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CHAP. II.

Rom. 8.8.
Suiv.

دو

دو

Dieu :

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corps

pelle ici un corps de mort. » Ceux qui vivent felon la chair, dit-il, ne peuvent plaire à : mais pour vous, vous ne vivez pas felon la chair, mais felon l'efprit; fi toy» tefois l'Efprit de Dieu habite en vous. Que fi quelqu'un n'a point l'Esprit de J. » C. il n'eft point à lui. Mais fi J. C. est en > vous quoique le foit mort en » vous, à caufe du péché, l'efprit eft vivant à caufe de la juftice. Si autem Chriftus in vobis eft, corpus quid mm rtuum eft propter peccatum, fpiritus vero vivit propter juftificationem. Le corps dont parle l'Apôtre eft le corps naturel, mais complice en beaucoup de chofes de la cupidité, & favorable à fes défirs, par la néceffité d'ufer des chofes corporelles &fenfibles, dont la cupidité couvre fes injuftes défirs, qui ont pour objet l'abus & l'excès. Il ne faut pas confondre ce corps naturel avec LE CORPS DU PECHE', corpus peccati, qui eft la même chofe que la concupifcence prife dans fon tout ou le vieil homme, ou l'homme charnel. Ce corps eft l'ouvrage de Dieu, mais déréglé & infecté par la concupifcence dont la régénération & le Batême ne le délivrent point parfaitement. Ce corps doit un jour reffuciter; mais en punition de ce qu'il favorife les pernicieufes inclinations de la concupifcence & du péché, il doit mourir, & être réduit en cendres. Ce corps qui n'obéit à l'efprit, qu'avec une efpece de contrainte, & qui fuivroit avec joie les défirs de la concupifcence, s'il en avoit la liberté; eft une efpece d'efclave, qui ne jouira du privilege de l'adoption des enfans, qu'après avoir été livré à la corruption du tombeau, & après avoir expié

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par une honteufe diffolution de toutes fes parties la retraite qu'il a données dans le fond de fes moëles à la cupidité. Ce corps qui refufe maintenant de s'affocier à la vie de l'efprit, eft condamné à périr, il est mort, il eft un corps de mort: Mortuum eft propter peccatum, fpiritus vero vivit propter juftificationem.

4. Mais s'il eft vrai que l'Efprit de Dieu foit en nous, le corps de mort fera rappellé à la vie, à caufe du mérite de l'ame qui eft le temple du S. Efprit; & qui ne réfifte pas feulement aux mauvais défirs de la concupifcence, dont le corps feroit le miniftre, fi l'ame ne le retenoit ; mais qui oblige le corps même à prendre part à plufieurs actions de pénitence & de religion, dont le mérite lui devient commun, & dont la récompenfe lui feroit dès maintenant accordée par un entier renouvellement & par l'éxemption de la mort, s'ils ne confervoit pas quelque attrait pour le péché, & s'il ne retenoit pas dans fes entrailles un fecret levain d'iniquité, & un poifon lent qui le confume, & qui le conduit à la mort.

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CHAP. II.

Si J. C. eft en vous, dit faint Paul, le ce corps à la vérité eft mort à caufe du péché, mais l'efprit eft vivant à caufe de «e la juftice. Si donc l'Efprit de celui qui a « reflucité JEsus d'entre les morts, habi- « te en vous, celui qui a reffucité J. C. e d'entre les morts, donnera auffi la vie à ce vos corps mortels, à caufe de fon efprit qui habite en vous. Quod fi fpiritus ejus Rom. 8.10, qui fufcitavit fefum à mortuis, habitat in 11. vobis, qui fufcitavit Jefum Christum à mortuis vivificabit & mortalia corpora veftra,. propter inhabitantem fpiritum ejus in vobis,

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CHAP. II.

§. VIII. L'homme nouveau créé en nous par le Barême, n'a pas en cette vie toute fa perfection. Comment on difcerne la tentation qui n'eft pas péché du confentement qui en eft toujours un.

