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LOUIS XIV,

SA COU R,

ET LE RÉGENT.

La jeune Reine d'Espagne se laif

Urfins.

foit conduire par la Princeffe des Ur- 1713-14. fins, dont l'exemple peut fervir de Difgrace leçon aux perfonnes qui croyent affu- de la Prinrer leur faveur en la portant au der- tefe des nier période. Contrainte, quelques La Bea années auparavant, de quitter Ma- melle, t. 5, drid fans fortune, imitant Mazarin P. 229. quand il revint en France, lorfqu'elle rentra en Espagne, elle fe promit p. 22, bien de n'en pas fortir fi dénuée, s'il lui arrivoit une nouvelle difgrace. " Après avoir régné en Espagne

Tome IV.

A

Saint-Simon, 2.31

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,, par autrui, cette Dame songea 1713-14. à régner par elle-même, & faifit l'occafion du don que le Roi d'Ef,, pagne fit à l'Electeur de Baviere, de ce qui étoit demeuré dans fon obéiffance aux Pays-Bas, pour ftipuler que l'Electeur lui donneroit des terres pour cent mille livres de rente, dont elle jouiroit ,, pendant fa vie en toute fouveraineté. Bientôt après, il fut convenu que le chef-lieu de ces ter,, res, qui devoient être contiguës & n'en former qu'une feule, feroit la Roche en Ardenne 9 », que la fouveraineté pourroit être ,, échangée, morcelée, prendre enfin toutes les formes que la Souveraine exigeroit.

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Madame des Urfins fe tint fi affurée de ce don, qu'elle forma le ,, projet d'échanger cette Souveraineté future, fur la frontiere de France, pour une en France même, ,, qui contiendroit la Touraine & le ,, pays d'Amboife, réverfible à la Couronne après fa mort. Dans ce deffein, qu'elle crut immanquable, elle envoya en France d'Au

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bigny, fon Ecuyer favori, qu'elle ,, chargea de lui préparer une belle 1713-14 ,, demeure dans ce canton. Il acheta ,, en conféquence de fes ordres, un ,, champ dans un lieu nommé Chan" teloup, entre Tours & Amboife, fans terre ni feigneurie, parce ,, que devant être Souveraine dans la Province, elle n'en avoit pas befoin; & il fe mit auffi-tôt à bâtir un vafte château, d'immenfes baffe. ,, cours, des communs prodigieux, à meubler tout cela richement, & à planter de beaux jardins. La Pro,, vince, les pays voifins; Paris, la Cour en furent dans l'étonnement. ,, Perfonne ne pouvoit comprendre ,, une dépenfe fi prodigieufe pour une fimple Guinguette: car c'est ainfi qu'on dût nommer une mai

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29 fon au milieu d'un champ, fans ,, terre, fans revenu, fans feigneurie, enfin un nid fi magnifique & peu proportionné à l'oifeau qui le conftruifoit. Ce fut long-temps une énigme, dont on ne devina le mot qu'après un événement fort fingulier, dont les détails ont quel,, que chofe d'affez piquant.

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Marie-Louife de Savoie, foeur de 1713-14 la feue Dauphine, mourut au -comMémoires mencement de 1714, âgée de vingtles, t. 4, fix ans. La Princeffe des Urfins fut,

de Noail

p. 283. dans cette circonstance, la feule conSaint-Si- folation de Philippe V. Il s'enferma mon, t. 2, avec elle, ne voyoit qu'elle, ne par

P. 115.

loit qu'à elle. On crut même qu'accoutumé à fa compagnie, & n'en voulant point d'autre, ce Roi fauvage & mélancolique fe détermineroit à l'époufer, quoiqu'elle fût beaucoup plus âgée que lui; peut-être ellemême s'en flatta-t-elle. Il eft du moins à préfumer que déchue de cette efpérance, fi elle l'eut, elle chercha à lui donner une époufe qu'elle gouverneroit comme la premiere. Ce fut alors un bruit public, que l'Abbé Alberoni, attaché à l'Efpagne par le feu Duc de Vendôme, & qui s'y étoit fait un bel état par la protection de la Camerera major, la trompa. Il lui propofa de difpofer de la main du Roi d'Espagne en faveur d'Elisabeth Farnefe, fille du Duc de Parme, fon Souverain. Sachant les vues de Madame des Urfins, il représenta cette jeune Princeffe comme douce,

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timide, complaifante, toute propre à fe laiffer fubjuguer. Sur ce por- 1713-14 trait, il eft envoyé pour négocier ce mariage. Mais lorfqu'il étoit àpeu près conclu, la Princeffe des Urfins apprend que la future eft tout autre qu'on ne la lui a dépeinte, hardie, fiere, abfolue, & plus difpofée à commander qu'à obéir. Auffi-tôt elle dépêche un Courrier pour fufpendre la cérémonie. Il fe préfente la veille à Alberoni. Veux-tu vivre? lui dit l'Abbé, arrive demain. Il le cache, fait célébrer le mariage, & part pour l'Espagne avec la nouvelle Rei ne. Saint-Simon affure que ce mariage fut projetté & conclu à l'infu de Louis XIV, qui en fut très-irrité contre la Princeffe des Urfins. Cependant il donna des ordres pour que l'époufe de fon petit-fils fut bien reçue fur les frontieres de fon Royaume, par où elle paffa pour fe rendre de Florence à Madrid. Il envoya le Duc de Saint-Aignan, Seigneur aimable & prudent, pour l'accompagner, & on remarqua qu'il parut pendant le voyage en grande intelligence avec Alberoni,

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