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ne s'en trouvât pas offenfé, & trop peu pour fe foutenir contre le reffen- 1715, timent du Prince. Ses remontrances furent inutiles, & le Roi persista à laiffer les chofes comme il les avoit réglées.

P. 99%

En effet, dans l'intention où étoit Saint-SiLouis XIV d'obliger le Duc du Maine, mon, t. 2, fon fils, on conviendra qu'il prit des mefures bien contraires à fon but. Il auroit dû prévoir que les entraves qu'il mettoit à la puiffance de fon neveu, en le foumettant à un Confeil de Régence, ne ferviroient qu'à l'indigner; qu'il ne manqueroit pas de chercher tous les moyens pour s'en débarraffer; que de la force militaire donnée au Duc du Maine, naîtroit une haine entre parents, une rivalité pernicieufe; & que, pour donner de la folidité à fes difpofitions, il auroit fallu établir le Confeil de Régence de fon vivant, & le faire agir fous fes yeux; en un mot, monter la machine du Gouvernement telle qu'elle devoit être après fa mort, & en tendre les refforts de maniere que fon décès arrivant, elle n'eût plus qu'à contipuer de le mouvoir felon l'impulfion

qu'il lui auroit donnée. Faute de ces 1715 précautions, qui peut-être n'auroient pas encore fuffi pour conferver les difpofitions de Louis XIV dans leur intégrité, l'édifice de fon teftament fut renversé par le premier choc, comme il l'avoit prévu.

Séance

Le lendemain de fa mort, 2 Sep. du Parle- tembre, à dix heures du matin, le ment. Duc d'Orléans fe rendit au Parlement, Mém. Reg. 4.1, p. 10, accompagné des Princes & des Pairs, Berwick, & d'un cortege armé, capable d'emL. 2 • P. porter les fuffrages par la crainte, s'ils Saint-Pier, n'avoient pas été gagnés par l'infinuare. p. 560. tion. Madame de Staal remarque que Staal, t. ce Prince, prodigue de fa parole » dont il ne faifoit, dit-elle, aucun » cas, s'étoit acquis les Grands du

235.

1, p. 275 & 281.

Royaume, en s'engageant à tout ce » qu'ils pourroient fouhaiter, quand il », feroit le maître; & qu'il s'affura le » Parlement par les mêmes moyens". Si-tôt que l'Affemblée fut formée, il remontra en peu de mots fon droit à la Régence, faifant entendre que ce droit ne devoit même pas être mis en queftion, c'est-à-dire qu'il fe déclara Régent, & il le fut avant même qu'on eût ouvert le teftament. Dans

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le transport de fa joie d'un fuccès fi prompt & fi entier, il laiffa échap- 1715. per des promeffes qui alloient certainement au-delà de ce qu'il vouloit tenir. Un homme habile, dévoué à fes intérêts, qui obfervoit froidement dans la foule ce qui fe paffoit, lui fit parvenir un billet, où étoient ces mots : Vous êtes perdu, fi vous ne rompez la féance. Il le crut, & continua l'Affemblée à l'aprèsmidi.

Alors on ouvrit le teftament, & Berwick, le Parlement fut très-étonné de voir. 2, p.

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238.

que celui qu'il avoit déclaré Régent, Mém. Reg. n'y étoit nommé que Chef du Confeit p. 13. de Régence.,, A chaque article, le Premier Préfident de Mefmes, très attaché au Duc du Maine, s'écrioits Ecoutez, Meffieurs, obfervez; c'estlà notre loi. Mais on n'en jugea pas ,, ainfi Cette prétendue loi fut abrogée dans prefque toutes fes parties. Il n'y étoit pas queftion de Régent, & on en reconnut un. Le Duc d'Orléans devoit être Chef du Confeil de Régence, & on mit à fa place M. le Duc, qui n'avoit que vingt-trois ans. Ce Confeil devoit fe régénérer

➡ de lui-même, en cas de mort ou de 1715. retraite de quelques Membres, & il fut permis au Régent de l'augmenter ou diminuer comme il voudroit. Enfin, la Sur-Intendance de l'éducation du Roi, la garde de sa personne, & le commandement des troupes de fa Maison, étoient confiés au Duc du Maine, & ce commandement fut attribué à M. le Duc, en qualité de Grand-Maître; on laiffa feulement au Duc du Maine le commandement du Guet ordinaire, fous l'autorité du Régent. Il n'en voulut pas, & fe reftreignit à la Sur-Intendance de l'édu cation.

Confeils, Parvenu fi heureufement à furVillars, t. monter cette premiere difficulté, le 2.P.353. Régent forma fept Confeils, dont

les noms marquent la deftination; favoir, celui de Régence, de la Guerre, des Finances, de la Marine, des Affaires Etrangeres, de l'intérieur du Royaume, & un de confcience pour toutes les affaires de Religion, & fur-tout pour la nomination aux Bé néfices. Le 12 Septembre, il amena le jeune Roi tenir au Parlement fon Lit de justice, où tout ce qui avoit

été réglé jufqu'alors fut enregistré & publié.

Ce n'est pas que tout le monde approuvât des changements fi prompts & fi multipliés. Le Maréchal de Villars, quoique nommé Président du Confeil de la Guerre, remontra >> que » dans les premiers moments d'une » nouvelle Administration, il y avoit » peut-être du danger à renverfer l'or» dre anciennement établi; que s'il » y avoit des changements à faire, il » convenoit de ne les faire qu'à me» fure, se borner à ôter ce qui étoit » reconnu certainement mauvais, & » y fubftituer petit à petit ce qui fe»roit eftimé meilleur, fans tout bou» leverfer à la fois ".

1725

Mais il importoit au Régent de Mém. Regi donner d'abord de fon Gouvernement. I, Pa une idée qui flattât les peuples, & 12, 17+ il y réuffit, tant par la création de ces Confeils où il fit entrer des perfonnes de plufieurs ordres de l'Etat, & la plupart honorés de l'eftime publique, que par d'autres changements, établiffements ou projets qui obtinrent le fuffrage de la Nation.

Il rendit au Parlement le droit de

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