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CHAP. IV.

doit ce qu'il n'aimoit pas, & elle étoit tou jours apliquée à lui défendre ce qu'il aimoit. Plus elle étoit jufte & fainte, plus elle lui étoit oppofée & la gêne où elle mettoit fon cœur, fans le convertir & fans le changer, ne fervoit qu'à rendre fes mouvemens pour les objets de fes paffions, plus continuels & plus vifs. Le péché en eft devenu Rom. 7. v. par-là plus impérieux & plus dominant. Vt fiat fuprà modum peccans peccatum per mandatum. La concupifcence irritée par les barrieres qu'on lui oppofoit au-dehors, s'eft débordée pour les furmonter : Peccatum per mandatum operatum eft in me omnem concupifcentiam. Et au lieu que la loi devoit fervir de frein à l'homme contre les mauvaispenchans, & contre les vices, elle a paru

Ibid. v.8.

au contraire leur donner une nouvelle activité par des défenfes qui ont rappellé le fouvenir de ce qui étoit défendu ; & dont l'engourdiffement du cœur & l'oubli, auroient ce femble rendu le défir plus lent & bid. v.7 plus foible: Concupifcentiam nefciebam, nifi lex diceret non concupifces....... Cum ve niffet mandatum, peccatum revixit.

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3. C'eft ainfi que l'homme uni par mour adultere à des objets défendus, & féparé par l'éloignement de fon cœur d'une loi fainte & augufte, qui lui tenoit lieu d'époux & de maître, n'a produit que des fruits de mort, dignes d'une éternelle ignominie & d'un éternel châtiment. Mais depuis qu'il eft mort par J.C.à une loi qui ne pouvoit lui donner la vie, & qui, pour cette raifon, devenoit à fon égard une occafion continuelle de mort, il appartient à J. C. qui l'a reffufcité, qui eft en lui le principe d'une nouvelle vie ; qui a créé en

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lui un cœur nouveau ; qui lui a infpiré un amour célefte pour la loi, dont il admire CHAP. IV. l'éclat & la beauté;& qui au lieu d'une lettre qui ne pouvoit que condamner les pécheurs, parce qu'elle ne pouvoit ni diffimuler fes crimes, ni lui infpirer la pénitence, a écrit dans fon cœur une loi intérieure, fpirituelle, vivante, féconde en toutes fortes de bonnes ceuvres, qui lui fait aimer tous fes devoirs, & qui lui infpire la haine de tous les vices: Lorfque nous étions c affujettis à la chair, dit l'Apôtre, les e paffions criminelles étant excitées par la ce loi, agiffoient dans les membres de notre ce corps, & leur faifoient produire des fruits << pour la mort: mais maintenant nous fom- «e mes affranchis de la loi de mort dans la- « quelle nous étions retenus: de forte que nous fervons Dieu dans la nouveauté de « l'efprit, & non dans la vieilleffe de la lettre: Nunc autem foluti fumus à lege mortis,in qua detinebamur, ita ut ferviamus in novi.ate fpiritus,& non in vetuft e littera.

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4. Il faut bien pefer ces mots importans: La nouveauté de l'efprit & la vieilleffe de la lettre. » Ce n'est pas la loi à proprement parler qui vieillit, & qui fait place à une alliance nouvelle : mais c'eft la lettre de la loi, féparée de l'efprit de grace & d'amour, qui étant incapable de renouveller l'hom me, & par conféquent d'être le fondement d'une alliance éternelle, doit nécessairement vieillir, & par la vieilleffe être conduite à la mort. De même la nouveauté de l'efprit n'eft point l'établissement de nouveaux devoirs, ni d'une loi qui contienne d'autres préceptes, que ceux du Décalogue mais cette nouveauté de l'efprit eft l'infufion

Rom. 7. V

5.6.

CHAP. IV.

Rom. 8. v. 2.

