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laiffer après la mort une entiere liberté par CHAP. IV. rapport à elle. 48. Dans la comparaifon que fait faint Paul entre la loi qui lie la femme au mari, & la loi de Dieu qui tient l'homme dans la dépendance; c'est la loi de Dieu, qui eft comparée au mari, & c'eft l'homme fujet à cette loi qui eft comparé à la femme, il faudroit donc, pour rendre cette comparaifon jufte, que laloi deDieu mourût,&que l'homme fût le furvivant: & cependant faint Paul fuppofe que c'est l'homme qui meurt. fo. Une femme pleine de vie peut épouser un fecond mari ; mais fi elle étoit morte elle-même, & que fon mari fût le furvivant, il eft vifible qu'elle feroit incapable d'en époufer un autre : & néanmoins c'est ce que faint Paul paroît dire: Ita vos, mor◄ tificati eftis legi, ut fitis alterius. 69. On n'entend pas affez, pourquoi il faut que JESUS-CHRIST meure, afın meure à la loi ; ni comment la mort corporelle de J. C. est la mort de tous les hommes par rapport à la loi. 78. Enfin on ne comprend pas facilement, comment l'homme a toujours été ftérile fous la loi ou fé cond feulement par l'adultere; au lieu qu'il devient fécond par une feconde alliance en toutes fortes de bonnes œuvres, dont Dieu eft le principe & la fin: Ut fructificemus Deo... ita ut ferviamus in novitate fpiritus &non in vetuftate littera. Voilà les princi pales difficultés qu'il faut lever; ou plutôt,' comme je l'ai dit, les obfcurités qu'il faut éclaircir.

que l'homme

Partie II

СНАР. ІV.

§. II. Ceux des Gentils qui avoient con noiffance des Ecritures, étoient mieux instruits de leur vrai jens, que ne l'étoient les Juifs. La fervitude d'Eve fous Adam, figure de la fervitude de l'homme fous la

Loi.

1. "IGNOREZ-vous, mes freres, ( car » je parle à des hommes inftruits de la loi) » que la loi ne domine fur l'omme, que

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pour autant de tems qu'il vit? » Le premier foin des Apôtres, en inftruifant les Gentils, étoit de leur prouver la vérité de Evangile par les Ecritures & les Prophéties de l'ancien Teftament; de leur montrer JC. & fon Eglife dans les événemens qui les avoient figurés ; & de leur apprendre les myfteres qui étoient cachés fous des voiles qui n'en étoient que la furface. Ainfi quoique les Gentils fuffent étrangers par rap port aux anciennes Ecritures, dont les Juifs feuls avoient été les dépofitaires, ils étoient pourtant fort inftruits de leur véritable fens', & infiniment mieux que les Juifs qui étoient démeurés dans l'incrédulité. On en peut juger par la maniere dont faint Paul parle aux Galates d'Agar & de Sara, l'une efclave, & l'autre époufe d'Abraham: » » Vous qui voulez être fous la loi, leur » dit-il; n'écoutez-vous pas ce que dit » la loi Car il eft écrit qu'Abraham eut Vul. 76 vé» deux fils; l'un de l'esclave, & l'autre de la azy femme libre...Ce qui eft une allégorie:car » ces deux femmes font les deux alliances, » dont la premiere qui a été établie sur le "mont de Sina, & qui n'engendre que efclaves, eft figurée par Agar. » Cet A

* Legem

non legiftis?

μου

半工。

Gal. 4.

33

des

pôtre les fuppofe tellement inftruits, qu'il CHAP. IV. le contente de leur demander, s'ils n'écoutent pas ce qu'une fimple hiftoire rapportée fans aucune réfléxion dans la Genefe, leur apprend fur les deux alliances; l'une figurée par Agar, & l'autre par Sara? Et le même Apôtre compte fi fort fur ce qu'il leur a dit lui-même autrefois du fens myftérieux caché fous ces apparences, qu'il ne fe met point en peine de le prouver, inais feulement de les en faire fouvenir.