1. POUR achever d'éclaircir cette importante matiere, il faut expliquer la derniere partie du célébre paffage de faint Paul, qui a fervi de bafe à tout ce Chapitre. Nous fçavons, dit cet Apôtre, que no. > tre vieil homme a été crucifié avec J. C. afin que le corps du péché foit détruit

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» & que déformais nous ne foions plus as

» fervis au péché. Car celui qui eft mort *Je préfere» cit✶ justifié du péché. » De qui faint Paul eetre verfion parle-t-il? De qui dit-il que celui qui eft. à celle ci: Eft mort, eft juftifié du péché? Il parle tout délivré du pé à la fois du vieil homme, & de l'homme cbé, qui eft nouveau, parce que nous fommes nous& moins con- mêmes compofés de l'un & de l'autre ; & forme à la que nous confervons des reftes du vieil penfée de S. homme, quoique nous aions reçu les pré

moins précife

Paul

mices du nouveau. Il dit de notre vieil homme qu'il eft mort, puifqu'il eft crucifié avec J. C. & il dit du nouveau, qu'il eft juftifié du péché, puifque les péchés du vieil homme font morts avec lui, & que le nouveau n'en eft plus refponfable. Ces vérités feront éxaminées ailleurs avec plus d'étendue mais je dois avertir qu'elles ont. des bornes, & qu'on fe tromperoit fi l'on regardoit le vieil homme comme entierement mort, parce qu'il eft crucifié avec J. C. & le nouveau comme abfolument fé, paré de l'autre. Ils vivent encore ensemble, comine je l'ai dit tant de fois dans ce Cha,

pitre, en fuivant éxactement faint Paul. CHAP. II. La mort feule les féparera, & cette mort ne préviendra point celle qui terminera notre vie.

CC

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απαρχήν

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2. Nous devenons à la vérité d'une maniere très-réelle une nouvelle créature en J. C. par le Batême, & par la puiffance de fa grace, felon cette parole de faint Paul, aux Galates » En J. C. la circoncifion ne "Gal. 6. 15. fert de rien, ni l'incirconcifion, mais la nouvelle créature, fed nova creatura; c'est-à-dire, l'être nouveau, que Dieu créé en nous par fa grace, & par une nouvelle naiffance. Mais cette nouvelle créature n'a pas dans cette vie toute fa perfection: elle n'a que les prémices de fon nouvel être, felon l'Apôtre faint Jacques, qui parle ainfi dans fon Epître : » C'est Dieu ce Jac. 1. 18. dit-il, qui par le mouvement de fa pure «*x* volonté nous a engendrés par la parole de «v la vérité, afin que nous fuffions une par. « tie des prémices de fes nouvelles créatu- « res; » Ut fimus initium aliquod creatura ejus. Nous avançons par des progrès creaturarum. continuels jufqu'à l'âge parfait que nous devons avoir en J. C., mais ces progrès fe Ephef. 4. 12. font avec plus de lenteur que nous ne penfons. Ils laiflent toujours dans nous une racine amere, & un principe de mort qui fubfifte jufqu'à une diffolution entiere du v. 10. 12. Ú corps, qui âte à la cupidité tout azyle & 13. toute retraite ; & qui après avoir réduit en cendre la chair, réserve fes cendres mêmes au feu qui les doit purifier, & les préparer à la réfurrection.

3. En attendant que le renouvellement foit parfait, nous combattons avec une perfévérance infatigable contre les follicita

ετίσματῶν.

Ut eßemus primitia qua

Jam fuarum

13.

2. Pet. c. 3.

CHAP. II.

tions importunes de la cupidité, qui fe retranche dans tout ce qui peut lui fervir d'occafion & de voile, & qui approche d'elle par l'ufage indifpenfable des chofes d'où. dépendent la vie & la fanté du corps. Nous empêchons qu'elle ne régne dans le corps même, qui paroît fon complice, & qui eft comme d'intelligence avec elle. Nous empêchons qu'il ne lui obéiffe, & qu'il ne lui prête fon miniftere. Nous lui refufons contanment & févérement tout ce qui eft au pouvoir de la liberté. Mais nous ne fommes pas affez heureux pour exclure du corps un ennemi qui n'y doit pas régner, mais qui Rom.6.12. peut nous inquiéter jufqu'à la mort. Non regnet, dit S. Paul, peccatum in veftro mortali corpore, ut obediatis concupiscentiis ejus. Ne fouffrez point que le péché, c'est-àdire, la concupifcence régne dans votre corps mortel. Il ne dit point, comme l'obferve faint Auguftin, ne fouffrez pas que le péché, ou la concupifcence y demeure. Le péché, c'est-à-dire, le défir du péché y vivra malgré vous. Il y demeurera malgré vous: il vous y tiendra malgré vous dans une continuelle inquiétude. Mais il n'y régnera que par votre confentement; & ce confentement fera marqué, lorsque vous obéirez à fes injuftes defirs: Ut obediatis concupifcentiis ejus.

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4. Que fi vous demandez à quoi vous pourrez difcerner la tentation, qui n'eft pas un péché, du confentement qui en eft toujours un ; l'Apôtre vous répondra que la tentation confifte dans tout ce qui eft involontaire, & qui déplaît à la liberté; & que le confentement confifte à faire, ou à permettre ce que la liberté feule peut fai

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