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n. 14.

n. 43.

11. 30.

n. 15.

1.36.

de chofe, qu'ils ne lui en envoïerent point, crai-
gnant de l'offenfer. Il ne vint point à l'église, &
dit: vous m'avez excommunié, ne me jugeant
pas digne d'avoir part à la benediction que Dieu
yous a énvoïée, Tous furent édifiés de fon humili-
té: le prêtre alla lui porter des figues, & le rame-
na à l'eglife avec joie. Il veilloit toute la nuit, &
vers le matin la nature le forçant à dormir,il difoit
au fommeil: Vien ça mauvais ferviteur, & a pres
en avoir pris un peu,il fe relevoit aufli tôt, Il pria
une fois deux moines, Alexandre & Zoïle, de l'ob-
ferver pendant la nuit,& ils ne s'apperçûrentpoint
qu'il eût dormi, finon que le matin, il foufla trois
fois comme en fommeillant: encore douterent ils
s'il ne l'avoit point fait exprés. Le famedi au foir
il fe mettoit en priere,tournant le dos au foleil,&
demeuroit ainfi les mains élevées au ciel jufques à
ce que le foleil lui donnât fur le vifage.Il difoit que
c'étoit aflez pour un moine de dormir une heure.
Un jour il étoit malade en Scetis: le prêtre vint,
le porta à l'églife, & le mit fur un lit de peaux a
vec un oreiller fous fa tête. Un des moines le vint
voir, & fcandalifé de le trouver fi bien couche; il
dit: Eft-ce là l'abbé Arfene? Le prêtre le prit en
particulier,& lui dit : Que faifiez-vous dans vôtre
village? Le vieillard répondit: J'étois berger.
Et comment paffiez-vous vôtre vie? dit le prêtre.
J'avois, divil, beaucoup de peine. Et mainte-
nant comment vivez-vous dans vôtre cellule? J'ai
plus de repos,dit-il. Alors le prêtre lui dit:Voïez-
vous cet abbé Arfene? dans le monde, il étoit le
pere des Empereurs: il avoit mille efclaves vétus
de foie, avec des bracelets & des ceintures d'or ; il
couchoit fur des lits precieux. Vous qui étiez ber-
ger, n'aviez pas dans le monde la douceur que
vous avez ici, il n'a pas ici les delices qu'il avoit
dans le monde: vous êtes foulagé, & il fouffre.
Le vieillard touché de ces paroles fe profterna, &
dit: Pardonnez-moi mon pere, j'ai peché : il eft

dans

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n. 42.

dans le vrai chemin de l'humiliation; & s'en retourna édifié. Saint Arfene étoit fi pauvre, qu' aïant befoin d'une chemife dans fa maladie, 3. 20 il fouffrit qu'on lui donnât par charité de quoi l'acheter, & dit: Je vous remercie, Seigneur, de m'avoir fait la grace de recevoir l'aumône en vôtre nom. Un officier de l'empereur vint lui ap- n. 29. porter le Teftament d'un fenateur fon parent,qui lui laiffoit une très grande fucceffion. Il le prit & le vouloit déchirer L'officier fe jetta à les pieds, & lui dit: Je vous prie ne le déchirez paz: ily va de'matête. Saint Arfene dit: Je fuis mort devant lui; & ne voulut rien recevoir du teftament. La vertu qui éclata le plus en lui, fut l'amour ». 21, de la retraite. Sa cellule étoit éloignée de trente deux milles, c'eft-à.dire de plus de dix lieuës: il n'en fortoit pas volontiers; & d'autres moines lui rendoient les fervices neceffaires. Quand il alloit à l'églife, il demeuroit affis derriere un pil lier, afin que perfonne ne le vit au vifage, & qu' il ne vit perfonne. L'abbé Marc lui dit un jour: Pourquoi nous fuiez-vous? Arfene lui répondit: n. 13. Dieu fçait comme je vous aime: mais je ne puis être avec Dieu & avec les hommes: les troupes celeftes n'ont qu'une volonté, les hommes en ont plufieurs. Un des peres vint frapper à fa porte: le S. vieillard ouvrit, croiant que ce fut celui qui le fervoit: mais voïant que c'étoit un aurre, il fe profterna fur le vifage. L'autre lui dit: Levezvous, mon pere, afin que je vous embraffe. Je ne me leverai point, dit-il, que vous ne vous foiez retire; & quelque inftance que l'autre pût faire, il ne fe leva point. L'archevêque Theophi- ". 7 le vint un jour le voir avec un magiftrat, & le pria de lui dire quelque chofe. Arfene aprés avoir gardé un peu de filence, lui dit: Et fi je vous dis quelque chofe l'obferverez-vous? ils le promirent; & il leur dit: Où vous fçaurez que fera Arfene, n'en approchez pas. Une autre

