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CHAP. III. malheurs quelle comparaifon en peut-on faire avec JESUS-CHRIST, avec fes ignominies, & avec fa mort ? Ce qu'il a souffert nous confole de tout. Après lui nous ne devons rien pleurer, qu'avec des larmes paffageres, dont la foi tarit la fource, & qu'elle convertit fouvent en actions de graces. Tout ce qui peut périr, tout ce qui peut nous être ôté par les hommes, tout ce qui a été tiré du néant, & qui peut y retourner, n'eft pas l'objet d'une douleur inconfolable. Il n'y a aucune grandeur, aucune majesté comparable à celle de JESUS-CHRIST. Nous devons être étonnés de fa patience, & de fon humiliation : mais après cet exemple, nous ne devons être étonnés de rien.

3. Le joug que portent les enfans d'Adam eft un poids accablant, & ils font contraints de le porter depuis leur naiffance jufqu'à leur mort, depuis le fein de leurs meres jufqu'à celui de leur mere géEccli. 40. 1. nérale qui eft la terre. Grave jugum fuper

filios Adam, à die exius de ventre matris
eorum, ufque in diem fepultura in matrem
omnium. Les foins, les inquiétudes, la
pauvreté, les maladies, les déplaifirs par-
ticuliers, les afflictions générales, une
foule de maux qui fe fuccedent, traver-
fent leur miferable vie. S'ils y joignent le
découragement & le défefpoir, ils appe-
fantiffent leur joug. S'ils tâchent de s'af-
fermir par un faux courage, ils n'en font
pas moins accablés. Il n'y a qu'une hum
ble patience qui foit capable de l'adoucir
& de le convertir en une falutaire péniten-
ce: & rien n'eft plus capable d'infpirer
une patience humble, que le fouvenir de

éelle de JESUS-CHRIST.

CHAP. II.

4. Car en méprifant pour nous les maux, & en acceptant pour nous la mort, qui étoit en même-tems la plus cruelle & la plus honteufe, il nous a mis au-deffus de tous les maux de la vie : il nous a fortifiés contre toutes les craintes ; & il nous a donné des armes pour vaincre tous les maux, en nous montrant comme il les a vaincus. Chrifto paffo in carne, difoit faint 1. Pct. 4. Ti Pierre, vos eadem cogitatione armamini. Il nous preffe même, & nous exhorte d'une maniere qui fe fait fentir jufqu'au fond du cœur, en prenant fur lui tout ce qui faifoit trembler notre foibleffe ; & la confolation qu'il répand dans l'ame de fes ferviteurs les porte jufqu'à defirer de fouffrir pour lui, & à préférer, lors même qu'ils en ont le choix, une vie cru fifiée à une vie heureuse & tranquille.

4. V. C'est par l'exhortation du Sauveur crucifié que tant de Martyrs, de Pénitens, de Vierges, ont été portés à renoncer tout ce qu'ils avoient de plus cher, à souffrir toutes fortes de maux & à s'élever aux plus fublimes vertus pour avoir part à fes fouffrances.

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1. C'EST par cette exhortation fecreete, mais puiffante, que tant de Martyrs ont regardé la Croix de JESUS-CHRIST comme leur gloire; qu'ils fe font trouvés honorés d'avoir part à fes opprobres; qu'ils ont rendu graces, comme d'une grande faveur & d'un fignalé privilege, de boire après lui dans le calice qu'il leur offroit. C'est par la même exhortation

CHAP. III. que tant de Solitaires, tant de Vierges cant de Martyrs de l'Evangile & de la pén itence, ont méprifé le fiecle, leur liberté, les néceffités même de la vie, pour en faire un facrifice volontaire à JESU SCHRIST. C'est par cette exhortation que plufieurs de tout fexe & de tout état, ont tâché d'aller au-delà des devoirs communs du Chriftianifme, & de ne pas fe contenter d'une obéiffance prefcrite à tous, mais d'y ajouter, felon l'expreffion de Tertullien, le deffein & le defir de plaire à Dieu par des fervices affectés, & par une attention à fes volontés femblable à celle d'un courtifan flateur pour gagner les bonnes graces de fon maître: Non tantùm obfequi debeo Domino, fed és adulari.

