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de Carthage leur envoioit les decrets du concile, An. 404. pour les confirmer par leur confentement.

Aprés ces préliminaires, ou convint au conci- Dion. exig. le de Carthage, que chaque evêque dans la ville TM, 91. iroit trouver lui-même l'evêque Donatite, ou fe feroit accompagner de l'évèque voifin : & qu'il feroit aufli affitté des magiftrats, ou des anciens de chaque lieu. Et afin que la conduite fut unifor me, on fit lire dans le concile la formule de l'acte, que les évêques devoient faire devant les magi. itrats: requerant en vertu de l'ordre du pretoire, de le faire notifier aux Donatiftes. Cet acte portoit en fubftance: Nous vous invitons charitablement de l'autorité de notre concile, de choi fir ceux à qui vous voudrez confier la défence de vôtre caufe, comme nous en choifirons de nôtre part pour examiner avec eux dans le tems & le lieu marque, la question qui nous fepare de communion. Si vous l'acceptez, la verité paroîtra Si vous refusez, on verra que vous vous defiez de vôtre caufe.

Donati

45;

Plufieurs d'entreles Donatistes avoient deman- XXVII. dé ces conferences. Car quand les évêques catholi- Conduite quesles preffoient de fe convertir, ils difoient. Il envers 6 faut traiter avec nos évêques;nous defironsardem- ftes. ment une conference, où l'on puifle connoître la Aug. 111. verité. Mais quand on s'adrefla aux évêques,en exeont. Crefc. cution de ce concile de Carthage, ils refuferent la conference avec des paroles artificieuses & injurieufes.Crifpin évêque Donatiite de Calame étant c. 40. fommé juridiquenient par Poffidius évêquecatho liquede la même ville;remit d'abord la chose à un concile, où il devoit voir avec fes confreres,ce qu' il avoit à répondre. Affez long tems apres étant preffe de nouveau, il réponditpar un acte judiciaire,contenant des paffages del'Ecriture,qui ne faifoie nt rien au fujet, & marquoient feulement de l'aigreu contre les catholiques.Enforteque tout le monde s'en moquoit: d'autant plus que Poffidius Tome V. H

étoit

An. 403. étoit jeune, & nouvel évêque, forti depuis peu du monastère & du clergé dé faint Augustin; &

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Crifpin étoit un vieillard, qui avoit grande reputation de doctrine dans fon parti. Peu de jours Foll. vita aprés, comme Poffidius étoit en chemin, vifitant fon diocese, & prêchant contre l'herefie:un autre Crifpin prêtre & parent de l'évêque, lui drefla une embufcade avec des gens armés. Poffidius y penfa donner: mais étant averti, il fe fau. vadans une maifon; où le prêtre Crispin vint l' affieger, jettant des pierres & mettant le feu autour. Les gens de la maifon trop foibles pour refifter, demandoient grace, & tâchoient d'éteindre le feu. Crifpin pouffa fon entreprife: on enfonça la porte, on bleffa les chevaux qui étoient au bas de la maison, on fit descendre d'en haut Aug. 111. Poffidius, le battant & le maltraitant.Enfin Crifcont. Crefc. pin feignit de ceder aux prieres des autres,

c. 47.

& er.

pêcha qu'on ne lui fit plus de mal. Il y perdit toutefois les chevaux & ce qu'il avoit,

La nouvelle de cette violence étant venuë à Ca. lame,on attendoit que l'évêque Crifpin fit justice de fon prêtre;& il en fut même fommé juridique ment: mais il n'en fit rien; & les Donatiftes commençoient à s'émouvoir,jufques à empêcher la liberté des chemins.Alors les catholiques eurent re. cours aux loix, dont ils n'avoient pas encore voulu fe fervir. L'évêqueCrifpin poursuivi par le défenfeur de l'églife fut declaré avoir encouru l'amende de dix livres d'or,ordonnée contre les heretiques. Il en appella au proconful,&s'yprefenta, difant qu'iln'étoit point heretique. Pour l'en convaincre, on en vint à une conference, à la pour, fuite de faint Auguftin: les deux évêques de Calame, Poffidius & Crifpin,difputerent trois fois à Carthage, devant une grande multitude de peuple. Le proconful déclara Crifpin heretique, & le condamna à l'amende de dix livresd'or,fuivant la loi de Theodofe:maisàla follicitation depoffidius,

.

Th.de ha

il ne fut pas contraint à la païer. Il appella aux An. 43. empereurs, prétendant n'être pas heretique, & L. 39. C. il intervint un refcrit du huit Decemb.4c5. qui ordona que les Donatiftes païeroient cette amende comme heretiques: on condamna auffi le juge & fes officiers à pareille amende, pour n'avoir pas fait païer Crifpin. Mais les évêques catholi. ques, & principalement S. Auguftin les en firent encore tous exempter. Ce qui fervit beaucoup à la réunion des heretiques.

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Petil.c.83.

Ep. 66. al.

173.

Quelque tems auparavant,ce même Crifpin de 11.Cont.l. Calame, aiant pris une terre nommée Mappale à bail emphyteotique, intimida tellement les habitans ferts,qui étoient catholiques,qu'illes contrai. gnit à le faire rebaptifer au nombre d'environ quatrevingt; nonobftant les loix qui le défendo- Tot. Tit N. ient. S. Auguftin lui en fit des reproches, par fanit. bapa une lettre où il dit: Si c'eft volontairement que ceux de Mappaleont paffé à vôtre communion : qu'ils nous entendent l'un & l'autre,qu'on écrive ce que nous dirons: qu'aprés que nous l'aurons foufcrit, on le leur traduife en langue Punique; & qu'étant hors d'état de vous craindre, ils choififfent ce qu'ils voudront, S'ils ne peuvent comprendre ce que nous dirons, quelle temerité eft la vôtre d'avoir abufé de leur ignorance? Si vous prétendez qu'entre ceux qui font paflés à nôtre communion; il y en a qui ont été forcés par leurs maitres: faifons la même chofe: qu'ils nous entendent, & qu'ils choififfent ce qui leur plaira. Si vous le refufez, qui ne voit que vous ne vous confiez pas à la verité ?