A 3

fois

n. 37.

".

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n. 44.

n. 42. #. 21.

1. 6.

Tlf. Caffien

fois l'archevêque le voulant entretenir,envoia fça. voir auparavant s'il ouvriroit fa porte. Il répondit: Si vous venez, je vous ouvrirai: & fi je vous ouvre, j'ouvrirai à tout le monde: aprés quoi je ne demeurerai plus ici. L'archevêque dit: J'aime mieux n'y point aller que de le chaffer. Quelques anciens l'aiant un jour preffé de leur parler, & de leur expliquer la raifon de cette grande retraite, il leur dit: Tant qu'une fille eft dans la maison de fon pere plufieurs la recherchent: quand elle eft mariée,on en parle diverfement,&on n'en fait plus tant de cas. Ainfi les chefes fpirituelles étant publiees ne peuvent être utiles à tout le monde. Saint Arfene vêcut ainfi jufques à quatre-vingt quinze ans. Car il avoit quarante ans quand il quitta la cour, & en pafla quarante dans le defert de Scetis, dont il fortit quand il fut ravagé par les barbares, & vêcut encore quinze ans. Il étoit de belle taille, mais un peu courbé dans fa vieilleffe ; il avoit bonne mine, les cheveux tous blancs, la barbe jufques à la ceinture: mais fes larmes lui avoient fait tomber le poil des yeux. Il ne vouloit jamais parler d'aucune queftion de l'écriture, quoiqu'il eût bien pû le faire; & n'écrivoit pas volontiers de lettres. Il difoit un jour: Toute nô-tre fcience du monde ne nous fert de rien, & ces Egyptiens ruftiques ont acquis les vertus par leur travail. Comme il confultoit un-vieil Egyptien fur les propres pensées, un autre lui dit: Pere Ar fene, vous qui êtes fibien inftruit de toutes les fciences des Romains & des Grecs, comment confultez-vous cet homme groffier? Il répondit: Je fçai les fciences des Grecs & des Romains: mais je n'ai pas encore appris l'alphabet de ce vieillard.

On connoît la perfection des moinesEgyptiens en Egy- par les relations de Jean Caffien, quiles vifitoit pre. Che- dans ce même tems. Il étoit Seythe de nation, né de parens riches & pieux: il fut instruit à la pieté des fa premiere jeuneffe dans un monaftere

remon.

Nefteros,

Jofeph.

de

Gennad.

c. 60.

6. I.

coll. XI.

