Imágenes de páginas
PDF
EPUB

DE S. E. M. LE CARDINAL

VALENTI DE GONZAGUE, écrite de la part

DE SA SAINTETÉ.

Le Souverain Pontife a reçu avec joie, Monfieur, l'hommage littéraire que vous lui avez rendu, en lui envoyant deux Volumes, dont le premier contient la cinquieme édition de vos Ouvrages Poëtiques ; & le fecond plein. de judicieufes Réflexions fur la Poefie, fait connoître la délicateffe de votre goût fur cette matiere. Votre préfent a été fi agréable à Sa Sainteté, qu'elle m'a ordonné de vous faire une feconde fois des remercimens de fa part, & de vous donner des nouvelles preuves de l'eftime qu'elle fait de votre érudition. Votre nom & vos Vers toutes les fois qu'ils paroiffent à fes yeux lui rappellent avec l'idée du fils, le fouvenir d'un pere qui a fait tant d'honneur à la Poëfie, & dont la gloire fupérieure à l'envie pendant qu'il vivoit, ne pourra jamais après la mort être effacée par l'oubli. Je vous réitére donc les mêmes affurances que je vous ai déjà données de la bienveillance du Souverain Pontife; & chargé de vous tranfmettre fa Bénédiction Apoftolique,je prie Dieu de vous protéger en tout.

Difpofé à vous rendre fervice,
Le Card. VALENTI.

A Rome, le 29 Juillet 1747.
A Monfieur RACINE, à Paris

DE S. E. M. LE CARDINAL

VALENTI DE GONZAGUE, SECRÉTAIRE D'ÉTAT.

IEN de plus flatteur pour moi que le préfent que vous venez de me faire, Monfieur : il m'a été aifé de m'appercevoir que le nom de Racine fi glorieux & fi agréable aux Muses, n'étoit pas mort. Je me fuis fait un plaifir fingulier de préfenter à notre Saint Pere l'exemplaire que vous lui avez destiné. Sa Sainteté y a été fort fenfible: Elle m'a ordonné de vous le marquer, comme vous le verrez par la Lettre ci-jointe. Agréez en même temps mes remerciemens auffi finceres que les fentimens de confidération, par lefquels je voudrois vous perfuader que perfonne n'eft à vous, Monfieur, avec un plus parfait attachement que

LE CARDINAL VALENTI,

A Rome, le 8 Février 1743.

MONSEIGNEUR LE CARDINAL

DE VALENTI.

MONSEIGNEUR,

Jamais les Mufes n'ont pu procurer à ceux qu'elles ont le plus favorifés, une gloire comparable à celle que me procure VOTRE EMINENCE. La Lettre dont j'ai été honoré, flatte plus mon amour-propre que tous les lauriers du Parnaffe, & je me livrerois à tout l'orgueil Poëtique qu'elle eft capable d'infpirer, fi je ne me rappellois que je fuis un Poëte Chrétien, & que c'eft uniquement cette qualité que VOTRE EMINENCE a voulu récompenfer.

Les Poëtes, fi naturellement jaloux, auront bien fujet de l'être de mon bonheur; mais cette jaloufie leur fera avantageuse, quand ils apprendront qu'en faveur de la matiere que j'ai choifie, VOTRE EMINENCE a bien voulu préfenter mes Ouvrages à SA SAINTETÉ, qui les a reçus favorablement, & qu'un fi grand Pape a daigné jetter les yeux fur le moindre de fes enfans: ils ambitionneront une gloire pareille, qui ne s'accorde

[ocr errors]

xiv

pas aux talens feuls, mais au fage emploi des talens.

La grande récompenfe que j'ai reçue, leur doit infpirer cette heureufe ardeur, comme elle m'infpire la vive reconnoiffance, & le profond respect avec lequel je ferai toute ma vie.

MONSEIGNEUR,

DE VOTRE ÉMINENCE,

Le très-humble & très-obéiffant
Serviteur,

A Paris, le 15 Mars 1743.

RACINE,

PRÉFAC E.

LA Raison qui me démontre avec tant de

clarté l'exiftence d'un Dieu, me répond fi obfcurément lorsque je l'interroge fur la nature de mon Ame, & garde un filence fi profond quand je lui demande la caufe des contrariétés qui font en moi, qu'elle même me fait sentir la néceffité d'une Révélation, & me force à la defirer. Je cherche parmi les différentes Religions, celle dont cette Révélation doit être le fondement. Par le premier de tous les Livres, que me donne le premier de tous les Peuples, & par la fuite de l'histoire du Monde, je trouve à la Religion Chrétienne tous les caracteres de certitude que je fouhaite. Plein d'admiration pour elle, je m'y foumettrois auffi-tôt, fi je n'étois arrêté par l'obfcurité de fes mysteres & par la févérité de sa morale. J'examine la foibleffe de mon efprit, & je reconnois que ma Raifon ne doit pas être ma feule lumiere. J'éxamine mon cœur, & je reconnois que la Morale Chrétienne eft conforme à fes befoins. J'embrafle avec joie une Religion auffi aimable que refpectable.

Teleft le plan de cet Ouvrage, que j'ai conduit fur cette courte pensée de M. Pascal: A ceux qui ont de la répugnance pour la Religion, il faut commencer par leur montrer qu'elle n'eft pas contraire à la Raifon, enfuite qu'elle eft vénérable; après, la rendre aimable, faire fouhaiter qu'elle foit vraie, montrer qu'elle

« AnteriorContinuar »