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vinciaux, comme ils en avaient eu avant le chapitre généralissime d'Assise. En conséquence de cette permission, ils s'assemblèrent à Saint-Paul hors les murs de Bologne, et y élurent des vicaires provinciaux pour toutes les provinces de l'Observance en Italie. Les Français, comme nous avons dit, avaient eu permission d'élire des vicaires généraux, par un décret du concile de Constance. Le pape Martin V en avait aussi accordé aux Observants d'Espagne, de Portugal, de Bavière et du marquisat de Brandebourg, avec cette différence, qu'on n'avait pas donné tant d'autorité à ceux-ci qu'à ceux de France, qui furent les premiers qui eurent des vicaires généraux, puisqu'ils en avaient en 1415, et que l'on n'en trouve point d'établis en Italie par autorité apostolique avant l'an 1438, que le général Guillaume de Casal nomma pour son vicaire général sur tous les religieux de l'Observance en Italie, saint Bernardin de Sienne, que le pape confirma dans cet office, par un bref donné à Ferrare le 1er septembre de la même année. Ce pontife était si affectionné pour les religieux de l'Observance, qu'à la considération de Nicolas d'Auximas, vicaire de la province de Saint-Ange, qu'il considérait beaucoup, il exempla entièrement les Observants de la juridiction des généraux des Conventuels, et donna toute autorité à leurs vicaires généraux; mais Guillaume de Casal, qui était allé en France, en étant de retour, fit une sévère réprimande à ce Nicolas d'Auximas, en présence des religieux et de saint Bernardin de Sienne, et obtint du pape la révocation de cette exemption.

L'an 1443, on tint un chapitre général à Padoue Albert de Sarthiano, vicaire géné ral de l'ordre, qui des Conventuels était passé chez les Observants, y présida. Il se trouva à ce chapitre plus de deux mille religieux tant Conventuels qu'Observants. Le pape souhaitait que cet Albert de Sarthiano, dont il connaissait le mérite et le zèle pour la réforme, fût élu général; mais comme les Conventuels étaient en plus grand nombre, l'élection tomba sur Antoine de Rusconi de Côme. Quoique cette élection déplût à Sa Sainteté, il la confirma néanmoins, pour ne pas déplaire à Philippe-Marie Sforze, duc de Milan, avec lequel il s'était réconcilié depuis peu, craignant que, s'il refusait d'accepter pour général un de ses sujets, il n'attribuat ce refus à un reste de ressentiment ou de vengeance.

Ce pontife divisa les Observants en deux familles, l'une de deçà les monts, l'autre de delà les monts. Saint Jean Capistran fut fait vicaire général sur les cismontains, et Jean Maubert sur les ultramontains: il y cut des conférences au sujet de l'autorité qu'on donnerait à ces vicaires généraux; on s'en rapporta à quatre cardinaux, qui décidèrent qu'ils auraient la même autorité sur les Observants que le général avait sur tout l'ordre. Les divisions augmentant tous les jours entre les Observants et les Conventuels, le pape jugea que, pour les mettre d'accord, il DICTIONN. DES ORDRES RELIGIEUX. III.

n'y avait pas de meilleur expédient que colui de les séparer, ordonnant, par une bulle de 1446, que les Observants cismontains tiendraient leurs chapitres généraux séparément de ceux des Conventuels, qu'ils y éliraient un vicaire général qui serait confirmé par le général, et qu'il aurait toute autorité sur les religieux de son obéissance, et donna aussi une autre bulle de la même teneur en faveur des Observants ultramontains. En vertu de cette bulle, les cismontains tinrent leur chapitre général à Rome, dans le couvent d'Araceli, où saint Jean Capistran ayant renoncé à son office de vicaire général, on en élut un autre à sa place. Les Conventuels tinrent dans le même temps un chapitre général à Montpellier. Le général étant de retour de France, ne voulut pas confirmer le nouveau vicaire général des Observants cismontains; mais le pape lui écrivit fortement sur le refus qu'il en faisait, et le confirma de son autorité. Il fit en même temps expédier deux bulles en faveur des Observants : par la première il ordonna que tous les couvents et tous les ermitages que ces religieux avaient avant la célébration du chapitre général seraient entièrement soumis à leurs vicaires généraux, et par la seconde il donna pouvoir à Jean Maubert, vicaire général des Observants ultramontains, de convoquer un chapitre général, d'y faire des statuts ou règlements et tout ce qui conviendrait pour le maintien et l'augmentation de la réforme.