I. 6. 5.

de Palestine prés de Bethléem, different de celui de faint Jerome, & apparemment plus ancien. Callien y embrafla la vie monaftique, & y con- caff. Coll. tractaune amitié particuliereavec un moine nom- XXIV. c.1. mé Germain: ils conçûrent ensemble le defir de Praf. ad Juft. Coll. vifiter les folitaires d'Egypte, pour s'inftruire de la perfection de leur etat. L'abbé & les moines de leur communauté y confentirent,à condition qu'.c. ils reviendroient au monaftere. S'étant embarqués, ils arriverent en Egypte à une ville nom mée Tennefe, dont le territoire étoit tout inonde de marais falés: enforte que les habitans ne fubfikoient que de trafic. Ils y trouverent Archebius évêque de Panephyfe ville voifine, qui les reçût avec une grande charité. Il avoit eté tiré d'entre les anachoretes pour être fait évêque, & loin de coll. &t. s'en élever, il difoit, qu'on l'avoit chasse de la vie “. 2. anachoretique comme indigne; parce qu'il n'avoit pas profité des trente-lept ant qu'il y avoit paffes: toutefois il confervoit dans l'épifcopat tou te l'aufterité de fon premier genre de vie. S'erant. donc trouvé à Tennefe pour l'élection d'un évêque; & aïant connu le motif qui avoit attire en Egypte Caffien & Germain, il leur dit: En at tendant que vous paffiéz plus avant, venez voir' prés de notre monaftere des vieillards fi courbés de vieilleffe & d'un afpect fi venerable, que leur feule vûë est une grande inftruction. Vous apprendrez d'eux ce que je ne puis plus vous enfeigner, parce que je l'ai oublié.

Archebius aiant ainfi parle, prit fon bâton & fa peau de chevre: car c'étoit ainfi que les moines d'Egypte voiageoient; & conduifit fes hôtes à Panephyfe. Le pais tout inondé ne laiffoit de fec que quelques hauteurs, qui faifoient comme des isles. Là vivoient trois anciens anachoretes,Cheremon, Nefteros & Jofeph. Archebius mena d'abord fes hôtes à Cheremon, qui étoit le plus proche & le plus vieux. Il avoit plus de cent ans, & la vieilleffe A 4

l'avoit

c. 3

l'avoit tellement courbé, qu'il marchoit fur fes mains. Caffien & Germain étonnés de fon vifage &de fa maniere de marcher,le fupplierent de leur dire quelque chofe pour leur inftruction, puis que c'étoit le fujet de leur voiage. Alors Cheremon leur dit avec un profond foupir: Quelle inftruЯtion vous puis-je donner, puis que la foibleffe de l'âge m'obligeant à relâcher mon ancienne aufterité, m'a ôté la confiance de parler? Comment puis je enfeigner ce que je ne fais pas moi-même ? C'est pour cela que je ne permets à aucun jeune homme de demeurer avec moi, de peur qu'il ne fe relâche par mon exemple. Il ceda toutefois à leurs prieres, & les entretint premierement de la perfe&tion,leur montrant qu'elle confifte dans la chari. Coll. x11. té. Aprés le repas, il leur parla de la chafteté; & le Cell. 111. lendemain aprés les prieres du matin, il les entretint de la protection de Dieu,c'est-à-dire de la gra. ce,fans laquelle on ne peut conferver la chafteté ni acquerir les autres vertus. Les queftions qu'ils lui propofoient, attirerent ces deux derniers en

e. 6.

ho. IX.

22. II.

Rofuv. p.

tretiens.

Ils allerent voir enfuite l'abbé Nesteros: car on Coll. xv. donnoit le nom d'abbé à tous ces faints vieillards à caufe de leur âge & de leur vertu, quoiqu'ils fuffent fimplesanachoretes, fansavoir d'autres moines à condu re. On croit que ce Nefteros eft le même Vite PP. quielt qualifié ailleurs ami de faint Antoine.IlentretintCaffien & Germain de la science spirituelle & de la difference de la vie active & de la vie con templative: où il marque en paffant l'étude des poetes, & des autres auteurs profanes comme un obftacle à la perfection religieufe. Aprés le repas& Coll. xv. la priere du foir,ils s'affirent fur des nattes à l'ordinaire,&Nefteros continuant la conversation,leur parla da la diverfité des dons de Dieu: c'est-à-dire des miracles& des autres graces femblables, afin qu' ils eftimaffent davantage les vertus. Le troifiéme Call. xvi, qu'ils vifiterent, fut l'abbé Jofeph. Il étoit né à

562.

6. 12. 13.

C. I.

Thmuis,

1

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