Ep. 88.al.

68.7.7

AHippone S. Auguftin s'adrefla à l'évêque Donatifte Proculeien,qui répondit d'abord,qu'ils tiendroient un concile,où ils verroient ce qu'ils au. roient à repondre. Enfuite aiant été fommé une feconde fois far fa promeffe, il refufa de conferer à l'amiable; & tout cela paroiffoit par les actes pu- Epift. 67. blics. Alors S.Aug. écrivit une lettre aux laïques al, 171,

H 2

Do

Epift. 105.

Donatiftes, où il ramafle en abregé l'état de la question, & les principaux faits qui fervoient à la decider, & conclut ainfi : Que vos évêques vous repondent fur tour cela, du moins à vous autres laiques, s'ils ne veulent pas parler à nous ; & penfez, fi vôtre falut vous touche, ce que c'est que de ne vouloir pas nous parler. Si les loups font convenus entre eux de ne point répondre aux pasteurs, à quoi fongent les brebis d'approcher des cavernes des loups? Enfin les éal.166. c.4. Vêques Donatiftes firent par tout la même chofe, & étant fommés par les évêques catholiques de Pod.c.12. conferer amiablement, ils le refuferent toûjours, Aug. Ench fous pretexte de ne point parler à des pecheurs. Les Circoncellions enragés du grand nombre des Donatiftes, que S. Auguftin ramenoit à l'égli fe, lui drefferent quelquefois des embuches, lorfqu'il alloit à son ordinaire visiter & inftruire les paroifles catholiques. Il arriva un jour qu'ils le manquerent, parce que fon guide s'égara, & quitta fans y penfer le droit chemin, où les Donatiftes l'attendoient. Il rendit graces à Dieu de cette erreur fi falutaire.

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c. 17.

XXVIII.

guftin

Sup. live

XIX N 41.

ep.28. al.8.

C'est ici le tems d'un éclairciflement entre S. Difpure Jerôme & S Auguftin, qui eût pû alterer la cha. entrefaint rité entre des perfonnes moins vertueuses. AlyJerome & faint Au pius etant revenu de Paleftine, & aiant parlé à S.Auguftin de S. Jerôme qu'il y avoit vû, S. Augutin lui écrivit une lettre pleine d'amitié:où il le prioit au nom de toutes les églifes d'Afrique de s'appliquer à traduire les interpretes grecs de l'Ecriture, plûtôt que d'entreprendre de traduire en latin le texte même fur l'hebreu: ne croiant pas mieux faire que ceux qui l'avoient déja traduit en grec. Il l'exhorte à marquer feulement les differences de l'hebreu & des feptante,comme il avoit fait fur Job. Enfuite il témoigne ne pouvoir approuver l'explication que donnoit S. Jerôme, à Gal. 11. 2. 'endroit de l'épître aux Galates, où fant Paul dit

qu'il refifta en face à S Pierre, parce qu'il étoit re- Sup.i.n.37. prehentible, s'abitenant de manger avec les gentils convertis, pour ne pas choquer les Juifs. S. Jerôme difoit, que les deux apôtres n'en avoient epift. ad ainfi ufe, que par un artifice charitable: que faint Gal. c.2. Pierre, quoiqu'il fçut bien que les gentils n'étoient point immondes, s'étoit feparé d'eux, poun ne pas éloigner les Juifs de l'évangile;& que faint. Paul lui avoit refifté publiquement, quoiqu'il(çut bien qu'il ne fe trompoit pas; non pour le corriger, mais pour inftruire en fa perfonne les autres Juifs & les defabuser de la neceffité des obfervances légales. S. Auguftin foûtient que cette interpretation renverfe toute l'autorite de l'Ecriture fainte. Car s'il eft permis,dit-il, d'y admettre des menfonges officieux, & de dire que S. Paul en cet endroit, ait parlé contre fa pensée ; & traité faint Pierre de reprehenfible, lorfqu'il ne l'étoit pas, il n'y a point de paffage que l'on ne puifle éluder de même. Les heretiques qui condamnent le ma. riage, diront que S. Paul ne l'a approuvé que par condefcendance, pour la foibleffe des premiers fidéles, & ainfi du reste.

ép.40.n.8.

41. n.2.

S.Auguftin écrivit cette lettre, n'étant enco- cp. 28. n.ts re que prêtre vers l'an 395. & en chargea un de fes amis nommé Profuturus, qui penfoit aller en Palestine: mais comme il fe preparoit à partir, il fut fait évêque, & mourut peu de tems après enforte que la lettre ne fut point alors rendue S. Jerôme. Enfuite S. Auguftin aiant fait un compliment à S. Jerôme, au bas d'une lettre, S. Jerôme lui én écrivit une en 396. par un foufdia- ep.30, al.g. cre nommé Afterius. Nous n'avons plus cette lettre: mais elle donna occafion à S. Auguftin d'écrire encore à S. Jerôme, & de lui faire encore la même objection, mais plus fortement fur fon explication de l'épître aux Galates: été rendue. Il écrivit celle-ci vers l'an car il fçavoit que fa premiere lettre n'avoit pas

H;

397. ap. Aug.39

ep. Hier.98

etant al. 17.

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