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infinis cachés dans les douleurs & dans les humiliations de JESUS-CHRIST.

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C

CHAP. IV.

1. Cor. 1. 22.

25.

2. Les Juifs, dit faint Paul, deman- « dent des miracles, & les Gentils cherchent << la fageffe; mais pour nous nous prêchons « J. C. crucifié, qui eft un fcandale aux Juifsce & une folie aux Gentils: parce que ce qui « paroît en Dieu une folie, eft plus fage que «e toute la fageffe de tous les hommes; & c que ce qui paroît en Dieu une foibleffe, eft plus fort que la force de tous les hom- ce mes. Et le même Apôtre avoit dit peu auparavant: "La parole de la croix eft une folie Ibid. . 18. pour ceux qui fe perdent, mais pour ceux qui fe fauvent, c'est-à-dire, pour nous, ce elle eft la vertu de Dieu ". Voilà en peu de mots tout le fond & tout le mysterede la Religion chrétienne découvert. J. C. crucifié eft la force deDieu. La parole de la croix eft la vertu & la puiflance de Dieu. C'est-à-dire, que Dieu n'exerce fon pouvoir à notre égard pour nous conduire au falut que par J. C. crucifié. Il est tout-puiffant, il eft le maître de tout, il eft plein de miséricorde & de bonté: mais il a établi la croix de J. C. pour l'unique moien & l'unique canal de fa puiffance & de fa grace. Ce moien paroît y être un obftacle: mais c'eft pour cela même qu'il l'a choifi. Il eft regardé comme foible, com me une folie par ceux qui fe perdent : Verbum crucis pereuntibus ftultitia eft, iis autem qui falvi fiunt, Dei virtus eft... Nos pradicamus Chriftum crucifixum : Judais quidem fcandalum, gentibus autem ftultitiam: ipfis autem vocatis Judais atque Gracis, Chriftum Dei virtutem. Dei fapientiam.

4.13.

3. Je puis tout, dit faint Paul, en celui « Philip. 4. qui me fortifie «. Omnia poffum in eo qui

CHAP. IV. me confortat. Il eft clair qu'il veut parler de JESUS-CHRIST, & le texte grec ne permet pas d'en douter: in corroborante me Chrifto. Avec lui je fuis à l'épreuve de tout, je fuis fupérieur à tout. Il n'y a rien qui foit capable de m'affoiblir, ni de me vaincre, parce qu'il eft ma force, & qu'il eft lui-même invincible. Si j'étois fort par moi-même, je ferois bien-tôt affoibli: car ma force feroit bornée. Mais je fuis foible par mon propre fonds. Je ne fuis la fource ni du courage, ni de la patience : & parce que je ne puis me les donner, je m'attache par une foi vive à JESUS-CHRIST, qui devient ma force, & qui m'éleve au-dessus de toutes les tentations, de tous les dangers, & de toutes les efpeces d'afflictions & de douleurs, parce qu'il n'y a ni tentation ni danger, ni douleur, dont fa grace ne puiffe triompher, & dont elle ne triomphe en effet, quand on s'y fie pleinement, & qu'on la demande avec inftance.

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4. C'eft le Seigneur lui-même, dit ail»lcurs le même Apôtre, qui m'a appris cet»te grande vérité, que fa puiffance fe fait plus paroître, & qu'elle a un plus grand effet dans la foibleffe: Dixit mihi: fufficit tibi gratia mea ; nam virtus in infirmitate perficitur. » Je prendrai donc plaifir, con

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tinue faint Paul, à me glorifier dans mes » foibleffes; afin que la puiffance & la for» ce de JESUS-CHRIST habitent dans moi. » Et en effet je fens de la fatisfaction & de la joye dans mes foibleffes, dans les outrages, dans les néceffités où je me trouve réduit, dans les perfécutions, dans les afflictions preffantes que je fouffre pour JESUS-CHRIST. Car lorfque je fuis foi

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ble, c'eft alors que je fuis fort. « Cùm enim infirmor, tunc potens fum.

5. Saint Paul fe fert du terme général de foibleffe, pour marquer tout ce qui met fa foi & fa patience à l'épreuve. Il comprend fous ce nom les perfécutions, les outrages, les afflictions preffantes qu'il fouffre pour JESUS-CHRIST, auffi-bien que fes tentations perfonnelles, qu'il défigne par l'ange de fatan, & par l'aiguillon de fa chair. C'eft qu'en effet, par rapport aux tentations extérieures ou intérieures, il n'est par lui-même que foibleffe; que toutes l'en font fouvenir; que toutes l'humilient, & le rappellent à la connoiffance de fon infirmité; que toutes le preffent de recourir à JESUS-CHRIST comme au principe de fa force, ou pour la continence, ou pour le amartyre. Et c'eft parce qu'elles l'avertiffent de ne pas mettre fa confiance en lui-même, & qu'elles donnent occafion à la puiffance de JESUS-CHRIST de fe manifefter & d'agir efficacement en lui, qu'il fe glorifie dans fes foibleffes. Libenter igitur glorificabor in infirmitatibus meis, ut inhabitet in me virtus Chrifti.... Cùm enim infirmor, tunc potens fum.

