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fes promeffes confiftent en ce qu'il fe char- CHAP. IV. ge lui-même de l'obéiffance de l'homme: Voici, dit-il, l'alliance que je ferai avec la maifon d'Ifraël. » Il ne ftipule point avec l'homme; il n'emploie point de médiateur ni d'interprête, entre lui & la maifon d'Ifraël, comme dans la premiere alliance: il ne demande point que le peuple s'engage à lui obéir, avant que de lui manifefter fes volontés. Il ne fait dépendre l'alliance dont il a formé le deffein, d'aucune condition de la part des hommes ; & il est visible que c'eft principalement en cela qu'il l'oppose à l'ancienne, où l'homme avoit promis d'être fidéle: Non fecundum tefta

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entum quod feci patribus eorum. L'alliance eft donc purement gratuite, absoluë & par conféquent éternelle. Mais peut-elle fubfifter, fi l'homme n'eft pas fidéle? Non fans doute : mais Dieu promet de le rendre fidele, d'imprimer fes loix dans fon efprit, de les graver dans fon cœur, de dévenir véritablement fon Dieu, en lui donnant fon amour: Dabo leges meas in mentem eorum`,

in corde eorum fuperfcribam eas: & ero eis in Deum, & ipfi erunt mihi in populum. C'est dans ces promeffes que confiste essentiellement la loi nouvelle, qui par conféquent ne sçauroit vieillir; puifque Dieu, & non l'homme, en eft le garant: que fa grace non les forces humaines, en eft le fondement; & que c'eft la puiffance de Dieu qui ne peut fouffrir aucune altération, ni être vaincue par aucun obfta le, qui en promet la durée.

4. Surquoi il faut obferver deux chofes. La premiere: que la loi que Dieu promet d'écrire & de graver dans le cœur de l'homme, eft certainement la loi naturelle

CHAP. IV.

& indifpenfable,qui confifte principalement
dans fon amour, & dans celui du prochain :
& que par conféquent la loi ancienne con-
fiftoit dans les mêmes préceptes: puisque ce
ne font pas de nouvelles loix que Dieu
veuille établir, mais qu'il veut seulement
les enfeigner & les écrire d'une maniere
nouvelle. Elles avoient été publiées fur le
mont de Sinai par un fon extérieur & plein
d'effroi, & écrites enfuite fur la pierre.
Mais dans la nouvelle alliance, elles font
enfeignées par une lumiere intérieure, &
écrites dans le cœur par l'efficace de l'Esprit
Saint, & par l'infufion de la charité. La fe-
conde chofe qu'il faut obferver, eft qu'il
eft fi effentiel au caractere de la nouvelle al-
liance, que Dieu imprime fa loi dans l'ef
prit,& qu'il l'écrive dans le cœur; qu'il or
donne à fon Prophête de dire que lorfque
le tems de cette alliance fera venu, il ne fe-
ra plus néceffaire que l'homme apprenne
à
l'homme à connoître le Seigneur :

>> Parce
que tous le connoîtront, depuis le plus
petit jufqu'au plus grand. Il ne veut pas
en parlant ainfi, s'engager à inftruire les
hommes imunédiatement, & fans emploier
la prédication de fes Miniftres mais il veut
oppofer l'inftruction intérieure de l'ancien-
ne alliance, & celle de la nouvelle ; l'action
de l'homme à celle de Dieu; le miniftere fans
promeffes, & par conféquent ftérile de
Moife & de fes fucceffeurs, au ministere
efficace & fécond des Prédicateurs de l'E-
vangile, en vertu des promeffes dont il fe
ra accompagné. L'homme parloit feul dans
L'ancienne alliance; Dieu agit feul dans la
nouvelle : les Miniftres de l'une parloient
aux oreilles; ceux de l'autre parlent au

S

cœur, par l'infpiration fecrete deDieu, qui fe CHAP. IV. fert de leur voix pour cacher la fienne,& qui les emploie comme un voile & comme un rideau qui couvre fon opération, & qui empêche que le miracle de la perfuafion & de la converfion des auditeurs ne foit trop manifefte.

