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Que le Chrift avant lui, premier Ambassadeur,
Vint de l'homme tombé relever la grandeur.

Oui, le rival du Dieu que les Chrétiens m'annonce: 25
Rend hommage lui-même à ce nom qu'ils prononcent.
O Chrétien, je t'admire, & je reviens à toi :
L'un & l'autre Hémisphère est rempli de ta loi.

on trouve dans le territoire de la Mecque des pigeons qu'on refpecte comme facrés, parce qu'on croit qu'ils defcendent de celui qui parloit à Mahomet. Si ce fecond fait eft véritable, il prouve le premier.

24 Mahomet avoue que Moife fut d'abord envoyé du Ciel, & après Moïfe vint le Meffie, qu'il appelle le Verbe. Voici comme il parle, fuivant la Traduction de du Ryer; Le Meffie Jefus fils de Marie, eft Prophéte & Apôtre de Dieu, fon Verbe & fon Efprit. Les Juifs difent l'avoir crucifié certainement ils ne l'ont pas crucifié, mais un qui lui reffembloit. Dieu l'a enlevé, & il fera témoin contre eux au jour du jugement. Si ce Jefus eft Prophéte & Apôtre, Mahomet ne l'est donc pas.

28 Je ne comprens pas pourquoi Bayle, à l'article de Mahomet, avance que fa Religion eft plus étendue que la Chrétienne. Il ne s'agit pas de comparer l'étendue des pays Mahométans à l'étendue des pays Chrétiens, mais le nombre des hommes qui croient à Mahomet ou à Jefus-Chrift. En réuniffant toutes les Sectes Chrétiennes, il eft certain que les Chrétiens font en beaucoup plus grand nombre: la terre en est remplie. Les Mahométans poffédent de vaftes pays, mais ils n'y font jamais feuls. L'Eglife Grecque eft très-nombreuse: il y a beaucoup de Chrétiens parmi les Mahométans; il n'y a point de Mahométans parmi les Chrétiens. Voyez Grotius, de vera Relig. L. II,

tic. S1.

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Des Oracles du ciel es-tu dépofitaire ? 30 De ta Religion quel eft le caractere?

Si tu veux, répond-il, chercher fa vérité,
Remonte feulement à fon antiquité.

L'hiftoire t'apprendroit fa naiflance & fon âge,
Si de l'homme en effet fa gloire étoit l'ouvrage.
35 Mais avec l'Univers fon âge prend fon cours:
Elle naquit le jour, que naquirent les jours.
A peine du néant l'homme venoit d'éclore,
Déja couloit pour lui le pur fang que j'adore.
Et mes premiers écrits, Annales des humains,
40 Des mains du premier peuple ont paffé dans mes mains.
Quand le Ciel eut permis qu'à la race mortelle
Un Livre confervât fa parole éternelle,

Aux neveux d'Ifraël (Dieu les aimoit alors)
Moïfe confia le plus grand des trésors.

45 Son Hiftoire eft la leur. Elle ne leur préfente
Que traits dont la mémoire étoit alors récente;

37 Saint Jean, Apoc. chap. x111. dit que l'Agneau a été immolé dès la création du monde: Qui (Agnus) -occifus eft ab origine mundi. Ce qui eft vrai en plufieurs manieres. 1. Parce que Dieu avoit formé le décret éternel de la mort & de la paffion de JefusChrift. 2. Parce que les mérites de fa mort ont été appliqués aux hommes depuis Adam jufqu'à JefusChrist, comme ils le font depuis Jefus-Chrift jufqu'à la fin des fiécles. 3. Parce que les facrifices des Patriarches & des Prêtres de l'ancienne Loi, étoient des types du facrifice du Sauveur du monde.

46 Quelques-uns font éloignés, mais les témoins

Et leur Hiftorien ne leur déguife pas
Qu'ils font murmurateurs, féditieux, ingrats.
Son Livre cependant fut le précieux gage
Qu'un pere à fes enfans laiffoit pour héritage.
Dans ce Livre par eux de tout temps révéré,
Le nombre des mots même eft un nombre facré.

ne le font pas, parce que les premiers hommes vivoient fept à huit cens ans. Du temps de Moise un homme pouvoit avoir vu Joseph, dont le Pere avoit vu Sem, qui avoit vu Mathufalem, qui devoit avoir vu Adam. Si Moife avoit voulu tromper, il n'eût point mis fi peu de générations, depuis là création du monde.

51 Ce Livre qui les déshonore, dit M. Pafcal, ils le confervent aux dépens de leur vie : c'est une fincérité qui n'a point d'exemple dans le monde,ni fa racine dans la nature.