§. II. C'eft des foibleffes de JESUS-CHRIST, que faint Paul tiroit fa force. C'est par fon agonie, par fa foumiffion, par fes prieres, par fon filence, par son profond abbaissement devant fon pere, qu'il nous a mérité la grace de fouffrir avec patience, & avec

courage.

1. MAIS demandez à ce grand Apôtre d'où vient cette force puiffante que JESUS

CHAP. IV.

Heb. 2. 18.

pas

traduire

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*

CHAP. IV. CHRIST communique à ceux qui ne font par eux-mêmes que foibleffe? Il vous ré◄ pondra qu'elle vient des foibleffes mêmes & des fouffrances de JESUS-CHRIST. , Il a. s été tenté, dit-il, & éprouvé par les pei-. nes qu'il a fouffert ; & c'eft pour cela, Il ne faut qu'il eft puiffant pour fecourir ceux qui » font tentés & affligés: » In eo enim, in il est disposé. quo passus eft ipje & tenatus, potens eft & eis qui tentantur, auxiliari. Remarquez, s'il vous plaît, cette liaison: il a fouffert, il a été éprouvé; & c'eft pour cela qu'il a le pouvoir de fecourir. Sans les fouffrances de J. C. notre Médiateur & notre Pontife, Dieu feroit éternellement inacceffible à l'homme. La Sageffe éternelle feroit pour nous inexorable, fi elle ne s'étoit pas fou mife à tout ce qui devoit expier nos péchés. Le Saint Efprit ne nous auroit infpiré aucun mouvement de penitence, ni aucun défir de retourner à la juftice, & nous n'aurions jamais reçû aucune grace qui nous préparât à la réconciliation. C'eft J. C. crucifie qui eft pour nous la puiffance & la vertu de Dieu. Nos pradicamus Chriftum crucifixum... Chriftum Dei virtutem.

1. Cor. 1. 23.

24.

2. Il a voulu devenir le principe de notre courage, en fe livrant a la trifteffe, à l'enMarc. 14.33. nui, & même à la crainte cœpit pavere.

tadere. Il a demandé que le calice qui lui étoit préfenté, pafsât, & qu'il ne fût pas obligé de le boire, afin que fes ferviteurs l'acceptaffent avec joye. Il s'eft pro fterné, il a mis, comme dit le Prophéte, fa bouche dans la pouffiere, pour détourner de lui le facrifice qu'il avoit defiré toute fa vie, afin de relever de terre fes Difciples & fes Martyrs. Il a fouffert une cruelle agonie,

oi

1

où le fang eft forti de toutes fes veines, CHAP. IV.
pour mériter la fermeté, l'intrépidité, &
même la joye, à des hommes foibles &
tremblans. Il s'eft abaiffé jufqu'à leurs foi-
bleffes, pourvû qu'elles fuffent foumises à
la volonté de Dieu, afin de leur donner en
échange fa puiffance & fa force. Car il a
voulu acheter lui-même tout ce qu'il de-
voit nous donner par grace. Il nous a cedé
fa gloire, & s'eft chargé de notre humi-
liation. Il eft entré avec nous comme il
a été dit ailleurs, dans un commerce, où
tout le gain a été pour nous, & où il a pris
notre infirmité & notre crainte, pour nous
communiquer fa vertu & sa victoire. Nof- S. Leo Jerm
tra infirmitatis affectus participando curabat... 3. de paf.
Venerat enim in hunc mundum dives atque cap. 49
mifericors negotiator cæli... noftra accipiens,

fua retribuens.

сс

3. C'étoit nous qui difions par la bouche
de notre Pontife plein de compaffion :
« Mon Pere, s'il eft poffible, faites que ce
ce calice paffe. Mais c'étoit notre puissant
Médiateur qui ajoûtoit en notre nom :
er Néanmoins, mon Pere, que votre vo- ce
lonté foit faite «. Et ce plein & parfait
confentement à la volonté de fon Pere a
été, & fera jufqu'à la fin des fiécles, la four-
ce de la fincere & pleine foumiffion de ceux
qui ont fouffert ou qui fouffriront pour la
juftice. Cette parole du Chef, dit faint ce
Leon, a été le falut de tout le corps. Cet- ce
te parole, que votre volonté foit faite,
a été une leçon & un exemple pour tous ce
les fidéles. C'est à elle que les Confeffeurs ce
de JESUS-CHRIST doivent leur zéle &
leur amour. C'est à elle que les Martyrs
doivent leur perfeverance & leur couron- «

Partie I.

C

S. Leo ferm 7. de paff, n

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се

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