Les Conventuels se récrièrent fort contre ces bulles; ils n'entreprirent rien néanmoins du vivant d'Eugène IV; mais Nicolas V lui ayant succédé l'an 1447, ils le sollicitèrent de révoquer ce que son prédécesseur avait fait, et de remettre les Observants sous la juridiction des Conventuels il y avait quelquesuns de ces Observants qui, lassés de mener une vie austère, le souhaitaient. Saint Jean Capistran prit le parti de la réforme, el parla fortement au pape; mais il ne put empêcher que les maisons de l'Observance en Castille ne fussent soumises par ce pontife à la juridiction du général par une bulle de l'an 1449. Elle fut néanmoins révoquée presque dans le même temps, lorsqu'on eut fait connaître à ce pontife que les Conventuels l'avaient obtenue sur un faux exposé. Calixte III, qui succéda à Nicolas V l'an 1455, voyant ces divisions, crut les pacifier en donnant une bulle l'an 1436, qui fut appelée la bulle d'union et de paix, par laquelle, après avoir révoqué celle d'Eugène IV, il ordonna entre autres choses, que tous les religieux de l'ordre de Saint-François, de quelque nom qu'on les appelât, obéiraient au général; que les Observants se trouveraient aux chapitres généraux et y donneraient leurs voix pour son élection; qu'ils lui nommeraient trois sujets, desquels il en choisirat un pour vicaire gnéral de l'Observance. Mais les Conventuels n'observèrent pas mieux cette bulle que celle d'Eugène IV, qui avait été révoquée, et n'en usèrent pas mieux pour cela avec les Observants, qui, se voyant toujours molestés, s'adressèrent

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au pape Pie II, qui, par une autre bulle de l'an 1458, ordonna que celle d'Eugène IV serait exécutée, el que pour le bien de la paix Jes Conventueis ne pourraient s'emparer des maisons des Observants, ni réciproquement les Observants s'introduire dans celles des Conventuels; et que l'on n'inquiéterait point ceux qui étaient passés des uns aux

autres.

Les Observants furent de nouveau inquiétés par les Conventuels sous le pontificat de Sixte IV, qui avait été général de l'ordre. Ce pape était assez porté pour l'Observance, mais le cardinal de Riario, son neveu, qui avait été aussi religieux Conventuel, appuyant ceux qui voulaient vivre dans le relachement, sollicita tellement le pontife de modérer la bulle d'Eugène IV, qui avait tant accordé d'exemptions aux Observants, qu'il se la's a vaincre par ses importunités, et résolut non-sculement de modérer ce te Lulle, mais encore de mettre tout l'ordre de Saint-François sous la conduite des Conventuels; et afin que cela fût plus stable, il vouJut que cela se fit dans un consistoire qu'il fit assembler à ce sujet, où il exposa son dessein aux cardinaux avec tant de chaleur, qu'aucun de ceux qui avaient pris jusqu'alors la défense de l'Observance n'osa parler en sa faveur. Il fit ensuite entrer dans le consistoire Marc de Bologne, vicaire des Observants cismontains, auquel il demanda les raisons qu'il pouvait alléguer pour empêcher que ses religieux ne fussent soumis à la juridiction des Conventuels. Marc de Bologne apporta pour sa défense le décret du concile de Constanc, les bulles d'Eugène IV, confirmées par ses successeurs, et la délicatesse de conscience de ceux qui ne pouvaient pas observer la règle dans sa pureté en demeurant avec des religieux qui étaient portés au relâchement; mais, voyant que, nonobstant la justice de sa cause et la force de ses raisons, il ne pouvait adoucir l'esprit du pape, il jeta à ses pieds la règle de saint François, et élevant ses yeux au ciel, il s'écria Défendez donc vous-même, Père saint François, votre règle; car tous les efforts que je fais pour la défendre sont inutiles. Celte sainte fermeté étonna le pape et suspendit l'exécution de son décret, en sorte qu'il ne décida rien pour lors; cependant les princes et les potentats de l'Europe ayant été avertis de ce qui se passait, s'intéressèrent pour l'Observance, et menacèrent de chasser tous les Conventuels de leurs Etats, si l'on détruisait cette réforme. Ils en écrivirent au pape, qui, ayant reçu leurs lettres, dit qu'il avait cru n'avoir affaire qu'à des religieux mendiants et à des gueux, et non pas à tous les princes. Ces menaces firent néanmoins un bon effet et empêchèrent le pape d'agir avec tant de précipitation. Il témoigna seulement être fort irrité contre le vicaire général Marc de Bologne, de ce qu'il avait parlé dans le consistoire avec tant de hardiesse, et de ce qu'il avait eu recours aux Juissances temporelles. Il lui ordonna de revenir de Naples, où il était allé; mais le

