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7. Dieu découvrit à Moïse l'inconftance CHAP. III. & l'apoftafie de fon peuple, & il l'obligea de décendre de la montagne, afin qu'il en fût le témoin ; & Moïfe à la vûe d'une révolte fi prompte & fi générale, plein d'indignation & de colere, jetta contre terre les tables de pierre, ou Dieu lui - même avoit gravé fa Loi, & les mit en pieces, aux pieds de la montagne: Iratus valdè pro- Exod.32. 1jecit de manu tabulas, & confregit eas ad radicem montis. Ainfi l'alliance dont les tables étoient le monument & la figure, fut rompue; mais feulement à l'égard des promeffes, dont le peuple s'étoit rendu indi gne, en manquant à fa parole: & elle fubfifta dans fa force à l'égard des châtimens qui avoient été clairement annoncés, par oppofition aux promeffes. Car c'étoit une fuite néceffaire que le peuple fût rejetté de Dieu, s'il manquoit à lui obéir, puifqu'il étoit choifi à cette condition indifpenfable qu'il lui obéiroit. Auffi dans le moment ou fa prévarication devint manifefte, Dieu dit à Moyfe qui prioit pour ce peuple ingrat : » Laiffez-moi la liberté de fuivre le mou»vement de ma colere contre lui, & de l'exterminer » Dimitte me, ut irafcatur Ibid. v, 102 furor meus contra eos, & deleam eos. Et perfonne ne peut douter que Dieu ne fût le maître de l'exterminer en effet ; non-feulement à caufe qu'il étoit tombé dans l'idolâtrie, mais principalement à caufe que par fon idolâtrie, & par fa défobéiflance il avoit rompu fon alliance, & s'étoit foûmis tous les châtimens qu'une telle infraction méritoit.

8. Cela paroît clairement par la manie re dont Dicu parle de cette premiere allian

CHAP. III.

ce, en ordonnant au Prophête Jeremie d'en promettre une autre bien différente : „ If Jerem. 31. 32. viendra un tems, dit le Seigneur, auquel

כס

je ferai une nouvelle alliance avec la mai» fon d'Ifraël & la maison de Juda : non fe» lon l'alliance que j'ai faite avec leurs pe»res au jour que je les pris par la main pour les faire fortir de l'Egypte ; parce qu'ils ne font point demeurés dans cette ɔɔ alliance que j'avois faite avec eux; & c'est » pourquoi je les ai méprifés, » dit le Seigneur. Je cite les paroles de Jeremie, comἀγὼ ἐμέ. me les rapporte faint Paul, & ego neglexi Ayon Auray. eos, qui fignifient: Je n'en ai tenu aucun Heb. 8. 9. compte, je les ai rejettés, je n'en ai pris aucun foin: : ce qui rend fans doute le fens AnoKibal de l'original: Et ego dominatus fum eorum, thi bam, Heb. quoique d'une maniere moins précife. Car Dieu marque par cette expreffion importante, qu'il eft devenu le maître de punir la défobéiffance du peuple d'Ifraël, comme il lui plaira; qu'il peut l'exterminer ou le réferver; qu'en le réfervant, il peut le traiter en efclave, en punition de fa révolte; qu'il peut le retenir à fon fervice, fans lui donner, ni l'adoption des enfans, ni T'héritage éternel; qu'il peut lui confier fes Ecritures, fans lui en donner l'intelligence; qu'il peut lui preferire un culte extérieur, fans lui en communiquer l'ame & l'efprit; qu'il peut le charger de beaucoup d'obfervances, qui ne feront que des figures des biens réfervés à un autre peuple; qu'il peut représenter dans une alliance qui ne fubfifte que par une tolerance purement gratuite, tous les myfteres qui s'accompli ront dans une autre alliance plus digne de tui.

S. III. Présomption étonnante des Ifraëlites qui connoiffant par expérience leur extrême fragilité, fe foumettent folemnellement à toute forte de malédictions, s'ils n'obéissent pas à la Loi de Dieu. C'est ainsi qu'ils foufcrivent de leur propre main la cedule qui leur étoit contraire.

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CHAP. I.