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5. Sans la promeffe qui accompagne le miniftere évangelique, il n'auroit ni efficace, ni vertu, il n'auroit que la lettre, & il feroit deftitué de l'efprit: & comme c'eft l'efprit fent qui donne la vie, & que la lettre ne peut caufer que la mort, il ne pourroit avoir d'autre effet que celui de la lettre. Saint Paul l'avoit bien compris, & il eft étonnant qu'après qu'il l'a fi clairement enfeigné, il y ait encore quelqu'un qui n'en foit pas affez perfuadé.»Nous ne fommess 2. Cor. 3. 0: capables, difoit-il aux Corinthiens, de «< fermer de nous-même aucune bonne penfée, comme de nous-mêmes mais c'eft <<< Dieu qui nous en rend capables. Et c'eft « lui aufli qui nous a rendus capables d'être « les Miniftres de la nouvelle alliance, non « pas de la lettre, mais de l'efprit : car la lettre tue, & l'efprit donne la vie » : Non litterá, fed fpiritu: littera enim occidit, Spiritus autem vivificat. Sans ce privilege qui confifte uniquement dans l'efficace de la promeffe,le miniftere le plus autorisé par la Vocation & par les mirales, tel que celui de Moïse, n'eft qu'un miniftere de mort, miniftratio mortis, un miniftre de condamnation, miniftratio damnationis non par le Ibid. 7, 09. défaut du miniftre qui eft trè-sfidele, mais par

l'infuffifance du miniftere, qui n'a pour inftrument que la lettre incapable de chans

CHAP. IV.

ger les hommes, & capable feulement de les condamner.

6. Ce fcroit renverfer toute la doctrine de faint Paul, que de diftinguer dans l'ancienne loi deux efpeces de minifteres; l'un tel que cet Apôtre l'a décrit, & l'autre tel que celui des prédicateurs de l'Evangile: & de donner à ce dernier l'efficace & la fécondité que le premier n'avoit pas. L'Apôtre n'auroit pû fans injustice, traiter le miniftere de Moïfe de miniftere de condamnation & de mort, s'il avoit pû fous un autre rapport donner la justice & la vie ; & il n'auroit pas dû referver au miniftere apoftolique la gloire d'être un miniftere de juftice, minifterium juftitia, un miniftere de l'efprit, miniftratio fpiritus fi Moife & les Prophétes de l'ancienne allian ce avoient pû communiquer la justice & l'efprit d'adoption à plufieurs, en leur parlant des myfteres de la nouvelle loi, qui ne leur étoient pas inconnus. On fçait qu'ils avoient ordre de ne leur en parler qu'en énigmes & en termes figurés. Mais quand ils les auroient annoncés auffi clairement que nous les annonçons aujourd'hui aux Juifs, leurs auditeurs n'en auroient été ni plus dociles, ni meilleurs car la let tre feule ne juftifie perfonne; & la promeffe de l'efprit étoit réfervée à l'Evangile. C'eft la doctrine conftante de l'Apôtre, qu'il n'eft point permis d'altérer par une innovation inconnue à toute l'antiquité, & dont les fuites peuvent étre très-dange reuses.

CHAPITRE Y

CHAP. V.

CHAPITRE V.

Mihi autem alfit gloriari, in cruce

Où l'on explique ces paroles de faint Paul aux Galates : Pour moi, à Dieu ne plaife que je me glorifie «niji en autre chofe, qu'en la Croix « de JESUS-CHRIST, par qui « per le monde eft crucifié pour moi," crucifixus eft, & par qui je fuis crucifié pour «egumundo. le monde.

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Domini noft Jefu Chrifti, " per quem mihi mundus

§. I. Le myflere de la coix eft par excellence la gloire de JESUS-CHRIST.

I.

'Ous les myfteres de JESUS CHRIST,

Tait faint Cyrille de Jerufalem, font

croix,

*

Galat, 6. V.

14.

p. 1210

* καυχήμα la gloire de l'Eglife: mais le myftere de fa de Tv xxv eft fa gloire par excellence; & c'est xuan;âv o par lui qu'elle triomphe: Gloriatio Eccle- saves. Cyfia Catholica eft omnis Chrifti actio ; gloriaril. Hyeroj. cathech. 13. tio verò gloriationum eft crux. C'est en effet à la croix de JESUS-CHRIST, que nous devons tout ce que nous fommes, & tout ce que nous espérons. C'eft d'elle que les Sacreméns tirent leur efficace & leur fainteté c'eft à elle que nous devons notre naiffance fpirituelle, & que nous devrons un jour notre réfurrection & l'héritage éternel: c'eft elle qui a effacé nos péchés: c'est elle qui nous juftifie: c'est d'elle que nous tirons notre protection & notre force: c'est elle qui a triomphé de tous nos ennemis c'est à elle que les malédictions prononcées par la loi contre nous, ont

:

Partie II.

G

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