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pitre, & qui renferment deux parties. La premiere confifte en ce que faint Paul die de la Loi de Moïfe, qu'elle étoit une cédu le qui nous étoit contraire par fes décrets, & qu'elle étoit fouferite de notre main. La feconde partie confifte en ce qu'il dit que J. C. l'a effacée, & l'a abolie', en la clotant à la croix. Je commence par la premiere; mais de peur de n'être pas entendu de ceux à qui certaines vérités ne font pas affez connues, quoique d'autres en foient forts inftruits; je dois remonter jufqu'à l'origine de la Loi, qui fut publiée fur la montagne de Sinaï, & dont Moïse fut le médiateur & le miniftre.

2. Le peuple d'Ifraël aiant été délivré de la dure captivité de l'Egypte par de grands prodiges, dont le paffage à travers la mer rouge fut le plus éclatant; & commençant à former dans le défert où il étoit entré. un peuple féparé de tous les autres: Dieu après avoir appellé Moïfe du haut de la montagne, lui ordonna de parler ainsi à la maifon de Jacob & aux enfans d'Ifraël: «< Vous avez vû tout ce que j'ai fait aux E

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gyptiens, & de quelle maniere je vous » ai portés fur les aîles des aigles, pour » vous attacher à moi. Si donc vous écou» tez ma voix, & fi vous gardez mon alliance, vous ferez pour moi un peuple particulier, choifi entre tous les autres car toute la terre eft à moi : vous ferez » pour moi des Rois & des Prêtres, fur lefquels je regnerai : vous ferez une na» tion fainte, & féparée de toutes les autres. Moïfe pour obéir à Dieu,affembla les anciens du peuple, &il leur déclara tout ce que . Dieu

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Dieu lui avoit commandé de leur dire. « Alors tout le peuple d'une commune voix «< répondit: nous ferons & nous obferve- « rons tout ce que le Seigneur a dit : Refpondit omnis populus fimul : cuncta que los cutus eft Dominus, faciemus. Moïfe comme fidéle interpréte, rapporta au Seigneur la réponse du peuple. Et Dieu après cette réponte dit à Moife, que bien-tôt il déclareroit fes volontés, & que le peuple l'entendroit parler lui-même du milieu du nuage qui couvriroit la montagne: Cumque retuliffet Moyfes verba populi ad Dominum, ait ei Dominus: Fam nunc veniam ad te in caligine nubis, ut audiat me populus loquentem ad te.

3. Voilà la premiere origine de la Loi donnée fur la montagne de Sinaï: fur quoi il faut obferver plufieurs chofes : 1°. Que Dieu choifit le peuple d'Ifraël, pour faire alliance avec lui, & pour fe l'attacher d'une maniere particuliere; parce qu'il eft le maître de faire ce qu'il lui plaît, & que toute la terre eft à lui: mea eft enim omnis erra. 2°. Que Dieu fe contente d'éxiger du peuple d'Ifraël une condition générale, qu'il lui fera fidéle en obéiffant, & qu'il gardera fon alliance; & qu'il n'eft point queftion dans ce premier tems d'aucune obfervance légale, ni même d'aucun facrifice. 3°. Que le peuple non feulement accepte la condition; mais qu'il l'accepte avec joie, fans délibérer, fans partage, fans y trouver aucune difficulté: Refpondit omnis popu lus fimul, fans mettre aucune diftinction entre les volontés de Dieu; ne croiant avoir befoin que de les connoître, & n'ayant pas la moindre défiance qu'il pourroit

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CHAP. III.

CHAP. II.

y en avoir quelques - unes qui feroient au-
deffus de fes forces: cuncta qua locutus eft
Dominus, faciemus. 4o. Que Moïse eft fim-
plement l'interprête de Dieu, & du peuple:
& que fon miniftere confifte uniquement à
rapporter au peuple ce que Dieu éxige, & à
Dieu ce que le peuple promet: fans mêler
ni prieres pour le peuple en parlant à Dieu,
ni avis falutaires au peuple en lui parlant
de la part de Dieu. se. Que dans une allian -
ce ou le médiateur ne change rien dans les
deffeins de Dieu, ni dans la présomption
du peuple;
oui Dieu fe contente d'éxiger
l'obéiflance fans la promettre ; & où le peu-
ple fe charge d'obéir, fans connoître fa
foibleffe & fon infidélité : que dans une tel-
le alliance, il n'y a rien de certain que la
prévarication du côté du peuple, & que le
châtiment du côté de Dieu.

