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§. V. JESUS-CHRIST a par sa mort, ac.. quitté ce que nous devions à la loi. L'homme pécheur a été crucifié avec lui ; l'homme innocent eft reffufcité.

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1. MAIS comment l'homme eft - il mort à la loi, par l'union qu'il a avec la mort de J. C. Comment la mort de J. C. devientelle celle de l'homme ? Et pourquoi a-t-il été néceffaire que J. C. mourût, afin que l'homme mourût à la loi? Je commence par la feconde de ces questions, qui a déja reçû de grands éclairciflemens, pour paffer enfuite aux deux autres. Nous avons vu dans le Chapitre, où ces paroles de faint Pal: J'ai été crucifié avec Jesus-Chrift, ont été expliquées, que tous les myfteres de J. C. nous font communs avec lui; parce qu'il les a tous accomplis en notre nom & dans une chair qui étant femblable à celle des pécheurs, excepté le péché, les repréfentoit tous. Nous en avons rapporté des preuves convainquantes, tirées de S.Paul même, & ce que nous lifons ici en eft une nouvelle: car il eft évident que c'eft fur cette vérité capitale que faint Paul fe fonde, pour affûrer les fidéles qu'ils font que fa chair n'étoit pas. feulement une hoftie offerte pour eux, mais leur facrifice propre & perfonnel: Mortif cati eftis legi per corpus Chrifti. Vous étiez tous compris & renfermez en J. C. dit l'A pôtre aux Romains. Son corps immolé fur la croix tenoit votre place & vous repréfen toit. Sa mort par conféquent étoit aufli la vôtre & comme il mouroit pour vous af franchir de la loi, en faifant ceffer fon em

morts avec J. C. &

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CHAP. IV.

CHAP. IV. pire fur vous par la fin de votre vie, en mourant avec lui, vous êtes morts à la loi.

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2. C'est par cette fublime doctrine que la premiere des trois queftions que j'ai propofées, comment l'homme eft mort à la loi, par l'union qu'il a avec la mort de J C. eft réfolue. Car l'union entre J. C. & nous, a été fi étroite, que non-feulement fa mort nous a été commune avec lui; mais, que fon deffein, en donnant fa vie pour nous eft devenu auffi le nôtre. Il a voulu rompre une alliance ftérile pour le bien; mais qui devoit durer jufqu'à notre mort, & que notre mort même n'eût pas fait ceffer, fi elle n'eût été que notre mort particuliere, & le fupplice d'un coupable. Il a voulu fubftituer fa mort à la nôtre, & arrêter anfi dans fa perfonne l'empire de la loi, afin qu'elle n'eût plus d'autorité für nous. Il l'a défarmée, en mourant en notre nom, & en lui ôtant le criminel qu'elle pourfuivoit. Elle ne peut rien fur nous déformais, puifqu'elle ne peut rien fur lui, puisqu'il eft mort, & que fon alliance finit à la mort.

3. Mais pourquoi a-t-il été nécessaire que J.. C. mourût, afin l'homme mourût à que la loi C'eft la troifiéme queftion propofée, dont l'éclairciffement n'eft plus fr difficile, après celui des deux premieres. L'homme en devenant prévaricateur n'avoit pû abolir la loi de Dieu : elle étoit toujours la régle, quoiqu'il ne la fuivit plus. Elle lui marquoit toujours les mêmes devoirs, quoi qu'il n'eût plus les mêmes forces. Il étoit changé, mais elle étoit incapable de changement. Elle continuoit de commander quoiqu'elle ne fût pas obéie; & elle éxigeoit toujours qu'une alliance immuable &

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néceffaire fût religieufement obfervée, ou CHAP. IV. l'homme rebelle lui fût immolé.

