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hazard de rejetter fans y penser les verités mêmes qu'ils contiennent. Saint Jean Chryfoftome gardoit toûjours un grand relpect pour faint Epiphane,& l'invitoit avenir avec lui aux affemblées ecclefiaftiques, & à loger chez lui.Mais faint Epiphane refula l'un & l'autre, fi Jean ne condamnoit les ecrits d'Origene, & ne chafloit Diofcore & fa fuite. Saint Chryfoftome differoit, & difoit qu'il ne falloit rien precipiter,ni condamner perfonne fans conoillance de caufe. Alorsses ennemis inspirerent à faint Epiphane une autre refolution Car comme on devoit s'adembler le lendemain dans l'eglife des apotres,its lui perfuaderent de fe pretenter devant le peuple,& de condamner publiquement les livres d'Origene & ceux du parti de Diokote comme Origentes; & de blâmer l'evèque Jean lui-même comme leur adherant.Ils croioient ainfi decrier faintChryfoftome parmi le peuple. Le lendemain faint Epiphane fortit pour ce dedein, & il etoit déja près de l' églife, quand il rencontra le diacre Serapion que Chryfotome avoit envoie au-devant, car il avoit ete averti du deffein que l'on avoit formé la veille. Serapion declara- à faint Epiphane, que ce qu'il vouloit faire n'etoit ni juite en foi ni avån. tageux pour lui.Il pourroit,dit il,s'élever une sedition, & vous feriez en peril comme auteur du defordre. Cette remontrance arrêta faint Epiphane.

Cependant le jeune Theodofe tomba malade;& l'imperatrice craignant pour lui, envoia à faint Epiphane, le recommandant à fes prieres. Il pro mit que l'enfant vivroit, fi l'imperatrice s'eloignoit de Diofcore & des autres heretiques, L'imperatrice repond.t: Si Dieu veut prendremon enfant, il eit le maitre: pour vous fi vous pouviez retlufciter les morts, votre archidiacre ne seroit pas mort. Cet archidiacre étoit Crifpion,frere de Fulcon & deSalamas, moines fameux fous le regne

de

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de Valens. Ammonius & les autres moines d'E-
gypte, par le confeil de l'imperatrice, allerent
trouver faint Epiphane. Il leur demanda qui ils
étoient. Ammonius répondit: Mon pere, nous
fommes les grands freres:mais je voudrois bien fça.
voir, fi vous avez jamais vû nos difciples ou nos é.
crits. Il dit que non; & Ammonius reprit : Com-
ment donc nous avez-vous jugés hereriques, fans
avoir aucune preuve de nos fentimens ? C'est que
je l'ai oui dire, dit faint Epiphane. Ammonius,
repliqua: Nous avons fait tout le contraire: can
nous avons fouvent trouvé de vos difciples & de
vos écrits, entre autres l'Ancorat; & comme plu-
fieurs vouloient le blâmer & l'accufer d'herefie,
nous l'avons défendu, & nous avons pris vos inte-
rêts comme d'un pere. Vous ne deviez donc pas
fur un oüi-dire, nous condamner fans nous enten-
dre: ni traiter ainfi ceux qui ne difent que du
bien de vous. Saint Epiphane leur parla plus
doucement & les renvoia.

Peu de tems aprés,il partit de C.P.pour retour-
ner en Chypre: foit qu'il fe repentit d'être venu,
foit qu'il eût revelation de fa mort. On dit qu'é-
tant prêt à s'embarquer, il dit aux évêques qui le
conduifoient jufques à la mer: Je vous laiffe la vil- Palt. dia!。
le, le palais, le theatre: pour moi je m'en vais: car P. 151.
j'ai hâte,j'ai grand 'hâte.En effet il mourut fur mer Hier.fcript.
Epiph.
avant que d'arriver en Chypre. On ne fçait pas Mart.
precifément le tems de fa mort: il eft certain qu'il R. 12. Ma •
gouverna pendant trente-fix ans l'églife de Con-
ftantia en Chypre, & qu'il arriva à une extrême
vieilleffe.L'églife honore fa nemoire le douzième
de Mai.Il avoit une très-grande érudition,mais fa
critique n'eft pas toûjours fûre:fa bonté naturelle
le rendoit credule & capable de fe laiffer prévenir. Temoi-,
En effet, nous ne voions aucune preuve que les gnage de
grands freres foûtinflent les erreurs d'Origene;& Pofthu
nous avons un témoin oculaire, qui leur est trés-
avantageux : c'eft Pofthumien Gaulois ami de Se-

Tome V.

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XVI.

mien. Sever, dial.

vere Sulpice, qui le fait ainfi parler,racontant fon voiage d'Orient:Le feptiéme jour nous arrivâmes heureufement à Alexandrie, où les évêques & les moines fe faifoient une guerre honteufe: à l'occafion de ce que les évêques fouvent affemblés avoient ordonné dans leurs conciles, que perfonne ne lût ou ne retint les livres d'Origene, qui paf foit pour le plus habile interprete des faintes Ecritures. Mais les évêques rapportoient quelques endroits peu fenfés de fes écrits, que fes défenfeurs n'ofoient foûtenir ; & difoient que les heretiques les avoient inferés malitieufement, & qu'il ne fal. loit pas pour cela condamner le reste, puifque les lecteurs en pouvoient aifément faire le difcernenement. Les évêques s'y oppofoient opiniâtrement, & ufoient de leur puiflance pour contraindre & condamner le bon avec le mauvais, & l'auteur même: difant que les livres reçûs par l'églife, étoient plus que fuffifans, & qu'il falloit rejetter une lecure qui nuiroit plus aux ignorans, qu'elle ne ferviroit aux habiles gens.

