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Commer

ce. T. 7.

P. 2.

On ne voyoit plus dans le paganisme Hift. phil. vieilli que l'infamie & les vices. Le peu- & polit. du ple qui ne connoiffoit que des tyrans fur la terre, chercha un afyle dans le ciel, le Chriftianifme vint le confoler & lui ,, apprendre à fouffrir; tandis que les vexations & les débauches fappoient le pa"ganisme avec l'empire,,. Qui croiroit que c'est le plus forcené ennemi du Chritianifme qui lui rend cet hommage?...,, Il Œuvres n'a jamais parà de religion dans le mon- poft. T. 4, » de, dit Bolingbrocke, qui ait tendu plus P. 291. ,, directement au but de procurer la paix

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& le bonheur de l'humanité, que la re,,ligion Chrétienne telle qu'elle est ensei»gnée par Jefus-Chrift & les Apôtres...", L'Encyclopédie nous apprend la même chose :,, Il ne faut point oppofer à cette _Article maxime la morale & la Religion de Jefus- Bonheur. Chrift notre légiflateur, & en même tems notre Dieu, lequel n'eft point venu » pour anéantir la nature, mais pour la ,, perfectionner, il ne nous fait pas re,, noncer à l'amour du plaifir, & ne condamne pas la vertu à être malheureuse ici-bas. Sa loi eft pleine de charmes & d'attraits, elle est toute comprise dans l'amour de Dieu & du prochain. La fource des plaifirs légitimes ne coule pas

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omnia: hoc enim placitum eft in Domino. Patres,
nolite ad indignationem provocare filios veftros,
ut non pufillo animo fiant. Servi, obedite per om=
nia dominis carnalibus, non ad oculum fervientes,
quafi hominibus placentes, fed in fimplicitate cor-
dis, timentes Deum. Coloff. 3.

vita qua nunc eft,

& future. 1. Tim. 4.

כל

כל

,, moins pour le Chrétien que pour l'homPromiffio, me profane. Mais, dans l'ordre de la nem habens "grace, il eft infiniment plus heureux par » ce qu'il efpere que par ce qu'il poffede. Le bonheur qu'il goûte ici bas, devient pour lui le germe d'un bonheur éter"nel. Ses plaisirs font ceux de la modé,,ration, de la bienfaifance, de la tem"pérance, de la confcience: plaifirs purs, ,, nobles, fpirituels & fort fupérieurs aux » plaifirs des fens Enfin l'auteur même de l'Epître à Uranie, après avoir épuifé fes forces à déclamer contre le Chriftianifme, revient fur fes pas, & par une ef pece de rétractation fubite & imprévue, déclare que fi l'Evangile eft une erreur, c'est une erreur qui rend les hommes heu

reux :

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Nouv. Mé- Ciel ! ô ciel! quel objet vient de frapper lang. philof. hift.

crit. 12e. part. p. 312, éd.de

1772.

ma vue!

Je reconnois le Chrift puiffant & glorieux.
Auprès de lui dans une nue

Sa croix fe préfente à mes yeux.
Sous fes pieds triomphans la mort eft abattue;
Des portes de l'enfer il eft victorieux :
Son regne eft annoncé par la voix des Oracles;
Son trône eft cimenté par le fang des martyrs ;
Tous les pas de fes Saints font autant de mi-
racles;

Il leur promet des biens plus grands que leurs
defirs;

Ses exemples font faints, fa morale eft di

vine;

Il confole en fecret les cœurs qu'il illumine: Dans les plus grands malheurs il leur offre un appui;

Et fi fur l'impofture il fonde fa doctrine (a), C'est un bonheur encor d'être trompé par lui.

§. X.