52 Rien n'eft plus furprenant que l'application & l'induftrie que les Juifs ont apportée pour préferver la loi de toute corruption, qui auroit pu s'y gliffer, ou par l'ignorance des copiítes, ou par la malice de leurs ennemis. Ils ont inventé pour cela la Mafore, qu'ils ont appellé la haie de la Loi, & qui confifte: 1. A marquer par des points-voyelles, tous les mots, dont l'ufage auparavant fixoit la lecture: 2. A compter toutes les fections, les chapitres, les mots & les lettres des mots; les a, les b, &c. de chaque livre & de tous les livres enfemble de la Loi, & de marquer la lettre du milieu du livre, comme dans la derniere Bible de Vanderhooght. R. Jofeph de Créte cité par Buxtorf dans fon Tiberias écrit: Nos Maitres ont dit qu'il y avoit dans la Loi 600000 lettres, felon le nombre des Ifraëlites: mais Rabbi Saadi affure qu'il y en a environ Soo000. Je n'entre

50

Ils ont peur qu'une main téméraire & profane N'ose altérer un jour la Loi qui les condamne ; 55 La Loi qui de leur long & cruel châtiment, Montre à leurs ennemis le juste fondement,

Et nous apprend à nous, par quels profonds mysteres,
Ces infenfés, (hélas ! ils ont été nos peres,)
Ces Gentils, qui n'étoient que les enfans d'Adam,
o Ont été préférés aux enfans d'Abraham.
Du Dieu qui les pourfuit, annonçant la justice,
Ils vont porter par-tout l'arrêt de leur fupplice.
Sans Villes & fans Rois, fans Temples, fans Autels;
Vaincus, profcrits, errans, l'opprobre des mortels,
65 Pourquoi de tant de maux leur demander la cause ?

Va prendre dans leurs mains le livre qui l'expose.
Là tu fuivras ce peuple, & liras tour à tour
Ce qu'il fut, ce qu'il eft, ce qu'il doit être un jour.

Je m'arrête, & furpris d'un fi nouveau fpectacle, 70 Je contemple ce peuple, ou plutôt ce miracle.

prens pas de concilier ces différens fentimens. Que Dieu éclaire nos yeux par l'avènement du Meffie. Amen. Voilà un beau motif du defir du Meffic, pour apprendre le nombre des lettres de la Loi, au lieu de defirer d'en obtenir de lui l'efprit.

63 C'eft ce que dit le Prophéte Ofée: Sedebunt filii Ifraël, fine rege, & fine principe, & fine facrificio, & fine altari.

68 Le Traducteur Italien dit de même en un feul Vers:

Ciò chez fù, ciò ch'egli è, cio`ch'effer deve.

Nés d'un fang, qui jamais dans un fang étranger,
Après un cours fi long, n'a pu se mêlanger ;
Nés du fang de Jacob, le pere de leurs peres,
Disperfés, mais unis, ces hommes font tous freres.
Même Religion, même Législateur:

Ils refpe&tent toujours le nom du même Auteur:
Et tant de malheureux répandus dans le monde
Ne font qu'une famille éparse & vagabonde.
Médes, Affyriens, vous êtes difparus :

75

Parthes, Carthaginois, Romains, vous n'êtes plus. Se
Et toi, fier Sarrafin, qu'as-tu fait de ta gloire ?
Il ne refte de toi, que ton nom dans l'histoire.
Ces deftructeurs d'Etats font détruits par le temps,
Et la terre cent fois a changé d'habitans,
Tandis qu'un Peuple feul, que tout peuple déteste,
S'obstine à nous montrer fon déplorable refte.

$5 Trois chofes remarquables fur les Juifs. 1. Leur grand nombre, malgré le carnage horrible qui s'en eft fait fous les Empereurs Romains, & dans plufieurs per fécutions qu'ils ont effuyées depuis. 2. Leur difperfion & leur durée fur toute la terre, malgré la haine de toutes les Nations. 3. Leur attachement à leur Loi, malgré la raifon qui leur dit que le temps de cette Loi eft paffé, & malgré leur penchant. Ce Peuple qui fous fes Prophétes, fous fes Rois, à la vue même de leur Temple, étoit toujours prêt à embraffer les Religions étrangeres, eft refté depuis fa ruine conftamment attaché à la fienne, pour être de la nôtre une preuve continuelle & vivante. Cet attachement à leur Loi eft caufe de leur multiplication, parce qu'ils regardent le célibat comme un état de malédiction: il eft caufe qu'ils ne fe

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