4. Après l'engagement folemnel du peuple qui promettoit d'obéir à toutes les volontés de Dieu, dès qu'elles lui feroient connues, Dieu defcendit fur la montagne de Sinaï: & il y prononça les dix célebres commandemens avec une voix fi claire & fi forte, que non feulement tout le peuple l'entendit, mais qu'il en fut effraié ; & que dans fa terreur, il s'éloigna de la montagne, en difant à Moyfe de s'en approcher, pour écouter ce que Dieu commanderoit, & pour le lui rapporter : lui promettant de l'obferver avec une entiere éxactitude: Tu Deut. 5.17. magis accede, & audi cuncta qua dixerit

Dominus Deus nofter tibi; loquerisque ad nos, nos audientes faciemus ea. Moïfe continua ainfi à la priere du peuple, de lui fervir d'interpréte & de médiateur auprès

de Dieu, comme il avoit commencé : & ce
fut toujours
par fon canal & par fon minif-
tere, que Dieu fit connoître les volontés
aux enfans d'Ifraël, qui aimerent mieux
écouter la voix d'un homme, que celle de
Dieu; & qui n'héfiterent jamais à promet-
tre d'obéir,quelques grands & difficiles que
fuffent les commandemens, & quelque fé-
veres que fuffent les défenses: Ego fequef-
ter, dit Moyfe, & medius fui inter Domi-
num & vos in die illo ; timuiftis enim ignem.

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CHAP. III.

Ibid. v. si

Deut.5.287

5. Le peuple avoit raison de craindre de traiter immédiatement avec Dieu, d'être effraié de fa Majefté, & de fa Sainteté, & de défirer qu'un médiateur fe mît entre Dieu & lui. Et Dieu lui-même approuva ces difpofitions dans ce qu'elles avoient de jufte & de légitime : » J'ai entendu, dit- ce il à Moyfe, ce que ce peuple vous a dit, « & il a bien parlé bene omnia funt locuti. Mais la crainte du peuple n'étoit qu'une fraieur paffagere, incapable de le changer, & c'est pour cela que Dieu ajoûte: » Qui ce leur donnera un tel cœur, qu'ils me crai-<< gnent en effet, & qu'ils gardent tous mes « commandemens dans tous les tems, afin << qu'eux & leurs enfans foient éternellement heureux ? Quis det talem eos habere mentem, (Il y a dans le texte original: Quis det tale eos habere cor) ut timeant me, cuftodiant univerfa mandata mea in omni tempore, ut bene fit eis, & filiis eorum in fempiternum? Ce fouhait de la part de Dieu même, étoit une preuve que le cœur du ple étoit bien différent de celui qu'il devoit ( peuavoir: & fi la préfomption ne l'avoit pas aveuglé, il auroit appris de ces paroles à demander ce qui lui manquoit. Mais il ne

من

Ibid. 19

connoiffoit ni fon injustice, ni fon cœur
il ne vouloit de médiateur que pour être
inftruit, & non pour être réconcilié. Le
miniftere d'un homme lui fuffifoit. Il ne
croioit avoir befoin que d'une loi extérieu-
re, & d'une voix qui fe fit entendre à ses
oreilles. Il fut traité comme il vouloit l'ê-
tre. Dieu lui accorda les choses dont il se
contentoit. Il n'eut pas ce que lui-même ne
jugeoit pas néceffaire. Il croioit tout avoir,
excepté l'inftruction. Il fut inftruit, & l'on
ne changea rien, ni dans fes forces, ni dans
fa fainteté, puifqu'il étoit perfuadé qu'il
n'y avoit rien à y changer.

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6. L'événement apprit avec quelle témétité le peuple s'étoit engagé à une condition, dont il devoit demander à Dieu l'accompliffement. Il devint idolâtre aux pieds mêmes de la montagne de Sinaï, où la Majefté de Dieu s'étoit rendue fi fenfible. Il viola le premier & le plus grand des commandemens qu'il avoit reçûs en adorant un veau d'or, & en lui attribuant fa délivrance de l'Egypte. Il oublia Moyfe, dans le tems qu'il s'acquittoit de la fonction de médiateur auprès de Dieu, dont il l'avoit chargé. Il ne fçavoit pas, difoit-il, ce qu'il étoit devenu le regardant comme n'étant plus, & la loi dont il avoit été le miniftre, comme abolic: Moyfi enim buic vire ingnoramus quid acciderit. Il paffa de Exod. 32. 1. l'idolâtrie aux licences dont elle eft ordinai

rement la fource; il fe prépara par une joie criminelle à des déréglemens encore plus criminels, & il viola ainfi la loi qui venoit de lui être donnée, dans les points les plus effentiels : Sedit populus manducare & bibe furrexerunt ludere.

Ibid. v.6. re,

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