roi lui ayant donné avis des mauvaises dispositions du pape à son égard, il alla en Toscane. Ce pontife l'ayant su, lui envoya ordre de revenir, mais les religieux lui conseil èrent de n'en rien faire. Enfin l'esprit du pape se calma; mais Marc de Bologne, ne voulant pas encore s'y fier, aima mieux remettre le gouvernement de l'Observance entre les mains de Pierre de Naples, qui fot ensuite élu vicaire général dans le chapitre qu'il avait convoqué à Naples en 1475, en conséquence du pouvoir que Marc de Bologue lui en avail donné. Après que ce nouveau vicaire général eut obtenu sa confirmation du général, il alla trouver le pape, qui le reçul avec un accueil favorable, et ce pontife lui promit de ne plus inquieter l'Ob

servance.

Gilles Delphino, qui fut élu général dans le chapitre qui se tint à Terni l'an 1500, était si opposé à l'Observance, qu'il fit tout ce qu'il put pour la détruire. C'était un esprit inquiet, qui ne contenta pas plus les Conventuels que les Observants. Il n'y eut pendant son gouvernement que des troubles et des divisions dans l'ordre. Jules Illes voulant apaiser ordonna un chapitre généralissime à Rome l'an 1506, dans lequel, selon le projet de Gilles Delphino, tous ces troubles et divisions devaient cesser par la réunion des Conventuels et des Observants que ce général avait persuadé au pape être très-facile; mais lorsqu'il fallut examiner cette affaire, bien loin de trouver la chose aisée, on la trouva impossible; c'est pourquoi les cardinaux que le pape avait nommes pour présider à ce chapitre, après lui avoir reproché qu'il avait trompé Sa Sainteté, lui conseillérent de renoncer lui-même à son office, afin de n'avoir pas la confusion de se voir déposé. Le pape avait obligé les Observants de se trouver au chapitre; mais ayant représenté aux cardinaux que la bule d'Eugène IV leur défendait de se trouver aux élections des Conventuels, les cardinaux eurent égard à leur remontrance, et leur permirent de se relirer; ainsi l'orage dont les Observants avaient été menacés fut dissipé. Le pape donna une bulle le 16 juin pour empêcher les troubles et divisions entre les Conventuels et les Observants au sujet des frères qui passaient des uns aux autres, ordonnant que les Observants qui voudraient passer chez les Conventuels ne le pourraient pas faire sans en avoir auparavant demandé là permisson à leurs supérieurs et l'avoir obtenue, et que réciproquement les Conventuels ne pourraient pas passer chez les Observants sans en avoir aussi demandé auparavant la permission à leurs supérieurs; cependant avec cette différence, que ces derniers pourraient être reçus chez les Réformés ou Observants, quoique cette permission ne leur eût pas été accordée, pourvu qu'ils l'eussent demandée. Ce pontife, par la même bulle, commanda aux frères Clarenins, Amadéistes, Colletants, du Capuce ou du Saint-Evangile, de se mettre sous l'obéissance ou des Conventuels cu des Observants, comme nous avoas

