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Parmi les fleurs, lorsque je vois
Couler le ruiffeau qui ferpente,
Je rêve, & bientôt, malgré moi,
Je foupire, je me tourmente :
Je ne fais quoi, que je fens là,
Fait que je fuis trifte & contente.
Hélas! qu'eft-ce donc que cela ?

Si j'entends quelques airs touchants
Sur la mufette de Sylvandre,
Mon cœur eft ému de fes chants;
Je me hâte de les apprendre ;

Je les répete..

ah! le voilà!
Fuyons... mais il a l'air fi tendre!
Hélas! qu'eft-ce donc que cela ?

Sylvandre amoureux & foumis,
Se jette aux genoux de la belle :
Il ofe demander le prix
Que mérite une ardeur fidelle :
Avec transport il la preffa.
Que me veux-tu ? s'écria-t-elle.
Hélas ! qu'eft-ce donc que cela ?

Dans le dernier couplet, le mot que fera un que admiratif, par conféquent une espece d'in

terjection.

L'Amour caché là tout auprès,

Perça le cœur de la bergere :
Comment réfifter à fes traits,

Lancés dans l'ombre & le myftere ?

Églé tendrement foupira,

Et dit, en quittant l'air févere,

Que n'ai-je fu plutôt cela!

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Celle-ci eft du chanoine de Tours. C'eft la Niaife rufée. Tout le monde en connoît l'air.

Charlotte, avec les amis
On ne doit pas avoir honte:

Cette automne... ah! j'en frémis....
Il faut que je te le conte....
Aye, aye, aye, Jeannette;
Jeannette dye, aye, aye.

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Je le fuivis bonnement
Du vallon dans un bois fombre:
Auprès d'un ruiffeau charmant,
Nous nous affimes à l'ombre.
Aye, aye, aye, Jeannette
Jeannette, aye, aye, aye.

Il me tenoit des difcours
D'un air fi vif & fi tendre,
Qu'en vérité des plus fourds
Il fe feroit fait entendre.
Aye, aye, aye, Jeannette;
Jeannette, aye, aye, aye.

Je ne fus pas deux inftants
Sans raison & fans courage;
Et quand j'eus repris mes fens,
Je le trouvai bien plus fage.
Aye, aye, aye, Jeannette ;
Jeannette, aye, aye, aye.

Pardon il me demanda;

Ainfi finit la querelle;
Mais je puis me vanter da,
De l'avoir échappé belle.
Aye, aye, aye, Jeannette;
Jeannette, aye, aye, aye,

RECAPITULATION

DES PARTIES DU DICOURS.

IL Ly a donc neuf parties dans le difcours. 1o. Le nom qui exprime le fujet dont on parle, ou l'objet d'une idée. Il y en a de deux fortes, le fubftantif & l'adjectif. Le premier exprime un objet déterminé, fans égard à fes qualités; ou fi l'on veut une chofe qui fubfifte par elle-même, comme bijoux, chapeau, manteau. Le fecond eft un nom vague qui exprime fimplement une qualité rouge, blanc, violet, font des noms adjectifs. 2°. L'article qui eft un petit mot qui fe met avant un autre : le, la, de, du, &c.

3°. Le pronom qui tient ordinairement la place d'un nom qu'il repréfente, & dont il épargne la répétition. Le détail que nous avons fait de cette troifieme partie du difcours au commencement de cet ouvrage, nous a paru affez étendu pour ne pas le répéter ici.

4°. Le verbe qui eft un mot dont l'ufage eft d'exprimer une affirmation de quelque chofe, ou une opération, ou une action du corps : je chante je joue, je danse.

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5°. Le participe eft un nom adjectif qui a quelque propriété du verbe comme aimant, aimé 6°. L'adverbe ainfi appellé parce qu'il fe joint ordinairement au verbe, dont il modifie la fignification, comme corriger doucement, rudement. Cette fixieme partie du difcours eft in

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déclinable, c'est-à-dire, qu'elle n'eft fufceptible ni de genre, ni de nombre, comme le feroient le nom, le pronom; elle ne fe conjugue point auffi comme fait le verbe.

7°. La prépofition qui s'appelle ainfi, parce qu'ordinairement elle prétede un mot qu'elle régit.

89. La conjonction, ainfi nommée, parce qu'elle fert à lier les diverfes parties du difcours.

9°. Enfin, l'interjection qui fert à exprimer les divers mouvements de l'ame.

Dans aucun chanfonnier nous n'avons pu trouver une chanfon affez longue pour donner un dé→ tail circonstancié des parties du difcours.

Le Cheval gris, conte charmant de M. Imbert, nous en présenterà un tableau fatisfaisant.

En Champagne jadis vivoit un chevalier',
Riche en vertus, pauvre en finance.
Falloit-il en champ clos, en combat fingulier,
Donner des preuves de vaillance?

Il étoit le premier à battre & le dernier.
De fes exploits auffi la renommée,
De bouche en bouche étoit par-tout femée.
Dans fon voifinage vivoit

Un vieux & riche gentilhomme;
Et ce vieux gentilhomme avoit
Sa fille qui lors achevoit

Son quinzieme printemps : c'eft Nina qu'on la nomme

Le ciel avoit fait à Nina

Une ame tendre, un efprit angélique ;
Et quant à la beauté, nature lui donna
Tout ce que l'art imagina.

Pour les Vénus qu'enfante un cerveau pcétique,
Ajoutez que le fort avoit fu la pourvoir

De riche dot; ce mot vaut qu'on l'écoute :

Le bien n'eft pas une vertu fans doute;

G

Mais il ne gâte point celles qu'on peut avoir.
Le chevalier avec peu d'efpérance,

Brûla d'abord pour sa beauté,

Enfuite, il fit parler avec tant d'éloquence,
Et fon amour & fa vaillance,

Que fon amour fut écouté.

Mais le pere en conçut une frayeur extrême,
Défendit à Nina d'ofer l'entretenir,

Et

par fon froid accueil il fit fi bien lui-même Qu'il acheva de le bannir.}

Par cette cruelle défense,

Nos deux amants perdoient jufqu'à l'espérance De fe revoir même furtivement.

Le vieillard qu'enchaînoient l'âge & la défiance, Ne fortoit plus de fon appartement.

Son châtel occupoit la cîme

D'un monticule escarpé, ruineux;

Un très-large foffé, profond comme un abîmé,
Le remparoit de buiffons épineux ;

Un pont - levis étoit le feul paffage
Par où le chevalier pût tenter l'abordage.
Mais comment faire ? Et par quel art
Trompera-t-il ce vieux renard,
Qui jadis, à travers les grilles

Et les verroux,

S'étoit formé dans l'art de charmer jeunes fil.
Et d'endormir les argus, les jaloux ?

On n'eût pu contre lui trouver de ftratagême,
Qu'autrefois le vieillard n'eût employé lui-même.
Comme fans nul projet, fort triftement un jour
Le chevalier rodoit autour

Du château que nature avoit trop fu défendre,
Il vit une porte où l'on pouvoit s'entendre,
S'entretenir fans être vu;

Par un bois bien couvert un fentier

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Sembloit l'inviter à s'y rendre.

Dès le jour même, il fut affez heureux

Pour en avertir fa maîtreffe,

peu connu

Qui s'y rendit auffi. Là, ces cœurs amoureux

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