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donc à la hâte pour avoir droit de l'entendre à loisir. J'en ai gardé la copie.

Si une centaine de lectures, affés attentives, suffisent, je crois les avoir faites à peu-près, avant que d'entreprendre l'Analyse d'un si terrible Ouvrage.

les

Je laiffai donc les Résultats, les Corollaires Suppofitions, les Sous-ententes, dont Newton est tout plein, les Gravitations, les Attractions, le Vuide même.

Mais je m'attachai fortement, & avec une forte d'âpreté au Corps de l'Arbre, au Tronc, aux Racines, & tout au plus aux quatre ou cinq Maîtreffes Branches qui ne peuvent se soutenir ou tomber, fans entraîner tout ce menu branchage, qui ne mérite pas, en vérité, qu'on s'amuse à l'éplucher en détail.

L'Optique même de Newton, avec ses Réfrangibilités & fes Colorabilités, n'étant point encore alors venue à ma connoissance, j'en perdis d'autant moins de vûë mon véritable objet.

Voici donc mon plan, ou plutôt celui de Newton, que je mets en regard avec celui de Descartes, afin qu'on en juge mieux : d'autant plus que Newton, qui n'a cité, je crois, que trois fois Descartés, & toujours pour le critiquer séchement, comme quelqu'un qui lui déplaisoit fort, l'a comme fuivi tacitement par tout, je dis fuivi ou poursuivi pour le fuir mieux & le contredire plus fû

rement.

On en dira ce qu'on voudra. Je ne trouve pas le Procédé de Newton avec Defcartes affés franc, affés noble, affés philosophique. Une critique ouverte & mesurée me paroît convenir mieux.

Je me flate qu'on va me trouver fort impartial entre çes deux illuftres Rivaux, & que le cœur au moins ne fera pour rien dans la difpute, de quelque côté que l'efprit la faffe pancher,

PREMIERE

de Clermont Intel del.

Ingram Sculp,

PREMIERE ANALYSE.

PLAN GENERAL

'DU SYSTÈME NEWTONIEN EN GRAND; Comparé au Systême général de DESCartes.

C

'EST dommage pour Newton, que Descartes l'ait prévenu, fans quoi il auroit été un Defcartes pour la Phyfique, comme il l'a fùrement été pour la Géometrie.

Car celle-ci allant pas à pas d'une découverte à l'autre; il y en a affés dans la région du poffible, pour tous les efprits capables de s'y fignaler: au lieu que tout a été dit en Physique, & qu'heureux eft le premier qui, en disant bien, ne laiffe à son émule, que la gloire de lui fervir d'écho, ou la honte de s'égarer en lui refufant cet hommage.

C

Je doute pourtant que Descartes ait tout dit, ou tout bien dit; & qu'il n'y eut pas après lui beaucoup à glaner pour un homme tel que Newton.

Newton, je pense, valoit bien Descartes pour legénie. C'étoient pourtant deux génies differens.

L'Anglois n'avoit pas la facilité du génie du François : ce qui peut n'être qu'un fimple air de Nation, c'eftà-dire, une affaire de pure éducation. Car il en avoit toute la force & l'étenduë.

On dit, or je crois que c'eft en Angleterre même qu'on dit, qu'à génies égaux, le François bâtit en hauteur, & l'Anglois en profondeur: celui-là au-dessus, celuici au-deffous du niveau de la Terre; l'un en dehors, l'autre en dedans. Si ce n'eft pas là le caractere des deux Nations, c'est celui des deux grands hommes en question.

Descartes a penfe en grand fur la Nature; &, quoique tout le monde ne veuille pas en convenir, je trouve que Newton a penfé en grand auffi fur le même sujet.

Defcartes a eu l'ambition de faire un monde. Newton n'a pas eu à cet égard une moindre ambition. C'est la même forte d'ambition dans le cœur humain, que -celle qui aiguillonna le Grand Alexandre à le conquerir.

Le troifiéme Livre des Principes Mathematiques de la Philofophie naturelle, eft uniquement intitulé de Mundi fyftemate: & fûrement dans ce Livre, il n'eft queftion d'aucun petit détail de Physique, mais seulement du Systême général & aftronomique de l'Univers.

Qu'on ne m'objecte pas que le moindre Auteur de Physique intitule fon Livre': Du Systême du Monde.

Ce petit Auteur n'eft point Auteur, car on prodigue ce nom. Il est Copiste. Newton eft l'Inventeur & le propre Auteur de fon Systême.

Le Point de vue général de l'Univers, présente un nombre de Corps arrondis autour de leurs Centres propres & intérieurs, & roulans dans des Orbes circulaires ou elliptiques, les uns autour des autres, & fe fervant mutuellement de Centres extérieurs.

Le commun des Phyficiens panchés vers le détail des Corps particuliers & terreftres, perdent facilement ce grand Point de vûë, par lequel les génies élevés commencent ordinairement à philofopher.

Tous les grands Corps de l'Univers, le Soleil, la Lune, la Terre, les Planetes, les Etoiles, les Cometes mêmes, font des corps ronds ou à peu-près.

La Lune roule autour de la Terre, les Satellites de Jupiter autour de Jupiter, toutes les Planetes autour du Soleil, &c.

Ces deux Points, 1°. l'arrondiffement des Aftres, 2o. la rondeur fimple ou modifiée de leurs mouvemens, font ce que j'appelle le Grand de la Phyfique, & de la nature qui en eft l'objet. Et tout fe réduit à une multitude. de Centres, Centres de deux efpeces.

1o. Centres de matiere.

2o. Centres de mouvement, autour desquels tout le grand détail de l'Univers affecte, s'il n'atteint la plus exacte rondeur.

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