déjà dit ailleurs, et que les maisons de ceux où il y aurait un plus grand nombre de religieux qui feraient choix des uns ou des autres, seraient réputées unies à ceux dont ce plus grand nombre aurait fait choix. Mais comme il y a toujours des esprits inquiets, ennemis du repos et de la paix, plusieurs religieux, trouvant mauvais que les congrégations des Amadéistes, des Clarenins, des Colletants, et des autres s'unissaient plutôt aux Observants qu'aux Conventuels, porterent le général Rainaud de Cottignola à obtenir du pape une bulle en faveur des Conventuels qui était fort préjudiciable aux Observants, et réduisirent toutes les anciennes constitutions à de nouvelles qu'ils avaient accommodées à leur mode et qu'ils avaient fait approuver par le cardinal protecteur pour leur donner plus de force; mais le pape s'aperçul, quelque temps après, qu'il avait été surpris par le général, et qu'il avait plutôt extorqué qu'obtenu la bulle qu'il avait donnée en faveur des Conventuels, et, afin de faire connaître combien cette action du général lui déplaisait, il voulut qu'il fût déJosé et qu'on en élút un autre à sa place; néanmoins, ne voulant pas qu'il quittât cet office sans quelque honneur, il lui donna l'archevêché de Raguse, el, par une autre bulle du 22 novembre 1510, il révoqua celle qu'il avait donnée à la sollicitation de ce gé néral.

Toutes les persécutions que les Conventuels avaient suscitées aux Observants en tant de dif férentes rencontres, dans l'intention de les dé truire, n'empêchèrent point qu'ils ne fissent un progrès considérable; car la famille cismontaine était déjà divisée, l'an 1506, en vingt-cinq provinces, sans compter la custodie de Terre-Sainte, qui comprenaient plus de sept cents couvents; et la famille ultramontaine avait vingt provinces el trois custodies, qui étaient composées de plus de six cents couvents: de sorte que la seule Observance avait en tout quarante-cinq provinces, quatre custodies, et près de quatorze cents couvents. Elle s'étendit davantage lorsqu'on eut envoyé de ses religieux pour annoncer l'Evangile dans les Indes orientales, et que les Clarenins, les Amadéistes et les autres congrégations réformées s'y joignirent. Mais elle reçut un nouveau lustre lorsque le pape Léon X lui eut donné la prééminence sur tout l'ordre de Saint-François.

Les souverains pontifes, n'ayant jamais pu terminer les différends que les Convenfuels et les Observants avaient eus ensemble, leurs bulles, leurs décrets, leurs ordonnances ayant été inutiles, Léon X, absolument résolu de mettre fin à ces différends, fit assembler à Rome, l'an 1517, un chapitre généralissime au couvent d'Araceli, qui appartenait aux Observants. Ceux-ci prièrent le pape et les cardinaux de ne les point con– traindre à faire union avec les Conventuels: celte demande, qui était opposée à la paix que l'on avait résolu derétablir, souffrit d'abord quelque difficulté, paraissant une mauvaise disposition dans les Observants, aux

quels on objecta qu'ils étaient obligés, en vertu de leur règ'e, de vivre sous un même chef; mais la réponse qu'ils donnèrent qu'ils le feraient volontiers si les Conventuels voulaient se réduire à observer la règle dans toute sa pureté, détruisit les mauvaises impressions qu'aurait pu donner cette demande, et ne servit pas peu à leur mériter l'estime du pontife et des cardinaux, qui se déclarèrent en leur faveur. Les Conventuels ayant été appelés pour déclarer leur sentiment, dirent qu'ils n'approuvaient pas l'union, si on voulait les contraindre à vivre d'une autre manière qu'ils avaient vécu jusqu'alors, et qu'ils voulaient jouir des priviléges qui leur avaient été accordés par les souverains pontifes qui avaient mis leur conscience en repos : ce que le pape ayant entendu, il les fit sortir du chapitre et leur donna l'exclusion pour l'élection du général et du chef de l'ordre, déférant cet honneur aux Observants et aux Réformés, de quelque congrégation qu'ils fussent et de quelque nom qu'on les appelat. On lut dans ce chapitre la bulle que ce ponlife fit à ce sujet, en date du 1er juin de la même année 1517, par laquelle il ordonnait, entre autres choses, que l'on élirait un ministre général de tout l'ordre de Saint-François, dont l'office ne pourrait durer que six ans; que dans cette élection il n'y aurait que les religieux réformés qui y auraient voix, et que, sous le nom de Réformés, il entendait les Observants, Amadéistes, Clarenins, Collelants, du Capuce ou du Saint-Evangile et Déchaussés, auxquels il ordonna qu'à l'ave→ nir ils quitteraient tous ces noms pour prendre celui de Frères Mineurs de la Régulière Observance; et il défendit à qui que ce fût, sous peine d'excommunication, qu'on les appelåt par moquerie les Privilégiés, les Colletants, les Bulistes, les Amadéistes, les Clarenins, de l'Evangile ou du Capuce et Bigots, ou qu'on leur donnât d'autres noms semblables. Après la lecture de cette bulle, les vocaux ayant procédé à l'élection d'un ministre général de tout l'ordre de Saint-François, le sort tomba sur Christophe de Forli, qui était vicaire général de la famille cismontaine. Les Conventuels, ayant aussi tenu leur chapitre séparément dans le même temps, élurent pour général Antoine Marcel Cherino, qui prit aussi le titre de ministre général. Le pape, ayant appris cette élection, la cassa, et d'autorité apostolique nomma le même Antoine Marcel Cherino maître général, le contirmant dans cet ofüce, sans qu'il fût obligé d'avoir recours au ministre général pour avoir sa confirmation. Il donna ensuite uno autre bulle, qu'il appela la bulle de paix et d'union, par laquelle ce pontife déclara qu'ayant su que les deux élections du ministre et du maître général avaient été faites selon ses intentions avec beaucoup de charité et de paix, il avait confirmé, seulement pour cette fois, le général des Conventuels; mais qu'il voulait qu'à l'avenir il fût confirmé par le ministre général de tout l'ordre de SaintFrançois, de la même manière que les vicaires généraux de l'Observance étaient aupara

