votre état, ou qui ne regardent que vous.

PREMIERE PARTIE. Avis fur les devoirs communs à tous les Chrétiens.

I. DE LA PRIERE.

Ous avez befoin de beaucoup prier; nonfeulement parce que c'est à la priere que Dieu accorde tout; qu'il n'ouvre qu'à ceux qui frappent à la porte, & qu'il ne fe laiffe trouver qu'à ceux qui le cherchent: mais pour des raifons qui font moins générales, & qui vous touchent de plus près.

1. Motifs particuliers qui doivent porter la perfonne à qui l'on écrit à beaucoup prier.

J'a

'Ai remarqué que les chofes fpirituelles, & qui ne font pas fenfibles font peu d'impreffion fur votre efprit que vous ne les voyez que comme dans un éloignement; qu'elles vous échappent comme de l'air & comme de la fumée, & qu'elles vous paroiffent moins réelles & moins folides que celles qui touchent les fens. C'est un défaut qui vient de ce que vous n'exercez point votre foi, & de ce que vous la laiffez fans mouvement & fans action. La priere eft le principal exer

cice de la foi elle en eft l'ame & la vie : elle nous ap plique aux chofes que nous croyons: elle les rapproche de nous, elle les met fous yeux, elle les fait goûelle leur donne du corps

les

ter,

& de la réalité : enfin elle fait difparoître les chofes fenfibles, & elle rend préfentes celles qui font éternelles quoiqu'elles foient encore

futures:

2. Vous ne connoiffez

Dieu que bien imparfaitement. Vous vous le repréfentez fouvent tout autre qu'il n'eft. Vous vivez avec lui comme avec. un inconnu & un étranger. Vous ne comprenez point encore fa fageffe & fa bonté. Vous agiffez à fon égard avec un

déguisement, une réserve un embarras & un ferrement de cœur contraire au ref. pect, à la confiance, & à l'amour que vous lui devez. Vous vous formez une idole, au lieu d'un véritable Dieu. Vous fervez un maître fâcheux, au lieu de celui qui eft le Pere des miséricordes. Enfin vous portez un joug de fer, au lieu de celui de JESUS-CHRIST qui eft fi léger & fi doux. Je ne m'en étonne pas. II 1. Cor n'y a que l'Esprit de Dieu, felon faint Paul, qui puiffe nous faire entrer dans les fecrets & les deffeins de Dieu. Il n'y a que Dieu qui puiffe fe faire connoître, comme il n'y a point d'autre lumiere qui puiffe nous

2, 12,

faire découvrir le Soleil que la fienne : & ce n'est que dans la priere que Dieu fe communique à l'ame. Il parle dans le filence, car il veut parler feul: il nous inftruit dans le repos : il fe montre à nous comme à Moïfe & à Elie dans la folitude & dans le défert : il s'approche de ceux qui l'invoquent avec ardeur & avec humilité il fe fait voir à ceux qui purifient leur cœur pour s'en rendre dignes : il les éclaire, il eft leur maître intérieur, il les enfeigne par lui-même immédiatement. En vain tous les hommes nous enseignent, s'il ne le

fait pas.

:

3. Vous ne trouvez ordinairement que de la féche