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APPROBATION

de Monfieur Tournely Docteur de Sorbonne, & Cenfeur Royal des Livres.

Ai

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l'ordre de Monpar feigneur le Garde des Sceaux. l'Ouvrage diftingué en deux Parties, qui a pour titre, Explication du Myftere de la Paffion de Notre Seigneur Jesus-Chrift, fuivant la Concorde; dans lequel j'ai trouvé de grands fentimens de religion & de piété. A Paris ce dixiéme Décembre mil sept cens vingt-fept.

TOURNELY.

EXPLICATION

EXPLICATION

DU MYSTERE

DE LA PASSION

DE

N. S. JESUS-CHRIST,

Suivant la Concorde.

JESUS CRUCIFIÉ

PREMIERE PARTIE.

CHAPITRE I.

JESUS-CHRIST crucifié, comme un maître à qui fa croix fert de chaire, enfeigne tous les hommes, & les inftruit de toutes les vérités neceffaires pour le falut.

§. 1. Les hommes plongés dans les fens avoient befoin d'un maître divin qui les détrompás Partie I.

A

CHAP. I.

I.

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des

de la fauffe idee qu'ils avoient des biens des maux, & les inftruisit de leur fin, des moyens d'y parvenir. C'est ce que JESUS-CHRIST a fait par fa vie, & furtout par fa mort.

L n'y avoit rien qui fût plus néceffaire aux hommes, que d'être inftruits des véritables biens, & des véritables maux :

moyens pour arriver au bonheur, & des obftacles contraires : du bonheur en lui-même, de fa nature de la vérité, & par conséquent de leur fin, qui ne peut être différente du vrai bonheur. Mais il n'y avoit aucune matiere fur laquelle ils euffent moins de lumiere. Leurs paffions les avoient jettés dans mille erreurs. La cupidité ne connoiffoit d'autres biens ou d'autres maux, que ceux dont les fens peuvent juger & la cupidité étoit dominante dans tous les hommes que la grace n'avoit point changés. Tout ce qui étoit fpirituel & invifible, paffoit pour n'être pas, ou ne faifoit aucune impreffion. On comptoit uniquement fur la vie ; & fi l'on avoit quelque idée de la vertu, l'on étoit toujours préparé à la facrifier aux interêts de l'amour propre.

:

2. Pour détromper les hommes, il falloit autre chofe qu'une fimple 'inftruction. Il falloit un autre maître que l'un d'entr'eux. Il falloit que Dicu lui-même devînt visible, qu'il vécut parmi eux; qu'il leur parlât un langage qu'ils puffent entendre ; qu'il attirât leur admiration par des miracles, & leur amour par des bienfaits; qu'après les avoir enfeignés, il prouvât la doctrine par

fes exemples; & qu'il réunît dans un der-
nier exemple toutes les circonftances сара-
bles de perfuader qu'il y a une autre vie que
celle-ci; que la vertu eft quelque chofe de
très-réel; que les efpérances qu'elle a d'un
bonheur éternel font bien fondées ; que
Dieu mérite une obéiffance fans bornes, &
que l'obéiffance digne de lui eft celle où
l'on n'eft foutenu ni confolé
que par le de-
fir de lui plaire, tout le refte étant ôté, &
l'ignominic la plus profonde fe trouvant
jointe à la plus extrême doulcur.

3. Tout cela a été divinement accompli par JESUS CHRIST. Il eft defcendu du ciel lui qui étoit la vie mémè. Il a fouffert la mort qui nous étoit dûe, & il l'a tuée par la plénitude de fa vie. Mais avant fa mort il nous a crié d'une voix de tonnerre, que nous retournaffions à lui, & que nous le fuivifions jufques dans le fein de fon Pere où il s'eft retiré. Defcendit huc ipfa vita noftra, & tulit mortem noftram, & occidit eam de abundantia vita fua, & tonuit clamans, ut redeamus hinc ad eum in illud fecretum, unde proceffit ad nos. Toute fa vie depuis fa naiffance, toutes les actions, toutes les paroles, fa mort, fa réfurrection, fon retour vers fon Pere, forment un cri que les plus fourds font contraints d'ententendre, & qui nous rappelle à lui, qui ne s'eft dérobé à nos yeux, que pour nous faire rentrer dans notre cœur où il eft caché: Clamans dictis, factis, morte, vitâ, defcenfu, afcenfu: clamans ut redeamus ad eum:& difceffit ab oculis, ut redeamus ad cor, inveniamus eum.

4. Il fuffit d'avoir des yeux pour être in ftruits de notre véritable fin, & des moyens

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CHAP. I. qui nous y peuvent conduire. Il fuffit de les ouvrir fur JESUS-CHRIST, pour être détrompés de nos erreurs, & de nos faux préjugés par rapport au bonheur & à la mifere. Sa feule vue décide tout, & difpenfe de tout raifonnement. La mort nous paroiffoit terrible, & le plus grand de tous les maux: en s'y foumettant il nous a détrompés. Rien n'étoit plus honteux ni plus horrible felon nos idées, que d'expirer fur une croix : en choififfant pour lui-même ce genre de mort, S. Aug. de il a change nos idées : Mori metuebant (he vera relig. n. mnes): morte multatus eft, Ignominiofiffimum 32. mortis genus crucem putabant: crucifixus eft. Le defir d'avoir certains biens, & la crainte de tomber dans certains maux, nous empêchoient de nous attacher à la vertu: JESUSCHRIST en renonçant à ces biens dont l'amour nous affoibliffoit, les a dégradés & deshonorés, & nous les a rendu méprifables. Et en acceptant les maux dont la crainte nous faifoit abandonner la vérité & la

32.

juftice, il les a vaincus pour lui & pour nous, & il a mis en poudre tous les obstaIbid. n. cles qui nous retenoient. Omnia qua habere cupientes non rectè vivebamus, carendo vilia fecit. Omnia qua vitare cupientes à ftudio deviabamus veritatis, perpetiendo dejecit, To◄ ta vita ejus in terris, difciplina morum fuit,

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