vant confirmés par le général des Conventuels. Il Gt défense à celui-ci et aux provin ciaux de prendre à l'avenir le titre de ministres, mais seulement celui de maitres; et leur ordonna de recevoir le ministre géné ral comme chef de tout l'ordre de Saint-François, lorsqu'il irait chez eux, et de lui rendre fous les honneurs qu'ils devaient à leur propre supérieur, à condition néanmoins qu'il ne pourrait avoir sur eux que la même juridiction que les généraux avaient auparavant eue sur les Observants, et qu'enfin ils céderaient le pas et la préséance dans les actes publics aux Observants. Les Conventuels leur remirent aussi le sceau de l'ordre: ainsi Léon X mit fin aux différends qui duraient dans l'ordre depuis si longtemps: il y eut dans la suite des Observants qui voulurent encore observer la règle plus exactement, et pratiquer une plus grande pauvreté c'est ce qui a produit les réformes particulières des Déchaussés d'Espagne, de Saint-Pierre d'Alcantara, des Réformés d'Italie, des Récollets de France, et des Capucins, dont nous parlerons en leur lieu, mais qui sont néanmoins restés sous l'obéissance du ministre général de tout l'ordre de Saint-François, à l'exception des Capucins, qui ont présentement un général séparé. Nous rapporterons en leur lieu toutes les différentes réformes qui sont sorties de l'Observance, et qui ont été soumises au général de tout l'ordre (1).

Luc Wading, Annal. Minor., tom. II et III. Franciscus Gonzague, de Orig. Seraph. relig. Rodulph. Tussinian., Hist. Seraphic. Marc de Lisboa,Chronicas de los Menores.Juanetin Nino, Chronicas de los Menores. Francisc. de Roias, Annal. de la Orden de los Menores, Dominique de Gubernatis, Orb. Seraphic. Monument. ord. Minor. et firmament. tertii ord. S. Francisci.

L'histoire des religieux Franciscains de l'Observance n'offre rien de bien remarquable dans le cours du dernier siècle. Grâce à Dieu, leur conduite en France fut exemplaire, lorsque tant d'autres instituts étaient livrés aux nouveautés, qui troublèrent l'Eglise ; aussi les jansenistes ne les éparguèrent pas; el dans leur gazette hypocrite et calomnieuse ils tombèrent souvent sur le chapitre des Cordeliers. Ce qui leur déplaisait surtout en ceuxci, était la conformité de leur doctrine avec celle des Jésuites, manifestée dans des actes publics. Ils leur reproctèrent donc quatre thèses de ce genre soutenues par ceux de Pézenas; une autre sur la grâce suffisante soutenue dans leur Couvent de Marseille; une autre, plus énorme encore, soutenue dans la même maison, et dédiée à la société de Jésus, colonne inébranlable de l'Eglise romaine, ou l'Appui de l'Eglise militante; telles autres soutenues à Troyes sur J'infaillibilité du pape et l'infaillibilité de l'Eglise dans le jugement des faits, sur l'état de pure nature, la grâce, etc. Les attaques du journal janséniste n'étaient pas les seuls désagréments que leur attirassent leur franchise à défendre la doctrine orthodoxe; une thèse, soutenue par eux à Toulouse, fut (1) Voyez, à la fin du vol., nos 6 et C bis.

