26.

12, 10.

Rom. 8. lon l'expreffion de l'Ecriture; à exciter en nous de faints défirs, & à nous enflammer de fon amour. C'eft la doctrine de S. Paul; & Dieu nous l'avoit apprise par un Prophéte long-tems avant cet Apôtre, lorfqu'il nous Zach avoit promis de répandre fur les fideles l'efprit de grace & de priere. Ce n'est donc point par des efforts d'imagination, ni par des raisonnemens étudiés, ni par des réflexions humaines, que fe forme la véritable priere; & faint Augustin a grande raifon de dire « qu'elle fe » forme plûtôt par nos foû"pirs que par nos difcours; parnoslarmes,queparnos paroles." Auffi l'Ecriture nous affure en plufieurs endroits

que Dieu n'écoute point les cris de ceux qui l'invoquent fans l'aimer, & qu'il écoute au contraire la difpofition & la préparation du cœur de ceux qui l'aiment fans lui parler, ni fans lui rien dire. Ce fut ainfi que David fut exaucé avant même qu'il· eût formé diftinctement fa

priere. J'ai J'ai conçu le deffein, P.;. dit-il à Dieu, de vous confeffer mon impiété, & de m'accufer devant vous ; & voilà que vous m'avez pardonné mon crime. Ses larmes étoient fa priere; & pour rendre graces à Dieu de ce qu'il l'avoit écouté, il fe contente de lui dire qu'il a regardé fes larmes. « Il ré- « pandoit fon ame en fa préfence comme de l'eau, felon «

8.

10.

qu'il le dit lui-même. » Il lui̇` découvroit le fond de fon cœur, en ne lui difant que ce 37. peu de paroles : Seigneur, tous mes défirs font devant Vous & mon gémiffement ne vous eft point caché. Il se profternoit en fa préfence comme un malade, com+ me un homme mourant

comme un pauvre desti tué de tout, comme une perfonne accablée par fes ennemis, fans affistance & fans protection, comme cou vert de bleffûres, comme plein d'injustice comme vendu fous le péché, comme rempli de ténébres & d'illu fions & ce fentiment trèsprofond & très-vif de fa mifere, étoit une priere trèsexcellente..

C'est ainsi que vous de vez prier. Les autres maniéres font beaucoup moins fûres, & ne vous conviennent pas. Appliquez-vous à reconnoître cet abîme infini d'indigence, de corruption, & de foibleffe qui eft caché en vous. Défirez de toute l'étendue de votre cœur que. J. C. vous en délivre qu'il devienne votre justice, votre innocence votre force, & votre lumiere; & qu'il détruise ce que vous avez reçû d'Adam, & ce que vous y avez ajoûté, afin que vous deveniez une nouvelle créature par grace & par fon Efprit. Et jettez enfuite dans fon fein toutes vos peines & toutes: vos inquiétudes avec une

fa

20.

foi pleine de confiance &

d'amour.

Luc. 16. Préfentez-vous devant Dieu comme le Lazare dont parle l'Evangile, qui étoit couché à la porte du mauvais riche.

3.0.

Le 10. Souvenez-vous que l'état de cet homme qui fut volé, dépouillé, couvert de bleffûres, & laiffe pour mort entre Jérufalem & Jéricho, n'eft que la figure du vôtre. Croyez, mais bien certainement, que les malades, les poffedés, les lépreux, les morts déja enfevelis & déja corrompus, fur lefquels J. Ca fait éclater fa puiflance & sa miséricorde, n'étoient que de foibles images de vos différentes miferes, qu'il a fallu représenter en différens tableaux.