir fur leurs genoux.

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