2. Saint Paul en ufe de la même forte en écrivant aux Ephefiens fur la fainteté du mariage, qu'il regarde comme le myftere & le fymbole de l'alliance que JESUSCHRIST a faite avec fon Eglife: Sacra- Ephef. 5. 12. mentum bec magnum eft; ego autem dico in Chrifto in Ecclefia. Les Ephefiens le fçavoient, & faint Paul fe contente auffi de le leur marquer en un mot. Et quand le même Apôtre voit dans les paroles d'Adam à l'égard d'Eve fortie de fon côté, la maniere dont nous fommes devenus un feul corps avec JESUS-CHRIST, la chair de fa chair, & l'os de fes os; il fuppofe que les Ephefiens font pleinement inf truits de cette vérité, & qu'ils n'ont befoin

que d'y faire une nouvelle attention': Membra fumus corporis ejus, de carne ejus, Ibid- 30. de offibus ejus,

3. Il ne faut pas s'étonner après cela que les Chrétiens au tems de S. Paul, connuffent le myftere caché fous ces paroles que

Dieu dit à Eve après fon péché : Sub viri po- Genef. 3.16. teftate eris, & ipfe dominabitur tui; & qu'ils dans l'Hébreu viffent notre fervitude fous la loi, dans Converfio tua la fervitude d'Eve fous fon mari : & l'au- id eft obfetorité de la loi fur nous, dans celle d'A- quium tuum.

CHAP. IV.

dam fur la femme. Ils fçavoient déja tanť
de chofes fur le mystere de JESUS-CHRIST
& de fon Eglife, figurés par Adam & par
Eve; & ils étoient fi accoutumés à cher-
cher le nouvel Adam dans ce qui étoit die
de l'ancien, qu'il n'eft pas furprenant
qu'ils aïent connu, qu'une alliance entre
Adam & Eve, qui ne devoit donner la
naiffance qu'à des pecheurs, étoit la figu
re de l'alliance de la loi & de l'homme, qui
ne feroit féconde qu'en prévarications;
que la fervitude d'Eve fous Adam, étoit
l'image de la fervitude de l'homme fous la
loi; & que le lien qui tenoit la femme dans
la dépendance pendant la vie de fon mari,
éroit le figne du lien qui retiendroit l'hom-
me fous le joug de la loi, jufqu'à ce qu'il
en fût délivré par La mort, ou par celle de
la loi, ou pat l'une & l'autre. C'est en effet
en marquant directement toutes ces con-
noiffances que S. Paul écrit aux Romains:
Ignorez-vous, mes freres, (car je par-
le à des hommes inftruits de la loi) que
la loi ne domine fur l'homme que pour
autant de tems qu'il vit? Ainfi une fem
me mariée eft liée par la loi à fon mari
» tant qu'il eft vivant: mais lorsqu'il est
» mort, elle eft dégagée de la loi qui la
fioit à fon mari.

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4. Il eft vifible que faint Paul établit comme un principe dont les fideles de Rome, & par confequent tous les autres font perfuadés, que l'alliance de l'homme & de la femme, eft le fymbole & la figure de l'alliance ancienne de la loi & de l'homme. Il est encore vifible que cet Apôtre remonte jufqu'à la premiere origine de Falliance d'Adam & d'Eve. Enfin il eft vi

T

fible qu'il confidere cette alliance, non CHAP. IV.
telle qu'elle eût été dans l'état d'innocen-
ce; mais telle qu'elle étoit devenuë de-
puis le péché & la punition d'Eve, que
Dieu avoit condamnée à la fervitude fous
l'empire d'Adam: Sub viri poteftate eris, & Gen. 3, 16.
ipfe dominabitur tui: Car c'eft de la même
expreffion que S. Paul fe fert pour mar-
quer l'empire de la loi, & la fervitude de
l'homme: Lex in homine dominatur, quan-
to tempore vivit.

§. III. Trifte fituation de l'homme fous la
loi, qui dominoit avec empire fur lui,
qui ne pouvoit lui changer le

cœur.

1. Si donc la femme époufe un autre «
homme pendant la vie de fon mari, elle «<<
fera tenue pour adultere mais fi fon «
mari vient à mourir, elle eft affranchie
de cette loi, & elle peut en époufer un co
autre fans être adultere. «<

Par ces paroles fi pleines de fens, mais
rarement approfondies, S. Paul nous ap-
prend deux grandes vérités. La premiere,
que la loi nous eût toujours dominé, quel-
qu'effort
que nous euffions fait pour nous
fouftraire à fon empire ; & qu'elle nous eût
toujours condamnés comme coupables d'a-
dultere, fi nous avions détourné d'elle no-
tre cœur, & fi nous avions cherché dans une

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alliance étrangere une fécondité qui eût
été la preuve de notre crime. La feconde vé-
rité, eft qu'il n'y avoit que la mort qui
pût nous laiffer la liberté de choisir un
autre maître & un autre époux, en fai-
fant ceffer notre premier engagement. Mais

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