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d'un nouvel amour, qui fait obferver ce que la lettre de la loi commandoit fans fuccès ; & qui délivre l'homme de l'impuiffance où le tenoient fes paffions, à l'égard d'une loi, qui toute fainte qu'elle étoit, ne pouvoit fanctifier perfonne, parce qu'elle confiftoit dans une lettre extérieure, deftituée d'efprit & de vie : » La loi de l'efprit de vie, dit faint Paul, qui eft en J. C. » m'a délivré de la loi du péché & de la mort car ce qui étoit impoffible à la loi affoiblie par la chair, Dieu l'a fait, aiant envoié fon propre Fils, revêtu d'une chair femblable à celle du péché...... afin que la juftice de la loi fût accomplie en nous, qui ne marchons pas felon la chair, mais fe»lon l'efprit. Ainfi, felon ce grand Apô tre, c'eft la loi de l'efprit de vie, qui accomplit la juftice de la loi. L'efprit de vie, & la juftice de la loi, réellement accomplie, font deux chofes inféparables, bien loin d'être oppofées ; & l'efprit de vie eft tellement uni à la véritable justice commandée par la loi, qu'il cft lui-même cette loi, non dans ce qu'elle a d'extérieur & de littéral, mais dans ce qu'elle a de grace & d'amour. Mais ni cet efprit de vie, ni cette juftice de la loi, réellement obfervée, n'ont pu nous être méritées que par J. C. qui nous a délivrés de notre fervitude fous la chair, en mourant dans la chair; & qui nous a communiqué l'efprit de vie, en mourant pour nous dans une chair femblable à celle des pécheurs. Lex piritûs vita in Chrifto Jesu, liberavit me à lege peccati & mortis. Nam quod impoffibile erat legi, in quo infirmabatur per carnem, Deus Filium fuum mittens in fimilitudinem carnis peccati, & de peccato

damnavit peccatum in carne, ut justificano CHAP. IV. legis impleretur in nobis.

§. VII. La nouvelle alliance ne vieillit point; elle eft éternelle. Cet avantage eft fondé fur pron effe de Dieu qui fe charge de l'obeif fance de l'homme. Dieu écrit la loi dans le cœur de l'homme, par l'efficace de l'Esprit

Saint.

I. C'EST par ce moien que la nouvelle alliance & la nouvelle loi dont J. C. eft l'inf tituteur, font une alliance éternelle, & une loi qui ne vieillira jamais. Car la loi dont il eft l'auteur, est une loi d'efprit & de vie, qui porte avec elle fon accompliffement & fa juftice; parce qu'elle délivre l'homme de la fervitude du péché & de fes paffions, & qu'elle furmonte les obftacles, qu'une chair rebelle oppofoit à la loi de l'efprit. De même la nouvelle alliance dont J.C. eft le Médiateur,eft une alliance éternelle; parce que c'eft J. C. lui-même qui fe charge de la condition dont les hommes avoient eu la témérite de fe charger dans la premiere alliance faite à Sinal, qui pour cette raifon ne pouvoit durer long-tems, ni même étre férieuse un moment; puifque l'homme qui eft menteur, s'en rendoit le garant & qu'il s'établiffoit fur fa promeffe & fur fa parole.

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2, Ces deux vérités, que la nouvelle alliance eft éternelle, & que loi nouvelle ne vieillira jamais, parce que l'une eft fondée fur des promeffes gratuites, & que l'au tre eft une loi d'efprit & de vie, qui enfer me l'obéiffance de l'homme, & l'infufion de l'amour qui eft le principe de fon obéiffan

CHAP. IV.

Heb. 8.7.13. avec Jerem.c. 31.0.33.34.

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ce: ces deux vérités, dis-je, sont clairement enseignées par faint Paul, qui les prouve par les Prophêtes : » S'il n'y avoit » eu rien de défectueux dans la premiere alliance, dit-il, on n'auroit pas pensé à » lui en fubftituer une feconde ; mais Dieu blâmant ceux qui l'avoient contractée, » leur parle ainfi Il viendra un tems, dit » le Seigneur, auquel je ferai une nouvelle alliance avec la maifon d'Ifraël & la mai» fon de Juda: non felon l'alliance que j'ai faite avec leurs peres au jour que je les pris par la main pour les faire fortir de l'Egypte, parce qu'ils ne font point de» meurés dans cette alliance que j'avois fai>>te avec eux : & c'eft pourquoi je les ai » méprifés, dit le Seigneur. Mais voici l'alliance que je ferai avec la maifon d'If» raël, après que ce tems-là fera venu, dit le Seigneur: j'imprimerai mes loix dans leur efprit, & je les écrirai dans leur cœur; &je ferai leurDieu, & ils feront mon peuple; & chacun d'eux n'aura plus besoin d'enfeigner fon prochain & fon frere, en difant Connoiffez le Seigneur ; parce que tous me connoîtront, depuis le plus petit jufqu'au plus grand. Car je leur pardonnerai leurs iniquités, & je ne me fouviendrai plus de leurs péchés. » Oren appellant cette alliance une alliance nouvelle, il a montré que la premiere vieilliffoit : or ce qui vieillit eft proche de fa fin.

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2

3. Ces paroles du Prophéte Jérémie, interprêtées par faint Paul, démontrent clairement que l'alliance nouvelle, eft fondée fur des promeffes gratuites de la part de Dieu, & par conféquent éternelle : & que

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