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1716.

» cette popularité contribua beau» coup à lui gagner les coeurs des » Parifiens. Après ce déjeûner, il don. »noit encore quelques audiences, » fur-tout aux Dames. Il entroit quel »ques moments chez fa mere, à la. » quelle il marqua toujours beaucoup » de confidération, & il ne paffoit » pas un jour fans aller faluer le Roi. » Lorsqu'il abordoit ce Monarque en» fant, qu'il lui parloit ou qu'il le » quittoit, c'étoit avec des révéren»ces & un air de refpect qui char» moit & qui apprenoit à vivre à » tout le monde.

» Sur les cinq heures du foir, il » n'étoit plus queftion d'affaires. C'é toit, l'hyver, l'Opéra, ou d'autres » Spectacles; l'été, des promenades » hors de Paris, des repas tantôt » chez lui, tantôt au Luxembourg, » chez la Ducheffe de Berri, fa fille: » & ces foupers toujours en compa»gnie fort étrange, une douzaine » d'hommes de la Cour, que, fans

façon, il ne nommoit jamais que » fes roués ; des femmes mal famées » de condition & autres, qu'il mê»loit avec fes maîtreffes & fa fille;

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des gens obfcurs, pourvu qu'ils' »euffent de l'efprit & qu'ils fuffent 1716. » raffiner la débauche. La chere tou»jours exquife s'apprêtoit dans des » endroits voifins, à portée des con vives, qui y mettoient quelque, » fois la main. Dans ces orgies, amis, » indifférents, hommes & femmes, » refpectables par leur conduite ou » leur rang, étoient critiqués avec

une liberté qu'on peut appeller li* cence effrénée. Les galanteries paffées, » les préfentes fe rapportoient fans » ménagement. Les plus fcandaleu»fes étoient les mieux reçues. Vieux » contes, propos libres, plaifante»ries fur les matieres les plus graves, » tout étoit bien accueilli, pourvu

qu'on en pût rire. Le Duc n'étoit » pas des derniers à dire fon mot, »ni plus fcrupuleux qu'un autre à » fe mettre dans ces états dont les » Grands ne peuvent pas plus cacher la honte que la vile populace, à laquelle ils s'affimilent alors ();

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(1) C'eft apparemment à l'occafion d'uné de ces orgies où tout étoit confondu, &

1716.

Saint-St

mon, t. 7, $

P. 22; t.

» Pendant ces foupers, tout étoit teľ» lement barricadé au dehors, que

pour quelque affaire qui furyînt, » il étoit inutile de tâcher de percer »jufqu'au Régent, l'affaire fût-elle »preffée, fut-elle de nature à intéref»fer fa perfonne même ou l'Etat ; & » cette clôture impénétrable duroit »jufqu'au lendemain".

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Une chofe bien extraordinaire', dans ces moments où la

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que,

5, p. 299.,, confiance s'épanche quelquefois à la fin d'un repas voluptueux, ni les Maîtreffes du Régent, ni fes ?? roués, ni la Ducheffe de Berri elle,, même, n'ont jamais pu tirer de ce ,, Prince rien d'important fur le gouvernement de l'Etat. Du refte on ,, ne peut fe diffimuler qu'il traitoit ,, toutes les affaires avec la légéreté & l'impatience d'un homme qui në

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dont les excès déplaifoient fans doute à Madame de Sabran, qu'elle dit au Duć d'Orléans, » que Dieu, en créant le monde, » avoit formé une maffe à part, d'où il tiroit les Princes & les laquais Mot piquant qui auroit bien du le faire rentrer en luimême. Saint-Simon, t. 7, p. 122

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les aime pas & qui ne s'y applique qu'à regret; & c'eft une vérité, ajoute Saint-Simon, vérité que je ,, ne puis trop répéter, parce que je l'ai ,, continuellement & parfaitement reconnue que fi la couronne lui fût échue fans aucune peine pour la re,, cueillir, il en auroit été plus char• ,, gé, empêtré & embarraffe, que fa" tisfait".

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Sa familiarité à la vérité le faifoit aimer; mais il en réfultoit quelquefois un manque de refpect qui entraînoit des inconvénients. Un ,, des plus dangereux, c'eft qu'il ne ,, put quand il voulut réprimer des perfonnages auxquels il avoit laiffé ,, prendre trop d'empire, & avec lefquels il fallut fe brouiller pour les faire rentrer dans le devoir. Je ne ceffois, ajoute Saint-Simon de lui repréfenter les bienféances & les convenances de fon rang, ,, pour l'arracher aux gens méprifables dont il fe laiffoit environner; mais quand je croyois le tenir, il ,, me gliffoit de la main, & après être convenu de la vérité de ce ,, que je lui difois, fon penchant plus

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1716.

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més pri

Princes

On a cru que c'eft ce goût fi vif pour le plaifir, fon éloignement pour le travail, fa facilité à fuivre les con feits des autres & à adopter leurs préventions, fa pareffe à examiner, fa confiance aux conje&tures, qui ont caufé des brouilleries de famille devenues affaires d'Etat, une guerre étrangere, ou plutôt domeftique, entre parents fi proches, le bouleverfe ment des Finances, des crifes dans l'Eglife & la Magiftrature; tous événements qui ont rendu plufieurs années de fa Régence orageufes.

Le Duc d'Orléans n'étoit point 1716-17. vindicatif. Son caractere indulgent Les Prin- étoit fi connu, que les Parifiens, dans ces légiti leurs chanfons, ne l'appelloient que vés du Philippe le Débonnaire. Cependant on rang de ne voudroit pas prononcer qu'il n'en tra point quelque levain d'ancien reffentiment dans fa conduite à l'égard t. 1, p. des Princes légitimés. Dès le premier 241, 272, jour de fa Régence, il avoit repris 259,314 toute la puiffance que Louis XIV Staal, vouloit partager: ainfi la politique 1, p. 304. étoit fatisfaite; mais comme il eft

-du Sang.

Mém. Reg.

343, 346.

to

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