(390) D. Quoique la philofophie ancienne foit beaucoup au-deffous de l'Evangile, & ne puiffe fonder ni le bonheur de la fociété, ni celui des particuliers; la doctrine des philofophes modernes qui préchent fi conftamment la vertu, ne peut-elle pas tenir lieu du Christianisme? (b)

R. 1o. Nous avons vu que ces meffieurs étoient fans autorité, & leurs préceptes fans fanction; qu'ils ne s'accordoient fur rien, qu'ils n'avoient aucun principe fixe; qu'ils renverfoient tous les fondemens de la vertu; qu'ils avouoient eux-mêmes la néceffité d'une religion, & nous avons prouvé

(a) Une doctrine fondée sur l'imposture peut-elle avoir les caracteres & les preuves que Voltaire détaille ici? Une erreur quelconque peutelle produire un véritable bonheur?

(b) Rien n'exprime mieux la morgue dogmatizante de ces Moraliftes, que ce paffage de S. Auguftin Fuerunt ergò quidam philofophi de virtuti bus & vitiis fubtilia multa tractantes, dividentes, definientes, ratiocinationes acutiffimas concludentes, libros implentes, fuam fapientiam buccis crea pantibus ventilantes, qui etiam dicere auderent hominibus: nos fequimini, Sectam noftram tenete, fi vultis beatè vivere. Sed non intrabant per oftium : perdere volebant, mactare & occidere. Tra&t. 45. in Joann.

que le Chriftianisme étoit la véritable.L'Esprit de Dieu, fuivant le témoignage de l'Ecriture, ne donne ni force ni onction aux pompeufes maximes d'une vertu factice; il dédaigne l'ouvrage de fes ennemis, &fe tient auffi éloigné de leurs leçons de morale que de leurs inintelligibles fyftêmes. (a)

20. Nous connoiffons par expérience les effets de la Religion Chrétienne; nous favons qu'elle a fait tomber tous les faux dieux l'un après l'autre, qu'elle a diffipé les craintes que l'on avoit par-tout de ces êtres imaginaires, aboli l'exécrable coutume de les appaifer par des facrifices humains, par des combats de gladiateurs, par le fang des enfans le plus tendrement aimés; qu'elle a décrédité par-tout les oracles, les fortileges & tous les genres de divination, au grand dépit & au grand étonnement de la philofophie, qui les mettoit fous fa protection; qu'elle a fupprimé ou adouci l'efclavage, humanifé les nations, refferré les liens de la fociété, rendu les gouvernemens moins fanguinaires, retranché les dévotions licencieufes plus cheres aux idolâtres que leurs dieux, ces fêtes uniquement propres à ruiner impunément les obligations du mariage, & à dégrader l'humanité; qu'elle a éclairé également tous les hommes, mis la vérité à portée des peu

(a) Spiritus enim San&us difciplina effugiet fic&auferet fe a cogitationibus quæ funt fine intellectu, Sap. I.

tum,

ples les plus groffiers, & cela dès l'âge le plus tendre, &c. Mais depuis que nos philofophes ont entrepris d'établir le regne de l'irréligion, quel heureux changement est-il arrivé dans le monde? A en juger par leurs promeffes, il doit y avoir plus de probité dans le commerce, plus de fûreté dans l'amitié, plus de défintéressement dans les affaires : l'équité, la gravité, la décence, l'étude des loix, doivent s'être perfectionnées dans le fanctuaire de la justice; l'application, la capacité, la fuite du luxe & de la molleffe dans l'état militaire; la pudeur, la modeftie, la bienféance dans le fein des familles ; l'amour du peuple dans ceux qui préfident à la fortune publique, l'amour du bien public dans les particuliers: la génération préfente doit être un modele accompli pour, les races futures. Les philofophes entreprendront-ils férieusement de nous perfuader que ce prodige eft opéré, & ne ferontils pas contraints de gémir fur la triste révolution que leurs maximes ont opérée dans toutes les conditions & dans tous les âges? Ne voyons-nous pas la religion hautement vengée de nos outrages par l'opprobre de nos mœurs ? l'innocence s'eft altérée dans tous les états, le fouffle brûlant de l'impiété a defféché les ames & confumé les vertus. Le peuple étoit pauvre, mais confolé; il eft maintenant accablé de fes travaux & de fes doutes. Il anticipoit par efpérance fur une vie meilleure; il eft furchargé des peines de fon

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