1. QUOIQUE le peuple d'Ifraël dût être inftruit de fa fragilité, par la trifte expé rience qu'il en avoit faite, il ne paroît pas qu'il en foit devenu moins préfomptueux ni moins promt à promettre qu'il feroit fidéle, ni moins hardi à fe foumettre aux plus terribles malédictions; s'il venoit à manquer d'obéiffance pour quelques points de la Loi. Lorfque vous aurez paflé le Jourdain, dit Moife à tout le peuple, pour en trer dans la terre que Dieu vous donnera..... fix tributs feront fur la montagne d'Hebal, & les fix autres fur la montagne de Garizim. Les Levites au milieu de ces deux corps publieront à haute voix les bénédic tions & les malédictions, dont on fe rendra digne, ou par l'obéiffance à la Loi, ou par la prévarication & tout le peuple les ratifiera, en répondant, Amen. Pro- Deu. 27. nunciabunt Levita, dicentque ad omnes viros Ifraël excelsâ voce: maledictus hamo, qui V. 14. facit fculptile & conflatile, abominationem Domini:... &refpondebit omnis populus, & v.15. dicet Amen. Maledictus qui non honorat patrem fuum, & matrem ; & dicet omnis popu- v. 16lus Amen... Maledictus qui non permanet

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in fermonibus legis hujus, nec eos opere per- v.26. ficit;& dicet omni populus, Amen. Tout le Chapitre fuivant qui eft le vingt-huitiéme

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CHAR. III.

du Deuteronome, eft emploié à marquer les bénédictions & les malédictions en détail:& celles-ci qui commencent au feiziéme verfet: Maledictus eris in civitate malediEtus in agro, continuent jufqu'au foixantehaitiéme : & elles comprennent un affreux affemblage de tous les maux temporels & fpirituels, dont les uns font la figure des autres, & dont chaque prévaricateur mérite d'être accablé. Car il faut bien remarquer que ces malédictions ne font point diftribuées à divers ordres de pécheurs; mais qu'elles font toutes prononcées contre la tête de chaque coupable, qui s'eft rendu digne de toutes en violant la Loi & fa promeffe ; & qui doit fe regarder comme épargné, quand il ne porte pas feul tour le poids des imprécations qu'il a faites contre foi-même.

2. Il est étonnant que tout le peuple ait entendu de la bouche de, Moyfe, qui lui parloit de la part de Dieu, un fi grand nombre de malédictions, fi capables d'intimider les plus fermes, fans en être émû. Il est encore plus étonnant qu'il fe foit chargé de la commiffion de les prononcer contre luimême, & de les ratifier par une acceptation folemnelle, quand il feroit entré dans la terre promife. Enfin il eft non-feulement étonnant, mais incompréhenfible, qu'après quarante ans d'expérience de fa révolte, de fon indocilité & de fes murmures,il ait pû fe réfoudre à fe divifer en deux corps, placés fur les monts d'Hebal & de Garizim, pour entendre les malédictions prononcées par Jofué & par les Lévites contre les violateurs de la Loi, & pour s'y foûmettre avec toute fa poftérité. Cepen

dant il le fit fans héfiter & fans trembler; CHAR, III. & quoique Jofué ne fupprimât aucune des malédictions écrites par Moïfe dans le li vre de la Loi, il n'y eut dans toute cette multitude aucun homme qui en fût allarmé. Legit omnia verba benedictionis & ma- Jofue 8. 34. ledictionis, cuncta qua fcripta erant in 35° legis volumine. Nihil ex his qua Moyfes jufferat, reliquit intactum ; fed omnia replicavit coram omni multitudine

3. L'appareil augufte qui accompagna Jofue 8. 12. cette terrible cérémonie, étoit néanmoins Denter. 27 bien capable de rendre attentifs les hommes & les moins férieux à un tel engagement, & aux funeftes fuites qu'il pouvoit avoir. Car l'Arche du Seigneur étoit préfente, portée fur les épaules des Prêtres; elle étoit fituée vis-à-vis d'un Autel fur les pierres duquel on avoit écrit en grands ca racteres la Loi de Dieu, c'est-à-dire, les Commandemens. Les chefs du peuple & les Magiftrats placés fur deux lignes, avoient: au milieu d'eux l'arche & l'autel; & les dix douze tribus féparées en deux corps fur deux hauteurs, qui laiffoient entre elles un vallon, découvroient tout fans peine,, & entendaient tout. A qui cette pompe mêlée de Religion & de majefté, ne devoit-elle point imprimer une fainte fraïeur?? A qui tant d'anathémes tant de fois acceptés, ne devoient-ils pas paroître formida bles? A qui la préfence du Seigneur, de fon arche, de fon autel, de fa loi,de fes miniftres, ne devoit-elle. pas faire craindre que des: maledictions prononcées dans de pareilles circonftances, ne fuffent irrévocables ? Mais perfonne ne parut croire qu'elles pouvoient le regarder. Chacun répondit de foi-même,

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