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Eucharis, Naïs & Thémire,
Couronnent fa tête de fleurs:
L'Amour, d'un gracieux fourire

Répond à toutes leurs faveurs.

Mais, bientôt, aux flammes cruelles
Qui brûlent la nuit & le jour,
Ces indifcrettes immortelles
Connurent le perfide Amour.

Ah! rendez-nous, Dieu de Cythere,
Difent-elles, notre repos !
Pourquoi le troubler, téméraire ?
Nous brûlons au milieu des eaux !

Nourriffez plutôt fans vous plaindre,
Répond l'Amour, mes tendres feux;
Je les allume quand je veux;

Mais je ne faurois les éteindre.

M. l'abbé de Lattaignant, dans fa chanfon pour la fête des Rois, nous dépeint avec autant de grace que de facilité cette même partie du difcours ; elle est sur l'air : Pour passer douce

ment la vie.

Le fort tour-à-tour nous couronne,
Et nous donne une autorité
Que, fans foibleffe, on abandonne,
Comme on en jouit fans fierté.

Ainfi que le temps, le vin coule ;
Du meilleur, pour nous, on fait choix ;
Et c'eft-là la divine ampoule,

Qui fert au facre de nos rois.

Tous nos jours font des jours de fêtes ;
La paix regne dans notre cour;
Nous n'entreprenons des conquêtes,
Que fous les drapeaux de l'Amour.

Jamais l'intérêt ne nous brouille,
Bacchus fait nous accorder tous:
Quand le fceptre tombe en quenouille,
L'empire n'en eft que plus doux.

Ce que l'on dit dans notre empire,
Ne doit point être répété ;
On commettroit, en l'ofant dire,
Un crime de leze-majefté.

Vous régnez avec moi, ma belle ;
Partagez des honneurs trop courts:
Si ma couronne étoit réelle,
Vous feriez reine pour toujours.

Un coloris brillant, des images riantes, des détails piquants, de la fineffe, une tournure d'efprit agréable, des comparaifons ingénieufes, une touche délicate & facile, préfident tour-àtour aux chanfons de M. Dorat..... Chantons la partie du difcours dont nous parlons, dans l'ombre de Gabrielle: Romance que ce digne éleve de Melpomene a faite fur l'air: De la Romance de Gabrielle.

Charmante Gabrielle,

Toi fi chere à nos cœurs,
Que ton ombre fidelle
Se couronne de fleurs !
Paris te rend hommage

En ce momen: ;
Il applaudit l'image
De ton amant.

Adorable maîtreffe

Du plus grand des Henris,
Que j'aime ta foibleffe,
Combien je te chéris!

C'eft trop peu qu'une belle

Puiffe charmer;

Pour fe rendre immortelle,

Il faut aimer.

Nos rives retentiffent

Du nom de ton héros ;
Ses palmes refleuriffent
Sous de riants pinceaux;
Ils femblent nous le rendre :
Chez les François,

Un roi gai, brave & tendre
Ne meurt jamais.

Que dis-je il reffufcite,
Il vient nous confoler!

Louis déjà l'imite,

Et veut lui reffembler:

L'ame & les foins d'un pere,

Il les aura;

Ce qu'Henri vouloit faire,
11 le fera.

Nous citerons encore cette Paftorale gui eft fur l'air A notre bonheur l'Amour préfide; elle nous donnera une idée plus fatisfaifante des prépofitions. Ce font les regrets de The

mire.

Je reconnois ce trifte bocage,

Si funefte à ma félicité :

C'eft fur ce gazon, fous cet ombrage
Que j'ai perdu ma tranquillité:
C'est là que Tyrcis, fur fa mufette,
D'une ardeur parfaite

Exprimoit les feux

J'y fis l'aveu d'un amour extrême,
Qui, malgré moi-même,
Parut dans mes yeux.

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Certaine rougeur fur mon visage,
Mon air diftrait, mon fein agité,
Mon innocence & mon peu d'ufage,
Tout lui dévoiloit la vérité :

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Il me prend la main, j'étois tremblante;
Mon trouble s'augmente

A chaque moment :

Pour combattre le feu qui l'anime,

Ma bouche s'exprime,

Mon cœur la dément.

Oui, Thémire, oui, je vous adore,

Me répétoit-il, fi tendrement :
Que je ne voie jamais l'aurore

Si je ceffe d'être votre amant!

Si je renonce au foin de vous plaire,

D'une autre bergere

Si je fuis les pas,

Que le tendre Amour, qui voit ma flamme,

Ne livre mon ame

Qu'à des cœurs ingrats.

Le bruit des ruiffeaux, cette verdure,

Et la préfence de mon vainqueur,
Dans cet inftant, tout, dans la naturę,

Se réuniffoit contre mon coeur :

Les premiers efforts de fa tendreffe
Sont, par ma fagesse,

D'abord repouffés ;

Je n'ofe en exprimer davantage...

Il devint volage

C'eft en dire affez.

Pour peu qu'on réfléchiffe, on connoîtra aifément les différentes fortes de prépofitions que nous avons annoncées : cette derniere chanfon pastorale, feule, suffiroit.

La huitieme partie du difcours eft la conjonction. Pour la diftinguer de l'adverbe & de la prépofition, il fuffit de favoir qu'elle joint les membres du difcours; ce que ne font pas l'adverbe & la prépofition, Voici à peu près, le tableau des

conjonctions: oui, oui-dà, point du tout, peut-être, auffi, ni, &, ou, à la bonne heure, mais, néanmoins, fi, que, pourtant, c'est-à-dire, comme, en effet, or, à peine, cependant, dès que, auffi-tôt, tandis que, &c. On les trouvera dans les chanfons

qui fuivent.

M. Aude ne verra point, comme quelques verfificateurs, fes couronnes poétiques fe flétrir, fe deffécher, & devenir un exemple capable de corriger dans la fuite les mufes diffipées, inconftantes & volontaires. Ce poëte agréable s'eft toujours défié de lui-même, n'a point négligé les bons modeles, & ne s'eft point trop preffé de mettre au jour ce qui exigeoit du travail & des foins. Ses poéfies & fes chanfons principalement, font pleines de naturel, de fentiment de douceur; nous pouvons même ajouter, fans rien hafarder, qu'une imagination riante & féconde y préfide prefque toujours.

,

L'amante généreufe, chanfon fur l'air: La lumiere la plus pure, en nous donnant une idée de ce poëte, en donneroit une fuffifante des con jonctions.

Dès que la riante aurore
S'ouvroit les portes du jour,
Le perfide Mélidore
Venoit me parler d'amour;
Quand le foleil, fur nos plaines,
Promenoit fon char brûlant,
Affis au bord des fontaines,
Il me peignoit fon tourment.

Si la nuit, couvrant la terre,
Nous furprenoit en ces lieux
Le trompeur à fa bergere

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