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1. Cor. 19

comme un objet de haine & d'horreur? Ne CHAP. II, confefferions-nous pas alors, que nous appartenons encore à l'homme prévaricateur, & au ferpent qui l'a vaincu? Ne ferionsnous pas alors fans JESUS-CHRIST & fans Dieu dans le monde; & le caractere de la bête ne paroîtroit-il pas fur un front qui rougiroit du caractere de l'agneau & de fon image? Portons donc, comme nous y » exhorte faint Paul, l'image de l'homme célefte, comme nous avons porté l'image de l'homme terreftre: Sicut portavimus » imaginem terreni, portemus & imaginem cœleftis. Et faifons par une fidelle imitation de JESUS CHRIST qu'on le reconnoisse dans nous, comme la conformité de nos vices & de nos paffions a rendu vifible le premier pécheur dans notre conduite: Qualis Ibid. n. 48; terrenus, tales terreni : & qualis cœleftis, tales & cæleftes.

§. 2. L'exemple de JESUS-CHRIST explique ces paroles: Celui qui ne me fuit pas, n'elt pas digne de moi. Le renoncement doit être général, comme celui de JESUS-CHRIST.

1. LORSQUE JESUS-CHRIST difoit pendant fa vie, que celui qui ne prend pas fa Croix, & ne le fuit pas, n'eft pas digne de lui: Qui non accipit crucem fuam, & fequi- Matth, jos tur me, non eft me dignus ; on fe formoit avec 38, peine une idée précife d'un commandement jufques-là inoui, & l'on ne comprenoit pas diftinctement en quoi il fe donnoit pour modéle, ni à quoi il attachoit l'obligation de le fuivre, à peine d'être indigne de lui. Mais JESUS CHRIST réellement crucifié pour la vérité & pour la juftice, immolé à

CHAP. II. fon Pere par l'obéiffance, facrifiant la vie & fa charité pour les pecheurs, portant avec une patience invincible tout ce qui étoit néceffaire à l'expiation de nos iniquités, ne nous permet plus de douter qu'il ne foit en tout cela notre exemple: que nous ne devions le fuivre jufqu'à la Croix, jufqu'aux dernieres humiliations, jufqu'à la mort; que nous ferions indignes de lui, fi nous mettions à notre obéiffance quelque exception qu'il n'a pas mife à la fienne; & que notre reconnoiffance & notre amour pour lui, ne répondroient pas à la charité qu'il a eue pour nous, fi nous refufions de le fuivre jufqu'au bout pour notre propre interêt, pendant qu'il continue de marcher pour nous par pure miséricorde.

2. Il en est de même de cette condition que JESUS-CHRIST attache inséparablement à l'honneur d'être fon difciple, & qui confiste à renoncer à tout ce qu'on poffede: Luc. 14.33. Sic omnis ex vobis qui non renunciar omnibus qua poffidet, non poteft meus effe difcipulus. Car avant que JESUS CHRIST mourût fur la Croix, on pouvoit, ce femble, douter de l'étendue de ce renoncement on pouvoit être tenté d'y foupçonner quelque exagération; on pouvoit au moins le regarder comme fans exemple. Mais JESUS-CHRIST dépouillé de tout, même de fes vêtemens, fans biens, fans amis, fans protection, condamné, deshonoré par mille outrages, que fes douleurs, fa patience, & fa mort même n'ont pas arrêtés, nous déclarent nettement que le dépouillement du difciple doit être auffi étendu & auffi univerfel que celui du maître, & que l'un ne peut pas réferver ce que l'autre à facrifié pour lui.

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3. Entre les difciples qui fuivent JESUS- CHAP. II. CHRIST, les uns ont des biens, d'autres des protecteurs, d'autres du crédit, d'autres de la réputation, Quelques-uns réunif fent en leurs perfonnes tous ces avantages; & il y en a dont le facrifice leur coute beau coup, fur-tout quand les interêts d'une famille fortifient l'attachement qu'on y a. On confulte alors on délibere, on compare les triftes conséquences d'un devoir, avec l'obligation d'y être fidéle, & il eft rare qu'on ne trouve pas ou dans foi-même, ou dans le confeil de fes amis, des raifons qui diminuent l'évidence du devoir, & qui repréfentent l'extrémité où l'on fe réduiroit en le fuivant, comme un excès, comme une fingularité fans exemple, comme une folie, condannée non feulement par la prudence humaine, mais même par celle qui eft unc vertu, dont une conduite fi peu mefurée feroit le fcandale & la honte.