censurée par la faculté de théologie de cette ville; une, soutenue à Pézenas, fut supprimée par les parlements de Toulouse el de Paris; une, soutenue à Vire, supprimée par le parlement de Rouen. Leurs prédications et la direction des Cordeliers étaient aussi selon le même esprit, et leur procuraient devant Dieu des mérites, auprès des gens de bien des bénédictions, et devant d'autres quelquefois des désagréments. Il y eut, il faut en convenir, quelques ombres à ce portrait flatteur, et l'on vil des concessions faites à l'esprit de révolte, soit par des particuliers, soit par des communautés entières; mais ces exceptions malheureuses furent en petit nombre. Par exemple, ceux de Saint-Quentin furent tous interdits en 1754 par l'évêque de Noyon, pour une chose qui n'était peutêtre qu'un acte de complaisance mal pla cée; un Cordelier de Paris eut la faiblesse ou l'audace de porter au parlement de Paris un appel comme d'abus, sous l'administration courageuse de Mgr de Beaumont ; mais ces exemples, auxque's nous pourrions en joindre quelques autres, furent rares, et d'ailleurs, n'étaient pas seulement le fait des Cordeliers de l'Observance, mais aussi des Conventuels à qui on donnait aussi cette dénomination. Malheureusement, à ces sentiments et à cette direction conformes aux règles de l'orthodoxie, les Observantins ne joignaient pas partout une rigoureuse observance des constitutions de leur réforme. Cette réforme, presque abandonnée en pratique, sembla leur peser par son nom. Puisque nous parlons d'abord et spécialement des Observantins français, nous allons raconter la démarche affligeante qu'ils firent pour se réunir aux Franciscains Conventuels.

Les malheureuses entreprises dirigées par Brienne et autres indignes évêques contre les ordres religieux avaient occasionné des réunions et des chapitres nationaux dans les différents instituts de France, qui presque tous firent des constitutions nouvelles, et parurent dans l'illusion sur les projets récls du gouvernement et des mauvais évêques, qui n'étaient que les exécuteurs des hautes cuvres de la philosophie. Les Franciscains subirent une révolution importante dans la réunion des Conventuels et des Observantins qui se fit comme nous allons le dire ici en abrégé.

Le R. P. Husson fut le député général des Observantins de France pour la réunion avec les RR. PP. Conventuels, et son secrétaire écrivit la relation dont nous extrayons ces notes.

Les Observantins avaient huit provinces en France. En 1769 ils députèrent 24 députés qui s'assemblèrent avec le R. P. gardien du grand couvent à Paris, sous la présidence du R. P. Barbé, définiteur général et commissaire pour le R. P. général de ladite Observance. A la session du 2 octobre, en présence de Brienne, archevêque de Toulouse et de la Luzerne, depuis cardinal et évêque de Langres, commissaires du roi, ils insérèrent à la fin des actes capitulaires cette délibéra

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En 1770, le 23 avril et jours suivants, les Conventuels (qui avaient trois provinces en France) réunis à Aix, prirent une délibération analogue, amenèrent les choses au point qu'il intervint, le 23 juin 1770, un arrêt du conseil du roi, ordonnant un chapitre national composé d'un député de chaque province des Observantins, et de six députés pour les trois provinces des Conventuels, lequel chapitre se tint en effet la même année au grand Couvent de Paris, le 17 septembre et jours suivants. On y adopta, sauf quelques changements légers convenus avec les PP. Conventuels, les Constitutions rédigées par les dits RR. PP. Conventuels à Aix et extraites des Constitutions urbaines. Dans l'assemblée d'Aix, les Conventuels élurent pour leur député le R. P. Pourcel, ou à son défaut le R. P. Pourret. Dans l'assemblée de Paris, composée de Conventuels et d'Observantins, ceux-ci élurent le R. P. Husson, ou à son défaut le R. P. Puz. Les députés devaient présenter au souverain pontife les Constitutions susdites, le concordat d'union fait à Paris, par les Conventuels et Observantins et la suppli. que des deux Observances. Toutes ces piè ces, signées de huit députés Observantins, et six députés Conventuels, furent remises entre les mains du R. P. Husson, lecteur-jubilé, ex-provincial et ex-définiteur général de l'Observance, député et commissaire des Observantins français. Accompagné du P. ***, son secrétaire, et du P. ***, il arriva à Rome, le 26 avril 1771, et descendit au couvent des SS. Apôtres, résidence ordinaire du R. P. général, qui le reçut avec toute politesse, et donna rang auprès de lui au P. Husson. Ce P. Husson alla saluer le cardinal de Bernis, ambassadeur français, et dans son compliment lui dit, entre autres choses singulières, qu'il venait chercher « l'approbation de notre a nouveau code, et la réunion à une branche a de l'ordre dont nous n'aurions jamais dû a nous séparer. Approbation qui calmera les « vraies, qui dissipera les fausses alarmes a de la conscience, qui fixera notre manière a d'être, qui nous donnera de la constance..

