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PREFACE.

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R IEN n'eft plus jufte que de transmettre à la pofterité les vies des Hommes illuftres qui fe font diftinguez ou par leur amour pour les fciences, ou par leur zêle pour la défense de la liberté & des intérêts de la Patrie. On rend ainsi à leur mémoire les honneurs qui lui font dûs, & on excite dans les autres la noble ambition d'égaler, s'il eft poffible, de fi parfaits modéles. La vertu n'a pour nous que de foibles attraits quand on fe contente de nous la peindre ou de nous en tracer les préceptes: mais quand nous la voyons agir dans l'homme de bien, dans le Philofophe, dans le défenfeur de la Patrie, l'exemple nous frappe & nous porte naturellement à imiter ce que nous admirons.

La Biographie eft donc d'une grande utilité quand les fujets font bien choifis & que les portraits font faits avec jugement. Plutarque excelle dans ce genre: fa plume a immortalifé les Hommes illuftres dont il a écrit les vies; leurs défauts même, comme leurs vertus, fervent à nous inftruire.

Mr. Thomas Rowe voyant que Plutarque a omis les vies de plufieurs grands hommes de l'Antiquité, avoit entrepris d'y fuppléer; il poffedoit toutes les qualitez nécessaires pour y (a)

Tome IX.

réüssir; Doué d'un discernement exquis, il fçavoit diftinguer dans l'Histoire ancienne le réel d'avec le fabuleux; Par une étude affiduë il avoit acquis une connoiffance univerfelle de l'Histoire Grecque & Romaine & de toutes les parties de la belle litterature, dans un âge où les autres commencent à peine leurs premieres recherches de l'Antiquité.

Les huit Vies qu'il nous a laiffées & que nous donnons au public traduites de l'Anglois, ne font qu'un foible effai de ce qu'il avoit deffein de faire. Ce qu'on en peut dire de moins, eft qu'elles ne font pas indignes d'accompagner l'ouvrage de Plutarque. Elles font intereffantes, foit par la grandeur des caractéres de fes Heros, foit par les differentes fituations dans lesquelles il nous les représente. On y voit avec plaifir les plus zêlez Patriotes comblez d'honneurs; on les compare avec les Heros modernes, & on remarque que l'Antiquité ne recompenfoit que la vertu folide & l'amour du bien public.

Si Mr. Rowe eût exécuté son deffein, nous aurions aujourd'hui un recueil complet des Vies des anciens Heros que Plutarque à omises, ou qui ont été perduës, fuppofé qu'il les ait écrites. Mais tandis qu'il fe preparoit à enrichir de ce travail la République des Lettres, une mort prématurée l'a enlevé à l'âge d'environ vingt-huit ans, & l'a empêché de rendre à fa Patrie le fervice important qu'elle en attendoit.

Jufqu'ici je n'ai fait que traduire en quelque forte ce qui eft à la tête de l'Edition Angloise des huit Vies compofées par Mr. Rowe & publiées pour la premiere fois en Anglois in 8o. à Londres 1728.

Il paroît par cette espèce de Préface que les huit Vies dont il s'agit, font des œuvres pofthumes, & que l'Auteur n'y avoit pas mis la derniere main. Quoiqu'écrites avec goût, il y avoit quelques fautes que j'ai cru devoir corriger. J'ai reformé, par exemple, cet endroit de la vie de Gelon page 203 de l'Anglois, La feule réparation que Gelon demanda aux Carthaginois, fut qu'ils lui rendiffent les frais de la guerre qui montoient à deux mille Talens, qu'ils lui fournissent DEUX VAISSEAUX NEUFS: l'Auteur devoit dire, & qu'ils fissent bâtir deux chapelles pour y mettre le traité: Voyez dans la vie de Gelon page 497. Ce fait eft pris de Diodore de Sicile, livre XI, page 21. de l'Edition Grecque Latine, où il dit: Pacem eâ conditione illis conceffit, ut duo mil lia talentûm in belli impenfas folverent; duo etiam Sacella Pœnos exftruere juffit, in quibus fœderis tabella confecrarentur, vù dúo vas's rave gottaker oix-dopeñooy, not is

ας στη θήκας ανατεθώαι. Mr. Rowe a cru fans doute lire dans le texte Grec de Diodore vaus (des Vaiffeaux) au lieu de vass, des Temples out Chapelles. Il eft furprenant qu'on faffe des bévues de cette efpéce. C'eft le texte Grec mal lû qui l'a trompé, & non pas la Traduction Latine. Voici une autre faute que l'Auteur Anglois a

faite dans la vie de Cyrus) page 243 de l'Anglois. Cyrus, dit-il, étoit au milieu de la ville de Ba bylone long-tems avant que ceux qui en habitoient les extremitez, Scuffent qu'elle étoit prife. Ici il a fuivi la verfion Latine de Laurent Valle, cùm capti essent qui media urbis incolebant Babylonii, propter urbis tamen magnitudinem non fentiebatur ab iis qui circa extrema urbis habitabant,au lieu de fuivre le Grec d'Herodote qui dit l. 1. c. 191, cùm capti effent qui extrema urbis incolebant Babylonii, non fentiebant qui circa medium habitabant, eos captos effe, in wel la egara TŴS TOXIOS ἑαλοκέτων, τοις δ' μέσον οἰκέοντας Βαβυλαίων οὐ μανθάνειν Edoxéras. C'est ce dernier fens que j'ai fuivi, Vie de Cyrus page 550.

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Je ferois trop long fi je voulois rapporter tous les autres endroits que j'ai rectifiez & où j'ai ajouté. Il fuffit d'avertir que j'ai traduit l'original Anglois auffi fidélement & auffi literalement que notre langue le permet. Je n'y ai rien ajoûté que je n'aie tiré des anciens Hiftoriens où l'Auteur Anglois a puifé lui-même, & j'ai eu recours aux Ecrivains Grecs & Latins pour verifier la plûpart des faits: je ne les ai pourtant pas vérifiez tous & peut-être y ai-je laiffé quelques fautes.

La vie d'Ariftomene eft prefque toute prife de Paufanias. Il paroît depuis deux ou trois ans une traduction Françoise de cet Auteur: le ftile en eft très agréable (a); & le Traducteur joint à la fidélité la

(4) Obfervations de Mr. le Chevalier Follart fur la traduc

tion Françoife de Paufanias Tom. I. pag. 11.

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