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Elles pourront fervir à prolonger tes jours.
Et ne t'afflige pas fi les leurs font fi courts ;
Toute plante en naissant déja renferme en elle,
D'enfans qui la fuivront une race immortelle :

&les glaces. L'ortie eft un remede, & elle est hériffée de dards, parce que, fuivant la réflexion de Pline le Naturalifte, la nature protege les plantes falutaires contre les infultes des animaux. Ne fe depafcat avida quadrupes, ne procaces manus rapiant, ne infidens ales infringat, his muniendo aculeis, telifque armando, remediis ut falva fit. Il faut avouer cependant que cette réflexion de Pline eft plus ingénieufe que folide. Le chardon a beau crier ne fe depafcai avida quadrupes, l'àne ne l'entend point. Nous ignorons pourquoi telle plante plutôt qu'une autre eft hériffée de pointes.

99 La fécondité des plantes prouve le deffein du Créateur, qui non-feulement veille à la confervation de l'efpece; mais au befoin de tant d'animaux qui se nourriffent de graines. Ceux qui ont des terres, difent fouvent que l'abondance du bled eft un malheur parce qu'il ne fe vend pas. Dieu qui n'écoute point ces plaintes de notre cupidité, prodigue le grain néceffaire aux hommes. Ifaac, Gen. 26, retira le centuple du bled qu'il fema près de Gerare. Pline le Naturalifte, liv. 18, aflure qu'un boiffeau de bled en produit quelquefois cent cinquante, & qu'un Gouver neur envoya a Néron trois cens foixante tuyaux fortis d'un feul grain; ce qui lui fait faire cette réflexion, qu'il n'y a point de grain plus fertile que le bled, parce qu'il eft le plus néceffaire à l'homme. Tritico nihil fertilius: hoc ei natura tribuit, quoniam co maximè alat hominem. Par la même raison, c'est le grain qui fe conferve le plus long-temps. On a mange du pain

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Chacun de ces enfans, dans ma fécondité,
Trouve un gage nouveau de fa postérité.

Ainfi parle la Terre, & charmé de l'entendre,
Quand je vois par ces nœuds que je ne puis comprendre,
105 Tant d'êtres différens l'un à l'autre enchaînés,
Vers une même fin conftamment entraînés,
A l'ordre général confpirer tous ensemble:
Je reconnois par-tout la main qui les raffemble,
Et d'un deffein fi grand j'admire l'unité,
110 Non moins que la fagesse & la simplicité.

Mais pour toi, que jamais ces miracles n'étonnent,
Stupide fpectateur des biens qui t'environnent;
O toi qui follement fait ton Dieu du Hafard,
Viens me développer ce nid qu'avec tant d'art,

fait avec un bled qui avoit plus de cent ans. Pline, qui favoit fi bien admirer les merveilles de la nature, chofe étonnante! en oublia l'Auteur. Cependant elles ramenent fi néceffairement à un Dieu, que la Philofophie, comme dit Saint Cyrille, eft le catéchifme de la Foi. Philofophia catechifmus ad fidem.

113 Les Matérialiftes ne fe fervent pas du nom de Hafard, mais de celui de Néceffité. Les perfonnes éclairées comprennent aifément que je puis également me fervir de l'un ou de l'autre de ces termes, puifqu'ils défignent la même chofe, c'est-à-dire, des

effets fans caufe.

Le hafard d'Epicure, la néceffité de Spinofa, la vertu plastique de Cudworth, la raison fufifante de Leibnitz, font tous mots qui fignifient la meme chofe, parce qu'ils ne fignifient rien.

Au même ordre toujours architecte fidelle,
A l'aide de fon bec maçonne l'hirondelle,
Comment pour élever ce hardi bâtiment,
A-t-elle en le broyant arrondi fon ciment?
Et pourquoi ces oifeaux fi remplis de prudence
Ont-ils de leurs enfans fu prevoir la naiffance?
Que de berceaux pour eux aux arbres fufpendus !
Sur le plus doux cotton que de lits étendus !
Le pere vole au loin, cherchant dans la campagne
Des vivres qu'il rapporte à fa tendre compagne ;
Et la tranquille mere, attendant fon fecours,
Echauffe dans fon fein le fruit de leurs amours.
Des ennemis fouvent ils repouffent la rage,
Et dans de foibles corps s'allume un grand courage.