Pofthumien ajoûte: La chaleur des partis alla jufquesà la fedition:qui ne pouvant être reprimée par l'autorité desévêques,on emploïa le prefet par un fâcheux exemple, pour regler la difcipline de F'églife. Il épouvanta les moines, & les diffipa: ils s'enfuirent en divers païs; & les ordonnances affi. chées contre eux ne leur permettoient pas de s'arrêter en aucun lieu. Ce qui me touchoit le plus, c'eft que Jerôme homme très-catholique & trésfcavant dans la loi de Dieu, paffoit pour avoir d'a. bord fuivi Origene, & qu'il étoit maintenant le premier à le condamner & tous fes écrits. Je n'ofe juger legerement de perfonne: mais on dit que les plus habiles gens étoient partagés fur ce diffe rend. Soit que ce fut une erreur, comme je l'eftime, ou une herefie, comme l'on croit: non feulement elle n'a pû être arrêtée par les châtimens fouvent emploiés par les évêques; mais elle n'eûre

pû s'étendre fi loin, fi la difpute ne l'eût fait crol- An. 403° tre. Alexandrie étoit donc agitée de ce trouble quand j'y arrivai. L'évêque me reçût avec beaucoup d'honêteté, & mieux même que je ne penfois, & s'efforça de me retenir avec lui. Mais nous ne crûmes pas devoir nous arrêter en un lieu, où nos freres venoient d'être perfecutés d'une maniere fi odieufe. Car quoiqu'il femble peut-être qu'ils devoient obéir aux évêques: toutefois ce n'étoit pas un fujet, pour lequel une fi grande multitude vivant fous la confeffion de J.C.dût être perfecutée, principalement par des évêques. Pofthumien raconte enfuite comme il alla à Bethlehem, & demeura fix mois chez faint Jerôme, dont il loue extrêmement le travail infatigable, la profonde érudition, le zele contre les heretiques, & contre les moines & les clercs relâchés ou intereffes. Ce qui le purge de tout fonpçon d'Origenisme.

à C. P.

Pall. dial.

P 64.

Secr. VI.

C.IS.

Theophile d'Alexandrie vint enfin à C. P. fui- XVII. vant l'ordre de l'empereur; mais quoiqu'il fût Theophile mandé feul, il amena un grand nombre d'évêques "Chryfoft. d'Egypte, & même des Indes. Il arriva un jeu- ad Inn. di, à midi, & reçûe d'abord de grands applaudif femens des mariniers Egyptiens, qui avoient amené du blé à C. P. Aiant mis pied à terre, il paf. fa devant le veftibule de l'église fans y entrer, comme il devoit fuivant la coûtume, & fe logea hors de la ville dans une des maifons de l'empereur, nommée Placidiene. Saint Jean Chryfoftome avoit preparé des logemens pour lui & pour toute la fuite; & les pria inftamment de venir chez lai: mais ils le refuferent; & Theophile ne voulut ni le voir ni lui parler, ni prier avec lui ni lui donner aucune marque de communion. Il en ufa ainfi pendant trois semaines qu'il demeu ra à C. P. & n'approcha pas de l'églife: quoique faint Chryfoftome l'invitât continuellement à s'y trouver, à le voir, ou du moins lui dire le fujet de cette guerre, qu'il lui declaroit dès fon en

G 2

trée,

An. 403.

trée,&dont le peuple étoit fcandalifé:mais Theo, phile ne voulut jamais lui répondre.

Ses accufateurs, c'est-à-dire les moines qu'il aEpift. Jean. voit chaffés d'Egypte, preffoient faint Jean Chry. ad Innoc. foltoine de leur faire justice; & l'empereur l'aiant Pall. p. 12. appellé, lui commanda d'aller au-delà du port

ap.

Pall. p.55.

d. p.

Pall. p.45'

Sup. XX.

n. 38.

Pall, dial, $.38.

logeoit Theophile & d'entendre sa caufe. Car on l'accufoit de violences, de meurtres, & de plufieurs autres crimes, Mais faint Chryfoftome n' en voulut point prendre connoiffance; & par confideration pour Theophile, & encore plus par refpect pour les canons: qui défendoient de juger les caufes hors de leurs provinces, & fur lefquels Theophile lui-même infiftoit, dans fes lettres que faint Chryfoftome gardoit.

Cependant Theophile travailloit jour & nuit aux moïens de chaffer faint Chryfoftome de fon fiege. Il trouva à C. P, plufieurs perfonnes animées contre lui. Acace évêque de Berée y étoit venu quelque tems auparavant : & n'aiant pas été bien logé à fon gré, il crut que c'étoit un effet du mépris de faint Chryfoftome; & outré de colere, ils'emporta jufques à direàquelques-uns des clercs de S. Chryfoftome: Je lui prepare un plat de ma façon. Il fe lia à Severien de Gabale, à Ântiochus de Ptolemaide & à un abbé Syrien nommé Ifaac, exercé à courir en divers païs, & à calomnier des évêques. Ils envoïerent d'abord à Antioche, pour rechercher la jeunefle de faint Chrysosto, me: & ne trouvant rien, ils envoïerent à Alexandrie, vers Theophile, qui chercha dés-lors l'accufer. avec foin des pretextes pour

La ville même de C. P. fournit à Theophile plufieurs ennemis de faint Chryfoftome: fçavoir, ceux de fon clergé, qui fouffroient avec peine la regle qu'il y vouloit introduire; & en par ticulier deux prétres & cinq diacres,deux ou trois perfonnes de la cour de l'empereur, qui procurerent à Theophile des foldats pour lui prêter main

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