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Parloit encor de fes feux.

Je n'entends plus fa mufette;
Un autre a reçu fa foi :

Il ne vit que pour Lifette,

Il devoit mourir pour moi.

Bois, rochers, flots & rivage,
Seuls témoins de mon ardeur,
Vous favez fi le volage

Avoit pu fixer mon cœur :
Dans le foin qui me dévore,
Servez mes tranfports jaloux;
Arrêtez... non, j'aime encore:
Bois & rochers, taifez-vous.

Autant nous reffentons de plaifir à lire Vert vert, poëme charmant par la fraîcheur & la vivacité de coloris, autant nous aimons à nous repaître l'idée de la nobleffe, des penfées, de la fineffe & de la richeffe d'imagination que préfente le fiecle paftoral, chanfon (1) que l'auteur du Méchant, de la Prude, de l'Indiferet, a faite fur l'air: Vous qui du vulgaire ftupide, ou fur celui-ci; Avec les jeux dans le village.

Précieux jours dont fut ornée
La jeuneffe de l'univers,
Par quelle trifte destinée

N'êtes-vous plus que dans nos vers!
Votre douceur charmante & pure
Caufe nos regrets fuperflus;

Telle qu'une rendre peinture

D'un aimable objet qui n'eft plus.

(1) Nous avons fouillé dans beaucoup de recueils pour trouver une chanfon qui donnât une idée auffi fatisfaifante des conjonctions: celle que nous chons de Greffet, nous a paru l'emporter fur toutes les autres.

La terre, auffi riche que belle, Uniffoit dans ces heureux temps Les fruits d'une automne éternelle, Aux fleurs d'un éternel printemps. Tout l'univers étoit champêtre, Tous les hommes étoient bergers; Les noms de fujet & de maître Leur étoient encore étrangers.

Sous cette jufte indépendance,
Compagne de l'égalité,

Tous, dans une même abondance,
Goûtoient même tranquillité:

Leurs toits étoient d'épais feuillages,
L'ombre des faules leurs lambris ;
Les temples étoient des bocages,
Les autels des gazons fleuris.

Ils ignoroient les arts pénibles,
Et les travaux nés du befoin;'
Des arts enjoués & paifibles

La culture fit tout leur foin.
La tendre & touchante harmonie
A leurs jeux doit fes premiers airs;
A leur noble & libre génie,
Apollon doit fes premiers vers.

On ignoroit dans leurs retraites
Les noirs chagrins, les vains defirs,
Les efpérances inquietes,

Les longs remords des courts plaifirs:
L'intérêt au fein de la terre

N'avoit point ravi les métaux,
Ni foufflé le feu de la guerre,
Ni fait des chemins fur les eaus

Les pafteurs dans leur héritage Coulant leurs jours jufqu'au tombea Ne connoiffoient que le rivage Qui les avoit vus au berçezmi

Tous, dans d'innocentes délices,
Unis par des noeuds pleins d'attraits,
Paffoient leur jeuneffe fans vices,
Et leur vieilleffe fans regrets.

La bergere aimable & fidelle
Ne fe piquoit pas de favoir;
Elle ne favoit qu'être belle,
Et fuivre la loi du devoir :
La fougere étoit fa toilette;
Son miroir, le cryftal des eaux ;
La jonquille & la violette
Etoient fes atours les plus beaux.

On la voyoit dans fa parure

Aufi fimple que fes brebis :
De leur toifon commode & pure

Elle fe filoit des habits.

regne heureux de la nature !

Quel dieu nous rendra tes beaux jours?

Juftice, égalité, droiture,

Que n'avez-vous régné toujours ?

Ne peins-je point une chimere!

Ce charmant fiecle a-t-il été ?
D'un auteur témoin oculaire
En fait-on la réalité ?

J'ouvre les faftes fur cet âge:
Par-tout je trouve des regrets;
Tous ceux qui m'en offrent l'image,
Se plaignent d'être nés après

Les mots en caracteres italiques, dans les deux chanfons, défignent les conjonctions.

Nous obferverons que le mot que eft conjonction lorfque le verbe eft régi par lui. Ce couplet, de M. le vicomte de la Poujade, fur l'air : Réveil

lez-vous, belle endormie, va confirmer ce que nous avançons. Il eft adreffé à M. de ***, miniftre.

A l'étonnement je me livre,

Et je ne crois point avoir tort,

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Quand, pour me donner de quoi vivre,
Vous attendez que je fois mort.

Mais fi ce même que fe rapporte au nom qui le précede, alors il devient pronom relatif. On verra cette différence dans ce quatrain du même auteur, fur le même air. Sa grande modeftie l'a porté à juger ainfi fes poéfies.

Ne croyez pas que je me flatte

Sur le prix des vers que je fais;
C'eft de la profe que je gâte

Par la cadence que j'y mets.

Où il eft facile de voir que le mot que ceffe d'être conjonction, parce qu'il fe rapporte au nom qui le précede.

On fera bien-aife de trouver ici le charmant couplet de Mad. de Saintonge, que ce digne nourriffon des Mufes adreffe à une de fes amies qui fe plaignoit de fon âge.

Il vous fied bien, charmante Iris,

De calculer votre âge,

Lorfque les graces & les ris

Sont fur votre visage!
Votre teint vif eft du printemps

Une image fidelle :

C'eft favoir arrêter le temps

Que d'être toujours belle.

Les mots en caracteres italiques, défignent éga lement les conjonctions.

Nous voici à la derniere partie du difcours

qui eft l'interjection. C'est un mot indéclinable
dont on fe fert pour exprimer les paffions, comme
la douleur, la colere, la joie, la haine, l'admira-
tion. Ainfi les mots ah! hélas ! fi! fi done! oh!
aih! hihi! hem! oh eh! ouf! holà!
gare
! holà-ho!
chut! hu! dia! haha! font des interjections. Le
couplet qui fuit
fuit, fur l'air Comme v'la qu'eft
fait, fuffiroit pour nous donner l'idée la plus fa-
tisfaifante de cette derniere partie du difcours.

Maman dit que l'Amour eft traître,
Qu'il tourmente comme un lutin ;
Je voudrois pourtant le connoître,
Dit un jour Agnès à Colin :
Mon defir eft inexprimable ;

Veux-tu bien me le montrer ? Oui :

Inftruire un jeune objet aimable,

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Nous citerons encore les deux chanfons fuivantes, qui confirmeront avec autant d'énergie l'interjection. La premiere eft l'ignorante inftruite, de M. ***; cette chanfon réunit à l'intérêt touchant qu'elle infpire, une fraîcheur, une vivacité de coloris, & par-deffus tout, la fimplicité & la naïveté qu'on trouve dans celles du bon la Fontaine.

Eglé, fous un ombrage frais,
Soupiroit fe croyant feulette :
Deux tourterelles, tout auprès,
Se contoient tendrement fleurette.
Auffi-tôt elle s'écria,

Avec une joie inquiete,

Hélas! qu'eft-ce donc que cela?
Hélas! qu'eft-ce donc que cela?

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