116 Cicéron admire la prudence des oifeaux: Aves quictum requirunt ad pariendum locum, & cubilia fibi nidofque conftruunt, eofque quam poffunt molliffimè fubfternunt. De Nat. Deor.

126. Rien ne naît que par le concours des deux fexes.

Nil nifi conjugio fexus utriufque creatur.
Et tout animal a eu, comme l'homme, fes aïeux
excepté le premier, comme dit encore le Cardinal
Polignac. Anti-L.

Nullus avis, atavifque caret, fi exceperis unum,
Quem fator omnipotens, ullo fine semine finxit,
Semina concredens olli evolvenda per ævum.
128 Les plus timides font courageux alors. Les
poules même veulent attaquer l'homme. Cette ten-
dreffe finit, fitôt que les petits n'ont plus besoin de
Αν

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Si cherement aimés, leurs nourriffons un jour,

130 Aux fils qui naîtront d'eux rendront le même amour. Quand des nouveaux zéphirs l'haleine fortunée Allumera pour eux le flambeau d'hyménée, Fidellement unis par leurs tendres liens

Ils rempliront les airs de nouveaux citoyens:

fecours, les peres & les enfans ne fe reconnoiffent plus. Pline, à la vérité, liv. 8, prétend que les rats nourriffent tendrement leurs peres accablés de vieilleffe Genitores feffos feneca alunt infigni pietate. On n'eft pas obligé de l'en croire.

130 On trouve dans le Spectateur, difcours 47, une réflexion qui mérite d'être rapportée. Si nous ne fuppofons pas, dit-il, que la fagesse infinie d'un Etre fuprême nous gouverne; comment expliquer cette exacte proportion qu'il y a dans toutes les grandes villes entre ceux que l'on y voit naître & mourir, auffi-bien qu'à l'égard des garçons & des filles qui viennent au monde? Qui eft-ce qui fourniroit à chaque nation des recrues fi exactement proportionnées à fes pertes, & qui eft-ce qui partageroit ce nouveau jurcroit d'habitans, avec tant d'égalité entre l'un & l'autre fexe? Le hafard ne pourroit tenir d'une main fi ferme, la balance toujours égale. Si un Souverain Infpecteur ne régloit toutes chofes, tantôt nous ferions accablés fous la multitude, & tantôt nos villes feroient réduites en déferts: nous ferions quelquefois, fuivant l'expreffion de Florus, Populus virorum, & une autre fois un peuple de femmes. Nous pouvons étendre cette réflexion à toutes les efpeces de créatures vivantes qui depuis plus de cinq mille ans fe confervent. Si nous avions des billes mortuaires de tous les animaux dans tous les continens, que dis-je? dans chaque bois, marécage ou montagne, quelles preuves dion

Innombrable famille, où bientôt tant de freres
Ne reconnoîtront plus leurs aïeux ni leurs peres.
Ceux qui de nos hivers redoutant le courroux,
Vont fe réfugier dans des climats plus doux,
Ne laifferont jamais la faifon rigoureuse
Surprendre parmi nous leur troupe pareffeufe.
Dans un fage Confeil par les chefs assemblé,
Du départ général le grand jour est réglé ;
Il arrive, tout part : le plus jeune peut-être
Demande, en regardant les lieux qui l'ont vu naître,
Quand viendra ce Printemps par qui tant d'exilés
Dans les champs paternels fe verront rappellés ?

nantes n'y verrions-nous pas d'une Providence qui veille fur tous fes ouvrages?

135 Dans la fécondité des animaux on trouve le même deffein du Créateur que dans celle des plantes. Il veille non-feulement à la confervation des efpeces; mais à leur nourriture. Les petits animaux, qui fervent de nourriture aux autres font ceux qui multiplient le plus. Si les animaux fauvages multiplioient comme les animaux domestiques, les hommes bientôt ne feroient plus les maîtres de la terre. A l'égard des hommes, fuivant les calculs faits en Angleterre, il regne toujours une proportion à peu près égale entre les morts & les naiffances; de façon qu'une génération paffe, une autre vient, & la terre ne peut être ni furchargée, ni déferte.

137 Un Auteur Anglois, amateur d'opinions fingulieres, a avancé férieufement que les oifeaux de paffage s'envoloient dans la Lune. Il est certain que plufieurs paffent les mers, les autres reftent engour dis dans le creux des rochers.

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