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Nioul

LE VRAI SYSTEME

DE

PHYSIQUE GÉNÉRALE

DU CELEBRE

M. ISAAC NEWTON.

DISCOURS PRELIMINAIRE.

H

ORACE veut qu'on fupprime neuf ans, après l'avoir fait, tout Ouvrage, fait pour le

Public.

Il y en a le double, il y a même vingt ans

que je croyois celui-ci prêt à imprimer.

Il eft bon, que dans l'entreprise, & dans l'exécution de ces fortes d'Ouvrages, pénibles & difficiles, on se flatte un peu. On ne feroit rien fans cela.

A

A peine avois-je mis à celui-ci la derniere main, que je pouvois y mettre alors, que je commençai à envisager plus férieusement que je n'avois encore fait, la difproportion, & à craindre le préjugé de l'âge, auquel j'avois ofé me mesurer, en quelque forte, avec le grand Newton.

Il étoit encore plein de vie, & par cet endroit & par mille autres, il méritoit bien cette crainte ou ce respect.

C'étoit quelque chofe il y a 18 ou 20 ans, que de fe donner feulement dans le monde, pour quelqu'un qui entendoit Newton. C'eut donc été un crime, d'avoir ofé le contredire, & n'être pas en tout de fon avis.

Ce malheur m'étoit arrivé tout bonnement, & je ne m'étois pas fenti fi hardi, en fuivant, à cet égard, le fil naturel de mes études ordinaires, tournées depuis quelques années de ce côté-là.

La réflexion me rendit donc plus timide ou plus circonfpe&t: & cet Ouvrage couroit rifque de ne jamais voir le jour, par la raison que plus on délibere fur quelque chofe, plus on trouve de raisons d'en déliberer à l'infini.

D'autres raisons ont prévalu. Le Public feroit peu curieux d'en être inftruit; les perfonalités n'intéreffant gueres qu'un Auteur, qui s'en laiffe enyvrer dans une longue Préface.

J'étois cependant tout plein de cet Ouvrage, que je

n'avois pas fait fans y bien penfer ; & Newton me venoit toujours à la traverse, dans tous les fujets que je pouvois traiter.

dans mon

Je ne laiffai donc pas, il y a 14 ou 15 ans, Traité de Phyfique fur la Pefanteur, imprimé chés Cailleau en 1724. de détacher bien des morceaux de l'Ouvrage supprimé, pour les inférer dans ce dernier.

Et dans divers Journaux en divers tems, j'en laiffai transpirer bien des traits, à mesure que les Développemens du Systême Newtonien qui gagnoit, m'en fourniffoient à tous momens l'occafion.

Car pendant ce tems-là, c'est-à-dire, pendant les dernieres vingt années qui viennent de s'écouler, Newton s'eft fort développé.

Je dis developpé, par le nombre des mains qui y ont travaillé, & par la célébrité & l'éclat qu'elles ont fçu donner à leur travail.

Ce travail a été pour & contre; mais plus fouvent pour, que contre Newton.

On a plutôt fait avec ce redoutable Géometre, de lui rendre les armes, & de fe déclarer fon très-humble Disciple.

Cela fait honneur, donne un air de Géométrie & de Profondeur, & n'engage à rien; Newton, felon le nouveau stile, ayant tout trouvé, & tout démontré, pour ceux qui veulent bien le fuppofer.

Je remarquerai même, que la plûpart de ceux qui fe font le plus annoncés pour refuter Newton, ne l'ont fait le plus fouvent qu'en idée ou pour la forme ; qu'en mille points intéreffans ils lui ont cédé la victoire, fouvent fans s'en appercevoir, & fans le vouloir.

Qu'enfin les Cartefiens en général les plus déterminés, lui ont abandonné communément plus de terrain qu'ils n'en ont défendu; & toujours au préjudice de celui qu'ils ont cru défendre, & qui eft plus près qu'ils ne pensent de leur échapper, peut-être tout-à-fait.

Pour n'être pas Newtonien, & pour contredire Newton, il en doit coûter la peine de le poffeder, & d'être comme lui Aftronome, Méchanicien, & fur tout Géometre.

Car Newton eft les trois au parfait dans fes Principes Mathématiques de la Philofophie naturelle, dont il s'agit uniquement ici, puifqu'il s'agit de fon fyftême de Phyfique générale.

1°. Que Newton foit Aftronome dans ce Livre, peuton en douter? il faudroit ne l'avoir pas lû, il n'y eft question que du fyftême du Monde, & nommément du fyftême du Ciel, du Soleil, des Planetes, des Cometes, des Etoiles, de leurs pofitions refpectives, de leurs Mouvemens, de leurs Orbes, de leurs Noeuds, de leurs Apfides, de leurs Revolutions, de leurs Anomalies, de leurs Phénomenes, &c.

2°. Que Newton foit auffi Méchanicien qu'Aftrono

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