Réunion qui, par le plus édifiant spectacle, ava lever le scandale de la division... Réunion si chère à nos cœurs.... Puissent les nations étrangères marcher sur nos traaces... Les cardinaux d'Amboise en France, Ximénès en Espagne, et tant de grands et • puissants zélateurs de l'Observance, avaient

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Le pape répondit en la même langue, et sa félicita de voir les Observantins français se réunir à son ordre (il avait été Conventuel), etc... Le P. Pourret avait été député par les Conventuels; il reçut aussi les marques des bonnes grâces du pape, qui promit d'examiner l'affaire. Quelques jours après, le pape nomma, pour examiner les Constitutions des Observantins demandant l'union, les PP. Marzoni, procureur général des Conventuels, Pastrovichi, consulteur du saintoffice, Martinelli, consulteur des Rites et procureur général des Missions apostoliques; Husson et Pourret, députés français, avec pouvoir au P. procureur d'appeler aux séances d'autres religieux, s'il était nécessaire. Les PP. Castan, Virret et le secrétaire du P. Husson assistèrent à quelques séances, et il fut d'abord proposé par le procureur général de s'occuper de la dernière phrase des Constitutions, dans laquelle les Français disaient que le pape serait prié que, en ce qui ne concerne pas les trois vœux, les Constitutions n'obligeaient pas sous peine de péché mortel. Les deux consulteurs s'opposèrent à cette demande, pour éviter le scandale parmi les Observantins d'Italie, pour maintenir à l'institut de Saint-François cette prérogative sur les autres ordres, etc.; qu'au reste, les Français pouvaient faire la demande en leur privé nom; que pour eux ils feraient savoir au pape leur différence d'opinion. Les Français tenaient avec quelques Italiens à leur demande; les séances furent orageuses, et dans les premiers jours il ne fut rien conclu. Le chapitre général des Conventuels devait bientôt se tenir les vocaux étaient presque tous arrivés; il se répandait parmi eux des bruits peu favorables à la réunion des Observantins français. Les uns disaient que ceux-ci, par leur réunion, porteraient leur esprit de réforme, vaines et futiles observances et tout le cagotisme qu'ils reprochent aux Observantius d'Italie. Les autres, au contraire, disaient que les Français apporteraient le relâchement, puisqu'ils demandaient déjà des dispenses, etc.... Instruit de ces propos, le député répandit dans la maison une pièce latine, dans laquelle il déclarait ne vouloir que ce qu'étaient les Conventuels pour le régime, le costume, etc... Les PP. Husson et Pourret eurent une audience du pape, et le 12 mai, le P. Husson voulut encore débiter au pape une harangue latine, que le pape interrompit en l'embrassant et lui témoignant son affabilité, et peut-être aussi pour s'épargner l'ennui de cette harangue. Le P. Husson l'a pourtant conservée et publiée. Une chose que nous voulons faire remarquer ici, et qui a son importance, c'est que le pape répondit au P. Husson, qui le consultat, que, dans un chapitre des religieux parents et même des frères pouvaient suffrager si leur nombre ne surpassait pas ou n'égalait pas le nombre des autres vocaux; que, par exemple, sur vingt vocaux, quatre frères pouvaient suffrager sans nuire à la validité des élections. Le pape chargea le P.

tes

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