4. Ainfi une condition qui paroiffoit très sérieufe, quand JESUS-CHRIST l'attachoit à l'honneur d'être fon difciple, n'a prefque jamais lieu : & plus il eft clair qu'il en couteroit tout pour lui être fidéle, plus il paroît alors évident qu'on eft difpenfé de l'être. On demande alors des exemples d'un tel renoncement; & comme on n'en trouve point, ou qu'ils font très-rares & peu frappans, parce qu'ils ne font que dans des perfonnes obfcures, on conclut qu'il n'y en a point; & de ce qu'il n'y en a point, on conclut avec la même certitude, que fi on le donnoit foi-même on feroit très-imprudent & hors de la régle, au lieu de la fuivre.

5. Mais fi l'on peut conclure ainfi, tant qu'on ne regarde que les hommes, & qu'on

CHAP. II. ne confulte que les hommes; combien eett faufse prudence eft-elle confondue par la parole de JESUS-CHRIST, foutenue & expliquée par fon exemple ? Les termes de la loi font généraux : Omnis ex vobis. Perfonne n'eft excepté. Le renoncement eft total: qui non renunciat omnibus qua poffidet. L'exclufion du nombre des difciples eft fans retour non poteft meus effe difcipulus. Les comparaifons qui précédent cette loi dans le difcours de JESUS-CHRIST font une preuve qu'elle eft indifpenfable. Car il nous compare à un homme, qui avant que de bâtir une tour, fuppute à loifir s'il aura de quoi l'achever ; & à un Prince qui étant en guerre avec un autre, examine avec foin s'il peut la foutenir, ou s'il ne feroit pas mieux de la terminer par une négociation de paix. Après quoi, il ajoûte: » C'est » ainfi que quiconque d'entre-vous ne renonce pas à tout ce qu'il poffede, ne peut être mon difciple. Qu'il examine, avant que d'en prendre la qualité, s'il aura dequoi la foûtenir. Pour moi, j'exige tout. Je veux un facrifice plein & parfait. Je renonce pour difciple celui qui commence à édifier, & qui n'acheve pas; qui s'engage avec moi dans une guerre dont il fe laffera. Comme difciple il doit m'écouter toujours; & moi comme fon maître, je ne puis l'être à demi, ni compofer avec lui, ni me contenter d'être fon égal.

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6. Voilà la loi mais combien l'exemple du maître eft-il plus clair & plus preffant que la loi? De tous les biens dont la poffeffion appartenoit à JESUS-CHRIST, le quel s'eft-il réfervé? Que lui refte-t-il fur la croix? Où eft fa gloire ? Où eft fa liberté ?

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qui l'a-t-on affocié dans fon fupplice? De CHAP. I. quoi n'eft-il pas accufé, puisqu'il eft accufé d'avoir ufurpé la qualité de Fils de Dieu, & d'être un séducteur que Dieu defavouë & qu'il laiffe expirer dans les tourmens? Quel abandonnement peut être plus grand que le fien? Son Pere même n'y en ajoutet-il pas un autre infiniment plus fenfible, dont il nous inftruit par fes plaintes ? Qui de nous peut ainfi renoncer à tout, & même aux confolations qui paroiffent néceffaires à la patience? De qui le maître exigera-t-il un facrifice auffi univerfel que le fien ? Et quand le difciple lui en offriroit un pareil, y auroit-il quelque comparaison à faire entre le maître qui donne l'exemple, & le difciple qui le fuit: entre le maître dont le ciel & la terre font les ouvrages, & un difciple à qui tout ce qu'il facrifie étoit prêté pour un tems: entre le maître qui rachete fon difciple, & qui donne tout pour le racheter; & le difciple qui conferve & qui rend éternel tout ce qu'il facrifie à fon Rédempteur?

§. 3. Explication d'un endroit de l'Eccléfiaftique chap. 14. qui marque le faint empreffement d'un homme de bien pour découvrir les traces de la Sageffe, qui pour lors étoient fort obfcures. Depuis que cette Sageffe s'eft incarnée, ces traces font vifibles, conduifent toutes au Calvaire.

1. IL y a un endroit admirable dans le quatorziéme chapitre de l'Eccléfiaftique, ou le Saint Efprit reprefente d'une maniere très-vive & très-touchante l'empreffement d'un homme de bien pour découvrir les fen

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