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que vous avez fait ou de ce que vous avez voulu faire. Il faut bien après cela que le bonheur éternel d'une vie à laquelle vous ne fongez point, vous devienne indifferent. Mais le moyen que vous agiffiez avec courage. & avec patience, ne fçachant point où vous allez ? Qui entreprend un long voyage s'il ne fçait où il va, & s'il ne défire d'arriver? Défirez donc, mais avec ardeur & avec une fainte impatience, d'arriver à une vie éternellement bienheureuse; & foyez bien perfuadée que ce n'est que dans la priere que le

défir des biens érernels s'entretient & s'échauffe; & que ce feu célefte ne s'allume, Pf.st

comme dit le Prophéte, que *

dans une profonde méditation des miferes de cette vie, & de la félicité de l'autre. Voilà, outre les raifons communes à tous les fideles qui doivent prier fans relâche, les motifs particuliers qui doivent vous porter à aimer la priere, à y mettre votre confiance, à la regarder comme une fource de graces pour vous, & comme un remede très-préfent aux maladies dont vous n'ayez pû guérir jusqu'à cette heure.

2. Maniere de prier. Il faut le faire de cœur ; & pour cela etre bien pénétré du fentiment de fa mifere, & de fon indigence générale.

MA

14. 15.

Ais comment prierez-vous? Saint Paul vous l'apprend en deux mots. Je prierai, dit-il, du cœur & 1. Cor. de l'efprit. Je joindrai le fentiment & l'amour à la penfée & à l'intelligence. Et c'eft ce que le Fils de Dieu difoit à la Samaritaine, que le tems étoit venu que les Joan. 4véritables adorateurs de fon" Pere l'adoreroient en efprit & en vérité. La priere & l'adoration partent d'un même principe. On honore Dieu quand on le prie, fe

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lon ce qu'il dit lui-même par le Prophéte: Vous m'invoquerez, & vous me rendrez en implorant mon fe

cours,

l'honneur

me devez.

que vous

Mais comme on n'adore Dieu qu'en l'aimant, felon

Lettre faint Augustin, on ne le prie auffi que par l'amour, & l'on ne fe fait entendre à lui que par la voie de la charité, selon le même Pere. » C'est » l'amour qui demande, dit-il, » c'eft l'amour qui cherche » & c'est l'amour qui frappe » à la porte. C'est la charité elle-même, dit-il ailleurs, qui gémit : c'eft elle qui prie; » & Dieu qui l'a répandue dans »notre cœur, ne fçauroit lui » fermer fes oreilles. C'eft le » cœur qui parle à Dieu, com

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me

me c'est la bouche qui parle « aux hommes."Quelque bruit qu'on faffe au-dehors, quel que faintes que foient les penfées, quelque tendres que foient les pfeaumesqu'on récite, fi le cœur n'aime pas, tout eft muet : car Dieu n'écoute que le cœur & le cœur ne parle que par la

charité..

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Ainfi la priere, quand elle eft fincere, eft bien moins l'effet de l'efprit de l'homme que de l'Esprit de Dieu. Car c'eft à ce divin Efprit à amollir la dureté de notre cœur,. & à nous faire fentir le poids de notre mifere; à nous découvrir la grandeur & la -multitude de nos bleffures; à nous faire gémir, & à gémir lui-même pour nous, le

B

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