que

4. Depuis que le peuple d'Ifraël avoit eu la présomption de promettre à Dieu, qu'il obéiroit à toutes les volontés, dès-qu'elles lui feroient connuës, fans fur un compter autre fecours que celui de fes forces naturelles & de fa liberté, la loi avoit acquis par cette promeffe un nouvel empire fur I'homme, qui penfoit dans tous les lieux & dans tous les tems, d'une maniere auffi orgueilleufe que le peuple d'Ifraël : elle en avoit encore acquis un nouveau, depuis que le Juif, au nom de toutes les nations, auffi téméraires & auffi aveugles que lui, s'étoit foumis à tous les anathêmes, portés par la loi contre tous ceux qui la violeroient. Il n'étoit pas au pouvoir de l'homme, ni de révoquer fa promeffe, ni de détourner de deffus fa tête les malédictions méritées, ni de faire ceffer une loi fainte & immortelle ; qui par la faute de l'homme, & en punition de fa révolte & de fon orgueil, ne fervoit plus qu'à le rendre inexcufable, & à le condamner. Il étoit contraint de demeurer fous le joug dont il étoit accablé. L'alliance contractée avec la loi, fe tournoit contre lui en accufation & en conviction d'adultere. Cette loi demandoit fa mort & non-feulement celle qui terminoit fa vie, mais celle qui feroit éternelle, puifque la premiere n'étoit pas capable de l'anéantir, & qu'elle laiffoit fubfifter fon crime, & fon impénitence. Cette double mort étoit inévitable & elle l'eût tou jours été, fi J. C. ne s'étoit pas chargé de mourir pour l'homme, & d'acquitter pour lui ce qu'il devoit à la loi.

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CHAP. IV.

5. Mais J. C. confentant à mourir pour l'homme, a crucifié l'homme pécheur, & a reffufcité l'homme innocent. Il a anéanti le prévaricateur que la loi pourfuivoit, & le préfomptueux qui avoit attiré fur lui de nouveaux anathêmes. Il a ôté à la loi fon objet, en l'enfeveliffant avec lui ; & il a fait ceffer fon alliance avec l'homme, Convertiflant l'homme en une creature nouvelle, contre qui la loi ne pouvoit former aucune accufation, & qui ne devoit rien à la loi ni comme prévaricateur, ni comme préfomptueux, puifqu'il étoit également humble & obéiffant.

en

6. C'eft dans ce fens que faint Paul dit d'une maniere admirable:qu'il eft mort à la loi par la loi-même, afinde ne vivre plusqueGal. z. 19. pour Dieu. Ego per legem legi mortuus fum, ut Deo vivam. La loi demandoit ma mort elle m'y condamnoit ; & tant que j'aurois: fubfifté dans moi-même, elle n'auroit ceffé de m'y condamner. Mais depuis que je fuis mort en J. C., elle n'a plus de condamnation à faire contre moi. Je fuis libre à fon égard, dès que je ne fuis plus. Elle ordonnoit que je mouruffe, & que ma mort für éternelle cela eft accompli, & déformais elle doit être fatisfaite. Je fuis un homme nouveau, & j'appartiens à un autre maître, dont l'alliance & la charité font éternelles.. Je fuis à Dieu qui m'a donné la vie : & je fuis affranchi de la loi qui m'a fait mourir à elle, en me faifant mourir à moi. J'ai été crucifié avec J. C. ce n'eft plus moi qui vis,, Galat. 2. 19. c'est J. C. qui vit en moi :* Christà confi

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* On met dans une note d'une célebre verfion que faint Paul dit qu'il

eft mort à la loi par la loi même parce que la loi l'a n.ené à J. C, la loi an

xus fum cruci. Vivo autem, jam non ego: CHAP. IV. vivit verò in me Chriftus.

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§. VI. L'homme mort par JESUS-CHRIST
à la loi, reçoit une nouvelle vie. Ce que
c'est que la vieilleffe de la lettre ce que c'est
que la nouveauté de l'efprit..

I. CE que faint Paul vient de dire qu'il eft mort à la loi par la loi même, afin de ne vivre plus que pour Dieu, fert à expliquer les dernieres paroles du célebre paffage qui eft la matiere de ce Chapitre. » Ainfi, mes « freres, dit l'Apôtre aux Romains, vous « êtes vous mêmes morts à la loi par le « corps de J. C. pour être à un autre qui eft « reffufcité d'entre les morts, afin que nous « produifions des fruits pour Dieu : Mortifi oui eftis legi per corpus Chrifti, ut fitis alterius qui ex mortuis refurrexit, ut fructificemus Deo. L'homme fous la loi cft compare à une femme qui a un mari : & quand il fe détourne de la loi, qu'il ne l'aime pas, & qu'il lui préfere la cupidité, dont la loi eft ennemie; il eft comparé à une femme adul tere, qui manque de fidélité à son époux, & qui au lieu de devenir féconde pour lui, ne Feft que pour l'étranger.

2. Cette difpofition d'une époufe infidéle, a été celle de l'homme foûmis à la let tre de la loi, c'est-à-dire, à une loi qui n'avoit que des préceptes & des défenfes ; & qui ne délivroit point l'homme des mauvais défirs, dont la concupifcence eft une fource intariffable. Cette loi lui comman

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