Tetull. de jejun.cap. 13.

2. Supprimez la croix de JESUS-CHRIST, jettez un voile fur fes ignominies, cachez се que les orgueilleux trouvent d'indigne & de bas dans fes fouffrances : que devient cette exhortation générale, qui a été le principe du courage de tant de faints; qui les a guéris de l'amour du fiecle & d'eux-mêmes; qui a changé leur orgueil, leur ambition, leurs délices, leurs paffions pour les richesses, en humilité, en patience, en auftérités, en détachement? Où font les Martyrs, où font les grandes vertus, où faudra-t-il chercher les grandes leçons, & les grands exemples, fi le fcandale de la croix eft levé z Que ferions-nous, & que feroit la Reli gion, fi les infenfés qui ofent blafphemer ce qu'ils ignorent, avoient reformé dans JESUS-CHRIST ce qui n'est pas de ·leur goût, & qui ne convient pas à leur fauffe fageffe: Qui ne voit pas au con

traire, combien il y a eu de fageffe & de puiffance, auffi-bien que de charité, dans. tout ce que JESUS-CHRIST a choisi pour confoler, pour exhorter, & pour

animer fes ferviteurs. Hac omnis hortatio, S. Aug, lib. dit faint Auguftin, que jam ubique pradi- de agone chri catur, ubique veneratur, qua omnem obe- ftiano, n. 12, dientem animam fanat, non effet in rebus

humanis, fi non effent facta illa omnia, que ftultiffimis difplicent..

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JESUS-CHRIST crucifié eft notre force, & le remede de tout ce qui peut nous affoiblir.

A

PRE's avoir confideré JESUS-CHRIST

feigne toutes les vérités falutaires, comme le modéle que nous devons imiter, & comme le confolateur de ceux qui fouffrent avec pieté nous allons le confiderer comme notre force, & comme le remede de tout ce qui peut nous affoiblir. Ces deux chofes font étroitement unies: mais j'éviterai de les confondre, pour les traiter avec plus de clarté,

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CHAP. IV.

§. I. Dieu n'exerce fon pouvoir à notre égard, pour nous conduire au falut, que par J.ESUS-CHRIST crucifié. Saint Paul dit en plufieurs endroits qu'il n'eft que foibleffe, &qu'il tire toute fa force de JESUSCHRIST.

1. EN propofant JESUS-CHRIST crucifié comme législateur & comme maître comme modéle, comme confolateur, je n'ai pas prétendu le comparer à Moyfe miniftre & médiateur de l'ancienne loi; ni réduire fon exemple à un fimple fpectacle digne d'admiration, ni borner fa confolation & fon exhortation à la feule vûe de fes fouffrances. Je fçai que dans J. C. tout eft efficace & puiffant, que c'eft par fon onction qu'il enfeigne, que c'eft par l'impreffion de fa grace qu'il devient notre modéle, & que c'est par la préfence de fon efprit qu'il nous exhorte fouffrir pour lui, & qu'il nous confole dans nos fouffrances. Une foi vive en J. C. n'eft jamais fans fruit, & n'est jamais réduite à un fimple fouvenir de fa croix. Et comme tout eft vie en lui, & que tout y eft falutaire, parce qu'il n'y a point d'autre nom que le fien qui puiffe nous fauver, en quelque fens qu'on le confidere, & fous quelque idée qu'on l'invoque, on éprouve toujours qu'il eft à notre égard une fource de grace & de force. Mais il eft utile de le confiderer fous différentes faces, quoique ces différens rapports fe terminent à l'unité d'un feul objet parce que ces vûes diftinctes foutiennent & nourriffent la foi, en éclairant l'efprit ; & qu'elles contribuent à découvrir & à faire rechercher les tréfors

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